EDITORIAL
Le procès du coup d’Etat du 16 septembre 2015 qui a débuté le 29 juin 2018 au tribunal militaire délocalisé dans la salle de conférence de Ouaga 2000, a amorcé la phase finale des auditions courant fin novembre. Les 2 ultimes auditions concernent les deux généraux (Diendéré et Bassolé), censés être les instigateurs présumés du putsch. Le passage du général Gilbert Diendéré à la barre dans la dernière semaine de novembre 2018, a donné au procès une autre tournure, qui pourrait faire traîner encore longtemps le jugement avant d’aboutir au verdict.
Avant le procès, il était attribué au général Diendéré, la volonté et le courage d’assumer le putsch dont, il fut brièvement le président du régime d’exception qui en a résulté, en l’occurrence, le Conseil National pour la Démocratie(C.N.D).Devant le juge, le général Diendéré a rejeté en bloc les chefs d’inculpation retenus à son encontre. Il est resté dans une position défensive rigide, en insinuant le rôle d’accompagnement de la hiérarchie militaire dans le putsch. Pour lui, il n’est pas normal que certains chefs militaires soient au procès en tant que témoins alors qu’ils devraient y être aussi comme accusés. Les déclarations du général laissent sous-entendre qu’il aurait renoncé au coup de force, si la hiérarchie militaire n’y avait pas donné son aval. La nécessité d’une confrontation d’accusés militaires à la barre s’avère utile pour la manifestation de la vérité. En effet, pendant que le général charge des chefs militaires, des officiers dans leurs auditions lui ont attribué sa volonté persistante de perpétrer le putsch car, ils lui auraient déconseillé en vain cette option. Ces officiers qui disaient craindre pour leur sécurité pour ne pas s’opposer au général, auront-ils toujours le courage de contredire leur chef à la barre ?
Les uns et les autres devront savoir raison garder dans le déroulement et l’aboutissement de ce procès .L’objectif principal, est que les Burkinabè civils et militaires, comprennent que la prise du pouvoir par les armes, relève d’une époque révolue et ne doit plus avoir droit de cité. Les conditions d’alternance démocratique ont été consignées dans la nouvelle constitution de la 5è république, qui limite à 5 ans, le mandat présidentiel, renouvelable une seule fois. Tous ceux qui se croient un destin de chef d’Etat burkinabè, devront aller aux urnes pour obtenir le suffrage nécessaire. Le cas échéant, qu’ils sachent, qu’on n’a pas besoin d’être président du Faso, pour apporter sa contribution au développement du pays. Cependant, les dirigeants doivent éviter les fraudes électorales et les brimades contre leurs peuples qui, dans un élan de légitime colère et défense, peuvent sortir dans la rue mains nues, pour les chasser du pouvoir. Les dirigeants savent que dans ces conditions, ils ne sauraient faire un génocide, en tirant sur la foule, sans intervention internationale pour les arrêter et les condamner. Cela crée des cycles pernicieux de transition démocratique. Les dirigeants doivent savoir régner avec tact par un dialogue sincère avec leurs peuples pour éviter aussi ce scénario catastrophe. Il faut avoir à l’esprit, que la gestion du pouvoir est une affaire d’intérêt collectif et non clanique. La république et ses biens constituent des patrimoines de toute la nation qu’il faut gérer avec équité, concertation et partage des pouvoirs avec différentes sensibilités politiques et sociales disposées à la collaboration.
Le procès du putsch devra aboutir à des verdicts justes sur des preuves avérées et irréfutables. S’il y a lieu d’acquitter des accusés au bénéfice du doute, il faut le faire. Ceux qui méritent des condamnations à la hauteur des crimes de sang qu’ils ont occasionnés à autrui dans ce putsch, qu’il en soit ainsi, afin qu’ils méditent sur leur sort, pour la repentance et pouvoir bénéficier plus tard, du pardon de la nation, au nom de la réconciliation nationale. Il ne faut pas faire des condamnations politico-judiciaires, parce que l’on cherche à nuire à X ou Y. L’adage selon lequel qui veut noyer son chien l’accuse de rage, ne sied pas dans ce procès thérapeutique du putsch au Burkina. Les gens doivent comprennent, qu’en faisant un coup d’Etat, on ne pourra plus avoir les mains libres pour diriger car, la pression populaire nationale et internationale, exigeront le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Les Africains qui aiment imiter les Européens et Américains, doivent pouvoir aussi imiter le fait que ces pays occidentaux ne pratiquent pas des coups d’Etat. Alors, il faut bannir à jamais les coups d’Etat de l’Afrique, qui continue d’être le cas isolé de cette pratique totalitariste dans le monde.
30 Novembre 2018 Laborpresse.net