Portrait
Jean-Baptiste Natama: pour la Renaissance du Burkina Faso
A la suite des sollicitations de ses sympathisants regroupés au sein du Collectif Natama 2015, Jean-Baptiste Natama a marqué son accord, le samedi 6 juin 2015 à Ouagadougou, pour représenter ledit regroupement à la présidentielle de novembre 2015. Zoom sur le parcours de l’homme, son projet de société et son programme de gouvernement.
Originaire de Tibga à quelques encablures de Fada N’Gourma, Jean-Baptiste Natama, né le 30 août 1964 à Léo, dans la Sissili, figure bien sur la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle du 29 novembre 2015 au Burkina Faso. Marié et père de trois enfants, élancé, la mine joviale, celui qui convoite le palais de Kosyam est un homme imposant avec un franc parlé. Titulaire d’un DEA en droit et d’un DESS en stratégie et diplomatie, Jean-Baptiste Natama intervient régulièrement en qualité d’enseignant-visiteur pour le compte des Nations unies et de l’Unité africaine (UA) dans de nombreuses écoles sur le continent et dans le reste du monde. Membre de l’Organisation militaire révolutionnaire et du Conseil national de la Révolution dirigés par Thomas Sankara, il prend activement part à la Révolution d’Août 1983 en s’enrôlant dans l’armée. En 1985, il participe à la « guerre de Noël » entre le Mali et le Burkina Faso. Il sera décoré, pour hauts faits de guerre par le président Thomas Sankara de la médaille d’Or du Flambeau de la Révolution, équivalent de l’actuelle dignité de Commandeur de l’Ordre national burkinabè. Après l’assassinat de Thomas Sankara, étant l’un des derniers révolutionnaires, il est radié, en mai 1990, des rangs de l’armée par le régime du Front populaire de Blaise Compaoré. « Depuis lors, contrairement à une grande partie de l’élite burkinabè, j’ai toujours refusé de me compromettre avec le régime politique précédent », confie-t-il.
Une carrière diplomatique riche
La carrière de l’ambassadeur Jean-Baptiste Natama a constitué un incessant va-et-vient entre son pays natal et les organisations internationales au sein desquelles il a servi, notamment dans les pays des Grands Lacs (RDC, Rwanda, Burundi) pour le compte de l’Organisation des Nations unies et en mission au Soudan au Darfour, menée dans le cadre de l’Union africaine. En 2006, il est sollicité par les autorités burkinabè pour occuper le poste de Secrétaire permanent du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Par ailleurs écrivain, poête et essayiste, Jean-Baptiste Natama, alias Toubo Tanam, compte à son actif plusieurs publications dont Tourbillon et Paroles bleues, recueil de poèmes, en 2004, Les droits de l’Homme et le Mécanisme Africain d’Évaluation par les pairs en 2009, le Manifeste pour une Jeunesse responsable en 2013, Par-dessus la barre haute, Jean-Baptiste Natama un nouveau leadership africain, ainsi que de nombreuses publications dans des revues et magazines spécialisés. Expert des Nations unies et de l’Union africaine pour ses opérations de maintien de la paix, juriste, politologue, universitaire et diplomate chevronné, l’actuel directeur de cabinet de la présidente de la Commission de l’Union africaine se dit être au cœur de l’Afrique pour le progrès. Boubacar Yougbaré, l’assistant du candidat qui l’a connu sous plusieurs dimensions n’en dira pas moins. « Je l’ai connu d’abord en tant que Sénateur de la Jeune chambre internationale (JCI). Il est aussi un excellent conférencier, un leader social capable d’animer une conférence cohérente et pertinente sans un support papier. C’est la marque de l’intelligence », fait-il savoir. Il l’a côtoyé aussi en tant que diplomate pour avoir eu l’occasion de travailler au cabinet de la présidence de l’Union africaine. Selon lui, M. Natama est quelqu’un qui garde son sang-froid, quand il mène des négociations de haut niveau. C’est un homme, ajoute-t-il, qui par son travail, impressionne par sa convivialité, son écoute et son intégrité. «Je salue le courage de l’homme parce qu’après avoir été radié de l’armée, il n’a pas sombré dans la fatalité, mais il a trouvé des ressources pour s’inscrire à l’université, avoir du savoir et se faire recruter par les organisations internationales », atteste-t-il. M. Yougbaré relève que le candidat est entré dans la politique récemment, mais qu’il n’est pas un adepte de la démagogie. Ce qui séduit chez l’homme politique qu’il est, reconnaît-il, c’est d’avoir développé une vision, un projet de société et un programme d’action.
Investir dans l’humain
A ce propos, M. Natama affirme avoir une vision claire pour le Burkina Faso. A cet effet, il propose et s’engage à œuvrer pour l’avènement d’une « Renaissance véritable » de sa patrie en réinvestissant dans l’humain pour relever les défis de l’heure. De là, se dégage sa vision qui est celle du développement endogène centré sur l’humain. Dans son projet de société, le candidat propose un nouveau contrat social, afin de bâtir avec le peuple burkinabè, une société où chaque citoyen jouit de la liberté et vit dignement. Dans cet élan, il se donne un programme de gouvernement axé sur tous les secteurs-clés du développement. Au plan social, l’accès à l’éducation de qualité, aux soins de santé de qualité, à l’eau et à l’assainissement, au logement, à l’énergie, au transport, la prise en charge des personnes vulnérables et l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire constituent pour lui une priorité et une urgence. Ceci, afin que le Burkinabè soit capable lui-même d’assurer son bien-être et celui des générations futures. Il préconise par exemple de revoir pour le long terme l’approche de la santé des populations en définissant une véritable politique en la matière, basée et axée sur l’option d’une médecine préventive plutôt que curative. Son mot d’ordre sur l’énergie sera : « De l’énergie propre et renouvelable accessible à tous et à coût réduit ». Concernant l’emploi des jeunes, pour lui, l’on a besoin d’une jeunesse mobilisée et consciente de ses responsabilités, bien éduquée et formée, économiquement productive et civiquement engagée. Pour ce qui concerne les femmes, il s’agira pour le candidat Natama de renforcer leurs capacités d’action dans le cadre d’un vaste programme multisectoriel dont l’éducation et l’alphabétisation constituent les points de départ, et l’accès à la terre, aux microcrédits et à la prise de décision, l’aboutissement. Au plan politique, ses réformes et orientations stratégiques embrasseront sans exhaustivité, le rôle et la place de l’Etat, le service public général, la justice, la sécurité interne et externe, l’intégration et l’unité africaine, ainsi que la coopération internationale. Il s’agit, par exemple, de promouvoir le développement de la police de proximité avec l’installation de brigades de gendarmerie ou de commissariats de police dans toutes les communes.
Réorganiser les forces de défense et de sécurité
Le candidat Natama estime qu’il faut nécessairement réorganiser l’ensemble des forces de défense et de sécurité parce que le monde évolue et qu’il faut en permanence s’adapter aux nouveaux défis concernant la criminalité transnationale et le terrorisme. En ce qui concerne le volet économique, M. Natama entend réaliser une croissance économique générée à partir de pôles de croissance dynamiques et bien ciblés sur les avantages comparatifs révélés, à savoir la fourniture de services économiques et culturels, l’élevage, l’agriculture, le secteur cotonnier qui servira de base pour le développement d’une industrie textile nationale, le secteur minier et le secteur touristique. De la mobilisation des ressources financières pour le financement de son programme de gouvernement, le prétendant au fauteuil de Kosyam dispose d’une stratégie. Il s’agit concrètement de maximiser les résultats avec les ressources disponibles tout en minimisant les coûts. « Nous sommes capables de mieux utiliser nos ressources en éliminant les gaspillages, notamment en réduisant le train de vie de l’Etat qui, parfois, se vautre dans des dépenses de prestige inutiles », suggère-t-il. Comment endiguer la corruption au Burkina Faso ? Pour lui, il faut aller sur plusieurs fronts à commencer par l’éducation, car une société qui ne repose pas sur des valeurs n’a pas d’avenir. A son avis, le combat pour les valeurs est important notamment celles d’honnêteté, de transparence, d’intégrité. Ce sont ces valeurs, à son sens, qui feront cesser la corruption. Si Jean-Baptiste est élu président du Faso, les fonctionnaires pourront espérer une hausse de leur traitement salarial : « Pour plus d’efficacité au travail, il faut que les agents soient motivés. Mais en même temps que nous revaloriserons le traitement salarial, nous serons regardants sur le résultat ».
Par Kowoma Marc DOH
Source:sidwaya.bf