Trump a accordé le lundi matin 16 janvier 2017 sa première interview à l’Europe via le tabloïd Bild-Zeitung et le britannique London Times dans lesquels il tire notamment à boulets rouges sur l’Union européenne.
La main tendue vers la Russie, « l’erreur catastrophique de Merkel » sur les migrants, l’Otan « obsolète », le « succès » du Brexit qui verra d’autres pays quitter l’UE : le président américain élu Donald Trump a réalimenté la machine à polémiques dimanche dans des entretiens à la presse européenne.
Cinq jours avant de prendre les commandes de la première puissance mondiale, le milliardaire populiste a usé comme d’habitude de formules chocs sans trop s’embarrasser de froisser ses interlocteurs pour commenter l’actualité européenne, dans les quotidiens britannique Times et allemand Bild.
Il a tendu une main vers Moscou, en froid avec l’administration de son prédécesseur Barack Obama qui l’accuse d’ingérence dans l’élection présidentielle américaine, évoquant la possibilité d’un accord sur la réduction des armements nucléaires avec la Russie en échange de la levée des sanctions qui la frappent.
L’Otan « obsolète »
Sujet d’inquiétude récurrent pour les Européens au moment où la Russie fait jouer ses muscles, le milliardaire a réitéré ses critiques contre l’Otan « obsolète », reprochant à ses Etats membres de ne pas payer leur part de la défense commune et de se reposer sur les Etats-Unis.
« J‘ai dit il y a longtemps que l’Otan avait des problèmes. En premier lieu qu’elle était obsolète parce qu’elle a été conçue il y a des années et des années » et « parce qu’elle ne s’est pas occupée du terrorisme. […] En deuxième lieu, les pays [membres] ne payent pas ce qu’ils devraient », a estimé M. Trump. Les Etats-Unis portent environ 70% des dépenses militaires de l’Otan.
La chancelière allemande Angela Merkel, qui a critiqué plusieurs fois Donald Trump publiquement, a également pris une salve du futur président américain, qui a malgré tout dit avoir « beaucoup de respect » pour elle. « Je pense qu’elle a fait une erreur catastrophique et que c’était de prendre tous ces migrants illégaux », a lâché M. Trump.
Donald Trump a aussi accusé l’Allemagne de dominer l’Union européenne. « Vous regardez l’Union européenne […], c’est en gros un instrument pour l’Allemagne. C’est la raison pour laquelle je pense que le Royaume-Uni a eu bien raison d’en sortir », a dit le président élu. Le Brexit sera « un succès », a-t-il assuré, annonçant vouloir conclure un accord commercial avec le Royaume-Uni « rapidement et dans les règles » et rencontrer « très rapidement » la Première ministre britannique Theresa May. Une annonce qui a ravi le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Jonhson qui l’a qualifiée lundi de « très bonne nouvelle ».
Un appel à faire preuve « d’assurance » et « d’unité »
En revanche, toutes ces déclarations ont fait grincer des dents plus d’un Européen. Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel a jugé ce lundi que l’Europe devait faire preuve « d’assurance » après de vives critiques du président élu américain Donald Trump sur l’Union européenne et l’Otan, à quelques jours de son investiture.
« La meilleure réponse à l’interview du président américain, c’est l’unité des Européens », a estimé pour sa part le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.
De son côté, l’Otan a montré est préoccupée après les remarques du président élu américain. Celle-ci ont été « reçues avec inquiétude », a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier à la sortie d’un rendez-vous avec le secrétaire-général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg.
■ La presse allemande critique les interviews données par Trump
Le quotidien de centre-gauche, Süddeutsche Zeitung, se gausse ce matin de la précipitation avec laquelle le rédacteur en chef du tabloïd Bild s’est rendu dans la Trump Tower pour y rencontrer le nouveau président américain.
Il n’avait à craindre aucune question critique, n’avait qu’à se donner des louanges à lui-même, ainsi qu’à son gendre, constate le Süddeutsche Zeitung. En cadeau pour Trump, le Bild n’avait dans ses bagages qu’un morceau du mur de Berlin signé de Helmut Kohl, George Bush et Mikhaïl Gorbatchev.
L’interview a été réalisée en collaboration avec Michael Gove du London Times, un ancien ministre de David Cameron et adepte d’un Brexit dur. C’est raison pour laquelle, selon le Süddeutsche Zeitung, les deux hommes n’ont posé aucune question embarrassante à Donald Trump.
Le nouveau président, de toute façon, ne souhaite pas donner de réponse concrète aux questions de politiques étrangères qui lui sont posées pour « rester imprévisible ».
Source:rfi.fr
17 janvier 2017