Commentaire
La Coalition Contre la Vie Chère (CCVC), un regroupement d’associations de la société civile dont le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples(MBDHP), a lancé un mot d’ordre de protestation nationale le mercredi 08 avril 2015 sur toute l’étendue du territoire burkinabè. A Ouagadougou, c’est à la place de la révolution que des membres et sympathisants de la CCVC se sont réunis pour un meeting dans la matinée. Parmi la quatorzaine de points de revendication de la CCVC contre la vie chère, dont la requête pour une baisse sensible des prix des hydrocarbures et la lutte contre l’impunité, un aspect a ravi la vedette aux autres doléances. Il s’agit de l’appel pour un mandat d’arrêt contre l’ex-président Blaise Compaoré et son frère cadet François Compaoré dans l’optique d’un jugement et un rapatriement des fonds qu’ils auraient acquis de façon non licite sur le dénier public du Burkina Faso. Avec les récentes interpellations par des services de sécurité de certains dignitaires du régime Compaoré pour faits présumés de malversations foncières et financières, la question que d’aucuns se posent est de savoir si le Rubicon serait décisivement franchi avec une éventuelle arrestation de Blaise Compaoré qui bénéficie d’une loi d’amnistie nationale et de son frère qui n’est protégée par aucune amnistie.
Si le renouveau de la justice burkinabè invoque le principe que nul ne doit être au dessus de la loi, il faudrait que cette justice soit véritablement impartiale pour ne pas se limiter seulement à une chasse aux sorcières contre le clan Compaoré mais aussi qu’elle s’étende aux autres criminels du Burkina connus et cités dans des dossiers de crimes économiques et de sang. Car, si la transition ne travaille pas dans le sens d’une justice impartiale, l’histoire étant une sorte de roue qui tourne, des hommes forts d’aujourd’hui de la transition et leurs alliés politisés de la société civile qui jouent aux faux saints, risquent d’être rattrapés à l’avenir par la justice. Ce serait une bombe à retardement qu’ils auraient fabriqué contre eux-mêmes. Pour désamorcer cette bombe dans l’intérêt général du peuple burkinabè, il faudrait créer les conditions réelles d’une justice pour tous qui requiert vérité, sanctions proportionnelles et pédagogiques, pardon et réconciliation nationale.
Bérenger Traoré
Agence de Presse Labor 8 avril 2015