Le Pape dans une favela. En effet, c’est dans un de ces quartiers que s’est rendu le chef de l’Église catholique alors qu’il était à Rio de Janeiro, au Brésil, à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse.
Mais qu’est-ce donc qu’une favela ? C’est un ensemble de constructions très sommaires, sans confort, construites n’importe comment, peu salubres, et bâties de bric et de broc, comme si elles étaient provisoires, alors même qu’elles peuvent durer des décennies. Favela, est-ce un mot français ? C’est un mot portugais d’abord, et même portugais du Brésil : il est utilisé là-bas et renvoie à une réalité tout à fait brésilienne : on n’utiliserait pas ce mot pour un autre pays, sauf de façon métaphorique, avec l’exemple brésilien en arrière-fond. Donc les favelas sont des sortes de villes dans la ville, de quartiers très pauvres qui se sont développés au milieu d’agglomérations toute différentes. Par exemple on sait que la Rocinha est située tout près du quartier d’Ipanema, riche et favorisé.
Alors on peut se demander si le mot favela, en portugais du Brésil, a des équivalents en français ? Bien sûr. Pour la chose elle-même, dont le Brésil n’a pas le monopole. Il y en a aussi en France, en tout cas il y en a eu… Et la plupart du temps, on parle plutôt de bidonville. On comprend tout de suite ce que c’est, et en tout cas comment le mot a été formé. Il date de l’immédiat après-guerre : crise du logement importante en France, aussi bien pour l’habitat bourgeois que pour l’habitat populaire. Et à partir des années 50, début d’une immigration algérienne, très masculine : les hommes arrivent en France pour trouver du travail. Ils s’entassent ainsi dans des zones non construites, des terrains vagues où on essaie de bricoler des abris de fortune. Avec des cartons, des bouts de bois, des bidons justement. On notamment dans la banlieue parisienne, naissent ces grands bidonvilles, ces villes-bidon comme dira justement Claude Nougaro. Et on a parlé aussi parfois de gourbiville – un terme qui n’est plus guère utilisé aujourd’hui.
Alors les bidonvilles ont-ils inventé un nouvel exemple urbain ? Il n’y avait rien qui y ressemblait avant ? Si bien sûr : mais les mots et les constructions étaient différents. On parlait de taudis, un mot ancien qui a divers sens : soit il évoque tout un quartier, un peu comme le bidonville. Mais même si on pense à un habitat très populaire, c’est plus un quartier qui n’est pas entretenu, qui s’est considérablement dégradé, un lieu qui s’aménage avec des pièces et des morceaux. Un lieu qui, peut-être à une certaine époque, a été correct et qui ne l’est plus. Ce n’est pas le cas du bidonville qui a toujours été une ville-bidon.
Yvan Amar.
Source:rfi.fr