Deux attaques ont été perpétrées le même jour au nord-est et au nord-ouest, l’une à Kidal et l’autre à Tombouctou. Toutes deux rapidement revendiquées par des groupes islamistes : Ansar Dine d’un côté, Aqmi de l’autre. Trois ans après l’intervention militaire française, la capacité opérationnelle des groupes jihadistes dans le nord du Mali, qui un moment avait faibli, en étonne aujourd’hui plus d’un.
On les croyait anéantis, on les donnait déstabilisés pour longtemps, mais les jihadistes sont présents et très actifs. Il y a environ deux mois par exemple, au vu et au su de tout le monde, ils ont débarqué dans un convoi de véhicules à une rencontre communautaire dans la région de Tombouctou et très rapidement la rencontre s’est transformée en prêche jihadiste.
Début janvier 2016, les jihadistes armés et/ou leurs sous-traitants organisaient à Tombouctou le rapt d’une ressortissante suisse.
Ils ont également multiplié les attaques contre les troupes étrangères et l’armée malienne à Kidal. Six casques bleus de l’ONU ont été tués le vendredi 12 février 2016. Le même jour, près de Tombouctou, ce sont trois militaires maliens qui ont perdu la vie dans une embuscade. Certains se demandent d’ailleurs si les deux opérations n’étaient pas coordonnées.
En tout cas, comme pour braver l’ennemi, ces mêmes jihadistes, qui un moment évitaient d’utiliser le téléphone pour ne pas se faire repérer, appellent ou envoient rapidement un communiqué afin de revendiquer les opérations. C’est ce qu’a fait le groupe Ansar Dine à Kidal et Aqmi pour l’embuscade de Tombouctou.
Un expert des questions sécuritaires du Sahel observe : « les katibas – c’est-à-dire les unités combattantes – recrutent de plus en plus de jeunes, qui sont formés et endoctrinés comme par le passé ».
■ Des groupes poreux
Dans son communiqué, Ansar Dine indique que le kamikaze qui s’est fait exploser à bord d’un camion piégé à Kidal était Mauritanien. Même si ce groupe jihadiste, dirigé par l’ancien chef rebelle touareg Iyad Ag Ghali, est traditionnellement composé essentiellement de Maliens, l’implication d’un Mauritanien ne surprend aucunement le journaliste Lemine ould Mohamed Salem, spécialiste des groupes jihadistes au Sahel. Selon lui, ce n’est qu’une confirmation supplémentaire de la grande porosité qui existe entre les différents groupes terroristes actifs au Mali.