A un an de leur sortie de l'Union européenne, l'incertitude reste grande pour les Britanniques. Shutterstock / Delpixel.

Royaume-Uni: le Brexit, encore un an d’incertitudes

Dans un an, le Royaume-Uni sortira de l’Union européenne sans qu’on sache ce qui adviendra de l’Irlande du Nord ou de la place financière de Londres. Avec des projections économiques qui n’ont rien de flamboyant, le Brexit reste un saut dans l’inconnu.

Tout juste 21 mois après le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les Britanniques ne savent pas grand-chose sur leur avenir. Londres a mis 6 mois pour notifier sa décision avec l’article 50 du traité de Lisbonne à l’UE. Six mois de plus pour entamer des négociations. Et à un an du jour J, les promesses de la campagne semblent bien lointaines. La livre sterling a chutél’incertitude pèse sur les entreprises et la City, mais les « Brexiters » campent toujours sur leur position.

« Il y a une société extrêmement divisée et très polarisée, analyse Christian Lequesne, professeur à Science Po CERI. Il y a ceux qui pensent que le Brexit aura lieu et ceux qui ont encore l’espoir d’un deuxième référendum, d’une chute du gouvernement May avec l’arrivée des travaillistes au pouvoir, ce qui inverserait le processus du Brexit. »

Le gouvernement britannique a commencé à dessiner la future relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Cet accord prévoit l’instauration d’une période de statu quo de 21 mois qui permettra aux entreprises britanniques de se préparer et d’ajuster leurs activités après la sortie de l’Union européenne.

« Les déclarations de Theresa May disent clairement que la Grande-Bretagne ne fera pas partie de l’union douanière, rappelle Christian Lequesne. Lorsqu’on parlait d’un Brexit soft c’était encore l’hypothèse où elle réussissait à négocier de rester dans le marché intérieur comme d’autres pays l’ont fait. Je pense à la Norvège ou à l’Islande, or on en est plus là ! Le Brexit sera donc un Brexit dur. Les formules qu’on évoque pour la future relation c’est plutôt l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. »

La pêche, un bon exemple de la complexité du Brexit

Les « Brexiters » ont promis aux pêcheurs britanniques qu’ils allaient reprendre le contrôle de leurs eaux. Ils viennent d’apprendre que la politique commune de la pêche s’appliquera jusqu’en 2021. Ils sont déjà déçus alors que les négociations sur la pêche n’ont pas commencé.

« Le Royaume-Uni nous connait bien tous individuellement, souligne Manuel Evrard, directeur de l’organisation des pêcheurs normands. On a été marié longtemps à 28 et la tentation a été grande d’entamer des négociations bilatérales pays par pays. Il sait où on est bon, où on est faible, et il faut absolument qu’on reste uni pour être plus fort dans les négociations sur la pêche avec le Royaume-Uni. »

Par ailleurs, les Européens sont parfois divisés sur des sujets comme l’immigration par exemple, mais pas en ce concerne la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Pour Christian Lequesne, « les 27 sont en position de force dans ces négociations ce qui rend le travail de Theresa May très difficile. Les Britanniques ont totalement surestimé leur marge de manœuvre par rapport aux 27 et ils les ont surestimées parce qu’ils pensaient qu’ils allaient être divisés, ce qui n’a pas été le cas. »

Pas de quoi se réjouir pour autant car il n’y a rien à gagner dans ces négociations. Le Brexit risque de ne faire que des perdants.

03 avril 2018                                      Source:rfi.fr

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