Commentaire.
L’appel du Chef de file de l’Opposition Politique (CFOP) au Burkina Faso pour un meeting-marche le 28 Octobre 2014 sur toute l’étendue du territoire national, a été massivement entendu à Ouagadougou. En effet, la place de la Nation refusait déjà du monde avant l’heure indiquée (8 h TU) pour le rassemblement des manifestants. Jusqu’au-delà de 9 H, une foule immense continuait de converger à travers les artères de la ville vers la place de la Nation. Des gens avec des banderoles, posters, scandaient des refrains anti-référendum et contre la modification de la durée du mandat présidentiel via l’article 37 de la constitution, qui permettrait au président Blaise Compaoré de briguer la magistrature suprême en 2015.Tout se passait pacifiquement dans un vacarme indescriptible de concert populaire sans un chef d’orchestre précis. Chacun donnait de la voix comme il pouvait. La croix rouge a déployé ses secouristes autour de la place de la Nation et ses véhicules faisaient la navette dans la ville. Les services de sécurité, plus précisément, des éléments de la Compagnie Républicaine de Sécurité(CRS), étaient stationnés aux abords du Rond-point des Nations –Unies d’où, les manifestants devraient se diriger lors de la marche. Ce lieu habituel de grabuges est sous haute sécurité tout le long de l’avenue de l’indépendance jusqu’à l’Assemblée Nationale. Ces forces de sécurité n’interviendraient qu’en cas de tentative des manifestants de forcer les barrières de sécurité. Les femmes de l’opposition lors de leur marche la veille, avaient franchi le Rubicon en opposant un bras de fer aux forces de sécurité et n’eût été l’intervention du Chef de file de l’opposition, c’était bonjour les gaz- lacrymogènes et la débande. Beaucoup de travailleurs du privé et des services publics ont préféré rester à domicile de craintes d’éventuels incidents. Etals, magasins, stations-services étaient clos dans la matinée du 28 Octobre 2014 dans plusieurs quartiers de Ouagadougou. La fin de la manifestation était attendue vers midi. Le jeudi 30 octobre 2014, l’opposition et ses alliés de la société civile envisagent de prendre en otage l’Assemblée nationale qui devrait voter ce jour le projet de loi portant modification de la constitution. Cependant, avec le gigantesque dispositif de sécurité, les manifestants pourraient s’en tenir à des actions tonitruantes mais pacifiques afin d’éviter des tirs nourris de gaz-lacrymogènes et des scènes de sauve-qui-peut avec de possibles incidents dommageables. Le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays à travers le monde est entré dans une zone de turbulences sociopolitiques. Mais l’essentiel sera que la force des arguments l’emporte sur l’argument de la force de part et d’autre entre les protagonistes de la crise.
Bérenger Traoré
Agence de Presse Labor 28 Octobre 2014
Brèves
Une manifestation à l’image d’un soutien à l’équipe nationale de football.
Beaucoup de citoyens ont préféré se rendre au meeting-marche de l’opposition à Ouagadougou en arpentant les rues à pieds et par groupes d’une dizaine à une centaine de personnes. Des jeunes filles et garçons étaient de la mobilisation ainsi que des gens dont l’âge oscillait entre 30 à 50 ans essentiellement. Par endroits, ces acteurs de la randonnée pédestre bloquaient des voies bitumées en obligeant des usagers de la voie publique à motos et voitures à faire des bifurcations. D’aucuns brandissaient des drapeaux du Burkina et sifflaient des vuvuzéla exactement comme cela se fait lors des matchs des Etalons, l’équipe nationale de football du Burkina. A la différence du slogan quand on s’amuse avec les Etalons, on récolte les pots cassés, c’était plutôt, quand on s’amuse avec Kossyam (la Présidence du Faso), on a contre soi le peuple. La manifestation s’est terminée sans incidents majeurs vers midi.Cependant, sur les chemins de retour dans les quartiers, certains jeunes qui tentaient de s’adonner à l’anarchie ont été dispersés à coups de gaz-lacrymogènes ,particulièrement au rond-point des Nations-Unies où des manifestants surexcités ont tenté de franchir la ligne rouge en faisant tomber les barrières de sécurité et des jets de pierres sur les CRS. Un hélicoptère survolait par moments la ville dans l’après-midi. Dans la nuit, des tirs de gaz-lacrymogènes étaient entendus dans certaines localités de la ville.
Boukary Kaboré dit le lion serait-il en discorde avec la coalition de l’opposition du CFOP ?
Boukary Kaboré, opposant et militaire à la retraite, ancien compagnon du défunt président Thomas Sankara a toujours été considéré comme l’homme de la provocation et de la confrontation avec les forces de sécurité lors des marches dans les rues tout au long de l’année 2014.On se rappelle que suite à ses altercations avec des agents de sécurité lors d’une des marches de l’opposition au rond-point des Nations –Unies, les barrières de sécurité ont été franchies avec comme conséquence des tirs de gaz-lacrymogènes. Il a été difficile dans ce remue-ménage de situer clairement la part des responsabilités. Ensuite, depuis que le Lion a échangé des poignées de mains avec le président Compaoré lors d’une escale à son village de Poa au premier semestre 2014, l’opposition semble se démarquer de lui. Boukary Kaboré s’est encore donné en spectacle le 28 Octobre 2014 à la place de la Nation à la fin du meeting. Il est resté sur les lieux et demandait à la foule de rester avec lui sur place jusqu’à ce que Blaise Compaoré annonce son départ du pouvoir. Il rêve de transformer ce lieu en place Tahrir du Caire en Egypte, où les manifestants sont restés jusqu’à la chute du président Hosni Moubarak .Il faisait comprendre aux personnes qui s’attroupaient autour de lui qu’il parlait non pas au nom de l’opposition, mais de celui du peuple. Une attitude de cavalier solitaire qui laisse supposer des dissensions entre le Lion et la coalition d’opposants au sein du Chef de File de l’Opposition Politique(CFOP).
Agence de Presse Labor 28 Octobre 2014