Depuis deux jours, les chefs d’Etat et de gouvernement arrivent les uns après les autres à l’aéroport de Bamako afin d’assister au XXVIIe sommet Afrique-France qui se tient, ces vendredi et samedi, au Mali. Ils sont plus d’une trentaine à avoir confirmé leur venue aux côtés du président français François Hollande et son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, hôte de cette réunion de dirigeants. Un sommet sous haute tension au vu de la situation sécuritaire dégradée au Mali où plusieurs incidents ont eu lieu ces derniers jours.
Le mercredi, au Mali, on apprenait l’arrestation de l’un des responsables présumés de l’attaque de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire. Le 13 mars 2016, 22 personnes, dont deux terroristes, avaient été tuées et 33 autres blessées dans cette station balnéaire. L’homme aurait été arrêté dans le nord du Mali par des militaires français de l’opération Barkhane. Quelques heures plus tôt, les autorités maliennes avait annoncé la mort de cinq soldats maliens dans le centre du pays. Leur véhicule avait sauté sur une mine alors qu’il circulait entre les régions de Ségou et de Mopti. Deux incidents en une seule journée, comme une illustration de la situation sécuritaire extrêmement tendue dans un pays qui vit sous état d’urgence depuis juillet 2016.
Dans ces conditions, organiser un grand raout de chefs d’Etat relève du défi. « Vous savez déjà un sommet, c’est toujours un moment compliqué, mais dans ces conditions, c’est encore plus sensible », explique un membre, manifestement débordé, de l’organisation. C’est donc un sommet sous très haute surveillance qui s’est ouvert ce vendredi avec une multiplication des mesures de sécurité. Les forces armées maliennes et d’importants renforts français sont visibles un peu partout dans les rues, les hôtels et au Centre international de conférence où doit se tenir la rencontre des chefs d’Etat.
10 000 hommes sur le terrain
« Plus de 10 000 hommes sont mobilisés pour la couverture sécuritaire », indique Abdoullah Coulibaly, président du comité d’organisation du sommet. Il ajoute que plus de 700 hommes ont été déployés uniquement pour assurer la sécurité des hautes personnalités. A cela s’ajoute la présence de 180 membres des nouvelles forces spéciales antiterroristes. Un tour de force quand on sait que l’armée malienne ne dispose actuellement que de six bataillons opérationnels de 700 hommes chacun. Une armée qui doit continuer à sécuriser, en plus de la capitale, un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés.
Au fil des heures, Bamako devient donc un bunker. On voit les portiques de sécurité se dresser, les bâtiments fouillés avec des chiens chercheurs d’explosifs, les points de contrôle se multiplier. Depuis ce matin, le centre-ville de Bamako ressemble à une ville morte. Seuls les véhicules accrédités ont le droit de circuler dans certaines zones et la route entre l’aéroport et le centre de conférence est désormais uniquement réservée aux cortèges officiels des délégations. Rien ne semble avoir été laissé au hasard avec une seule obsession : que les jihadistes ne s’invitent pas à la fête.
Source:rfi.fr
13 janvier 2017