Son avis ne peut pas laisser indifférent. Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection à Marseille, a annoncé avoir trouvé un traitement pour soigner le Covid-19.
La chloroquine est un traitement contre le paludisme utilisé depuis plusieurs décennies qui a montré des signes d’efficacité contre le nouveau coronavirus, selon un essai clinique mené dans plusieurs hôpitaux chinois. Cependant, plusieurs experts appellent à la prudence en raison des effets indésirables qu’elle peut provoquer.
Un très gros CV
S’il ne fait pas l’unanimité pour ses positions souvent critiquées et son franc-parler, Didier Raoult est l’un des plus grands experts mondiaux en matière de maladies infectieuses et tropicales et il a découvert plusieurs virus. Il est connu pour avoir découvert le “Mimivirus” en 1992, un virus géant à ADN ou encore “Spoutnik”, un virus nain capable d’en infecter un autre pour se développer.
Il a également décrypté le génome à l’origine de la maladie de Whipple un siècle après son apparition et a mis en place le traitement devenu le traitement de référence. Devenu professeur, il dirige l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection qu’il a créé à Marseille. Il a reçu en novembre 2010 le Grand prix de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour l’ensemble de sa carrière. Didier Raoult est classé parmi les dix premiers chercheurs français par la revue Nature pour ses nombreuses publications.
Il a également identifié avec ses équipes plusieurs dizaines de nouvelles bactéries pathogènes, qu’il a nommées à son effigie : la Raoultella planticola et la Rickettsia raoultii. Depuis le 11 mars 2020, il est l’un des onze experts choisis pour faire partie du Conseil scientifique COVID-19, mis en place pour aider les autorités à prendre des décisions pour lutter contre l’épidémie en France.
Des prises de paroles critiquées
Didier Raoult intervient régulièrement dans les médias et ses prises de paroles ont parfois créé des polémiques. Il avait fait parler de lui pour avoir pris position contre l’interdiction du voile à l’université ou encore pour avoir fait part de son scepticisme face aux modèles mathématiques de prédiction du réchauffement climatique. Celui qui n’a pas la langue dans sa poche fait à nouveau parler de lui actuellement depuis l’épidémie du nouveau coronavirus à propos de la molécule de chloroquine.
Quand un journaliste de La Provence lui fait récemment remarquer qu’il est en permanence à contre-courant du discours notamment concernant le coronavirus , il répond que dans son monde, il est “une star mondiale” et qu’il n’est “pas du tout à contre-courant”. Le 16 mars, il a dévoilé les premiers résultats positifs de ses essais sur 24 patients atteints du coronavirus. Les trois quarts d’entre eux n’étaient plus porteurs du virus après six jours de traitement. Un traitement qu’il a réalisé en combinant de la chloroquine avec de l’azithromycine, comme il l’a expliqué à Marianne.
Un docteur sûr de lui
Quand on reproche à l’infectiologue les effets secondaires du traitement à l’hydroxychloroquine, il répond à La Provence qu’il connaît mieux que quiconque ces médicaments : “Ce qu’on dit sur les effets secondaires est tout simplement délirant. Ce sont des gens qui n’ont pas ouvert un livre de médecine depuis des années. […] Je connais très bien ces médicaments, j’ai traité 4 000 personnes au Plaquénil depuis 20 ans. On ne va pas m’apprendre la toxicité de ce médicament.[…] Si vous avez des doutes sur ma crédibilité, ce n’est pas mon problème”. S’il y en a un qui n’a visiblement pas de doute sur lui, c’est bien Donald Trump, qui a “approuvé” un recours à la chloroquine pour lutter contre le nouveau coronavirus, après avoir découvert une “étude française”.