Commentaire
Les marches-meetings de la trentaine de partis politiques affilés à l’institution du Chef de File de l’Opposition Politique (C.F.O.P), se sont déroulés le samedi 3 juillet 2021 dans plusieurs localités du Burkina Faso.La marche dont l’objectif officiel était la protestation contre les lacunes du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme, a dévoilé d’autres visées sous-jacentes.
Aucune personne de bonne foi au Burkina Faso , ne saurait nier que les attaques terroristes récurrentes dans le pays , ont énormément endeuillé des familles.Par conséquent, organiser une marche suivie de meetings pour fustiger les contre-performances du gouvernement dans la lutte anti-terroriste, relève tout simplement du bon sens.En exigeant,les départs des ministres de la défense et celui de la sécurité, dans l’espoir qu’un tel changement pourrait insuffler une nouvelle dynamique dans la stratégie de combat de cette guerre asymétrique,l’opposition a été entendue par le chef de l’Etat qui a consenti à un remaniement ministériel dans ce sens le 30 juin 2021.Cela n’a pas suffi au CFOP, qui a maintenu son programme de marche-meeting le 3 juillet 2021.
Au cours de ces manifestations sporadiques sur le territoire, des voix se sont élevées pour demander la démission du président Kaboré, la libération du général Gilbert Diendéré condamné pour le putsch de 2015.Ces points non inscrits officiellement dans le programme des protestataires du CFOP, prouvent en réalité, que les problèmes sécuritaires n’étaient que des alibis, pour mener des actions de combats politiques d’alliés du régime déchu Compaoré, contre ceux du régime Kaboré en place.
Ces faits et gestes, constituent la caractéristique de la complexité du système politique trop partisan et personnalisé au Burkina Faso.Des acteurs politiques ne semblent avoir de programmes, que la défense des intérêts de leurs clans, sources de leurs financements , via des personnages précis dont, ils se font souvent les avocats du diable.Une analyse minutieuse de la vie politique burkinabè , ne permet pas d’admettre à priori , que l’un des deux clans antagonistes( régimes Compaoré et Kaboré) vaut mieux que l’autre.On retrouve de part et d’autre, les mêmes pratiques de gestions claniques, sectaires des affaires publiques.Par conséquent, des dictateurs d’hier, sont mal placés pour donner des leçons à ceux d’aujourd’hui ?
Les gens doivent se rendre à l’évidence, que le Burkina Faso n’appartient à aucune tendance politique, mais à toute la nation.Tous ceux qui forcent pour s’accaparer indument du pouvoir, récoltent tôt ou tard, les conséquences en termes de poursuites judiciaires. Ce qui est surtout regrettable, c’est qu’on ne voit réellement pas émerger, une troisième voie de solution à la gouvernance du pays.Cette alternative, qui ne soit issue d’aucun des deux clans rivaux , qui ont fait preuve de piètres alternances au pouvoir durant les 3 dernières décennies au Burkina.Mêmes certaines organisations nouvelles , qui tentent de donner espoir au peuple burkinabè, en promettant une rupture démocratique dans la gouvernance, se trouvent être des branches issues de ces deux troncs d’arbres.Ces branches cherchent à s’éloigner des troncs, pour des raisons de divergences liées à la gestion opaque de la soupe, mais gardent les mêmes réflexes de clans et d’intérêts de groupuscules.
Quand dans un pays, des réflexes boulimiques des gestions claniques des affaires publiques se développent à l’excès, ces faits sont constitutifs de bombes à retardement, qui donnent naissance à des révolutions, pour sonner la fin de la récréation.Or, l’idéal serait, de ne pas en arriver à des extrêmes de pouvoir autoritaire.Il reste à toujours à espérer, le sursaut patriotique pour la promotion de l’intérêt collectif duquel, découle l’intérêt individuel, pour les bonnes causes.
Bérenger Traoré
Laborpresse.net 04 Juillet 2021