Billet
Les lourdeurs administratives ont longtemps constitué un goulot d’étranglement dans la passation des marchés publics au Burkina Faso.De longues procédures inutiles empêchaient l’exécution de certains travaux publics dans les meilleurs délais.La centralisation des dossiers de marchés publics au ministère des Finances ,créait des surcharges et retards dans l’examen et l’approbation desdits dossiers.Parfois,par le passé,certains ministres qui avaient de bonnes relations avec le ministre des Finances,pouvaient intervenir pour demander une célérité dans les procédures de leurs commandes publiques.Le second point de casse-tête chinois, ‘’burkinabè’’ dans les marchés publics ,repose sur la dictature de certains contrôleurs financiers qui prenaient plaisir à retarder,voire bloquer parfois injustement certains dossiers,ils y mettaient le caillou dessus comme le dit le jargon de la corruption.Dans les ministères ,règne souvent un climat malsain de suspicion entre contrôleurs financiers et les Directeurs des Affaires Administratives et Financières(DAAF).Les premiers estiment parfois qu’ils ne bénéficient pas de largesses des attributaires de marchés alors que sans leur visa ,la commande ne peut être engagée.Ainsi,d’aucuns pensent à tort ou à raison que ce sont les DAAF qui bénéficient souvent des retombées indirectes des marchés de par leur rôle de payeurs.Tous ces arguments objectifs ou subjectifs contribuaient à alourdir injustement les procédures des commandes publiques.Eu égard à l’impact négatif de certaines longues procédures qui ne permettaient pas l’exécution de marchés dans les meilleurs délais,les autorités ont estimé nécessaire de revoir les mécanismes.Même des partenaires techniques et financiers (PTF)du Burkina ont fustigé ces retards déplorables.Pourtant,ce sont les mêmes PTF qui ont préconisé le système d’appels d’offres ouvert à tous dans l’esprit de la transparence et de l’égalité des chances pour les entreprises.Ils croyaient que c’était la panacée contre la corruption.La pratique a démontré que le principe des appels d’offres publiques est bien mais les procédures inadaptées par leurs longueurs.Imaginez la sottise qui consiste à faire des appels d’offres qui durent 3 à 6 mois pour des commandes de matériels médicaux(scanner,radiologie) pendant que des malades souffrent et meurent.C’est pourquoi,le gouvernement a accepté en 2016 d’alléger les commandes publiques pour certains secteurs sociaux sensibles que sont la santé,l’éducation etc…En plus,le gouvernement envisage une réforme globale des marchés publics pour une décentralisation.Ainsi,chaque ministère pourra organiser à son niveau les appels d’offres sans passer par le ministère des Finances.Il s’agit là d’une recommandation du gouvernement de la transition en 2015.Le gouvernement sous le régime du président Roch Marc Christian Kaboré , s’attèle à la mise en œuvre de cette réforme capitale pour le climat des affaires au Burkina.Ainsi,le ministère des Finances a organisé le 20 décembre 2016, une session d’information à l’attention des contrôleurs financiers(CF), pour une application judicieuse de cette nouvelle procédure des marchés publics à compter de 2017.Les ministres,DAAF,CF qui sont les acteurs clés des commandes publiques, devront accomplir leurs tâches selon les règles requises. Car,ils auront à répondre plus tard des irrégularités qui surviendraient dans les passations des marchés publics de leurs ministères.II s’agit d’une décentralisation de la commande publique pour plus de célérité et d’efficience. Ce n’est nullement un boulevard qui mène à une caverne d’Ali Baba.
Jean KY
Laborpresse.net 21 décembre 2016