Dr Jean-Hubert BAZIE, Président de la Convergence de l’Espoir (à droite) et; - M. Boubakar DIALLO, Président du Mouvement Agir Ensemble pour le Burkina Faso.,animateurs de la conférence de presse de l'opposition CFOP le 2 juin 2020.

L’opposition burkinabè dénonce des irrégularités dans l’établissement des cartes d’identité en vue des élections 2020

Déclaration liminaire

Bonjour chers journalistes, et bienvenue dans la maison commune pour le traditionnel point de presse de l’Opposition!
Nous sommes au 518ème jour du drame de Yirgou. En ce souvenir douloureux, nous demandons justice pour le Chef de Yirgou et ses proches, et pour les 210 citoyens de la communauté peule massacrés.

Nous ne cesserons de le dire, la stigmatisation et le repli identitaire sont deux fléaux qui rongent notre Nation. Nous avons le devoir de nous mobiliser et de dépasser nos divergences, pour œuvrer à léguer aux générations futures un pays solide dans ses fondements, et riche dans sa diversité.

Mesdames et Messieurs,

Le point de presse de ce jour porte sur les sujets d’actualité ci-après :

– l’assassinat de 50 compatriotes;
– la distribution sélective des CNIB par l’ONI;
– les décisions dans le secteur de l’Education et de l’Enseignement ;
– le lancement de la campagne agricole 2020-2021
– et l’arrestation de l’ancien ministre de la Défense, M. Jean-Claude BOUDA.

Chers journalistes,

C’est avec une profonde amertume que nous avons appris que 50 de nos compatriotes ont péri dans des attaques terroristes perpétrées au Nord, au Centre-Nord et à l’Est, les 29 et 30 mai 2020, avec une vingtaine de blessés et des disparus.

En ces circonstances très douloureuses, nous présentons nos sincères condoléances aux familles éplorées et aux Forces armées nationales, et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés.
Suite à l’une de ces attaques du week-end, celle de Kompienbiga dans la Kompienga ayant arraché 25 vies, des citoyens ont manifesté hier à Pama contre, nous citons, « les meurtres et les enlèvements perpétrés par les terroristes et les Forces de défenses et de sécurité ».

L’Opposition politique déplore l’aggravation de la crise sécuritaire dans notre pays. Elle condamne la barbarie terroriste qui coûte des milliers de vies d’innocents.
Elle déplore également l’incompréhension, visiblement grandissante, entre les Forces de défense et de sécurité et les populations. Elle réaffirme que les meilleurs alliés de nos FDS, ce sont les populations pour lesquelles elles se battent.
Partant de là, les autorités doivent travailler à établir et renforcer la confiance entre nos FDS et le peuple burkinabè.
Nous ne cesserons de le répéter, nos Forces de défense et de sécurité doivent être mieux équipées pour faire face à leur devoir sacré qui est de défendre notre territoire et nos populations.

Ce qui préoccupe ce régime, c’est comment piller le maximum de richesse et faire la promotion des amis et compagnons. C’est clair, le MPP est un frein à la victoire du Burkina Faso contre ses ennemis. C’est pourquoi les Burkinabè doivent avoir l’audace de le sanctionner aux élections prochaines, pour redonner à notre pays toutes les chances de s’en sortir.
Mesdames et Messieurs de la presse,
Nous avons appris à travers vos antennes et colonnes, l’arrestation de l’ancien ministre de la Défense, M. Jean-Claude BOUDA, inculpé entre autres pour « blanchiment de capitaux » et « enrichissement illicite », sur la base de la Loi sur le délit d’apparence.
Cette action judiciaire fait suite à une plainte déposée l’an dernier par le Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC).

L’Opposition politique félicite le RENLAC pour sa constance dans la lutte qui a abouti à cette victoire d’étape qui est aussi un symbole.

L’Opposition reste toutefois prudente, sachant qu’à tout moment, le régime en place peut mettre de la pression sur la Justice et empêcher que se tienne un procès pédagogique.
Nous encourageons la Justice burkinabè à persévérer dans le nettoyage de toutes les écuries, qu’elles soient minières, foncières, des infrastructures ou des marchés publics.

Mesdames et Messieurs,

Depuis le 08 mai dernier, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a repris l’enrôlement des électeurs sur le fichier électoral, entre temps interrompu par la crise du coronavirus. La pièce la plus utilisée pour cette opération est la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB). Mais depuis un temps, il nous revient que l’Office national d’identification (ONI) n’assume pas pleinement sa mission régalienne de délivrance des CNIB.

Des actes assimilables à de la manipulation visant à empêcher certains votes ont été dûment constatées.
Par exemple, à Garango dans le Boulgou, une dizaine de CNIB de personnes souhaitant se faire enrôler affichaient des données de personnes résidant à Pouytenga. D’autres CNIB nouvellement établies n’apparaissaient pas dans la base de données de l’Office national d’identification.

En outre, dans plusieurs provinces, des CNIB établies depuis des mois pour des personnes et des groupes réputés proches de l’Opposition, sont bloquées. Pendant ce temps, des caciques du MPP qui sponsorisent l’établissement des CNIB, voient les cartes de leurs protégés livrés en un temps record.
Cela ne saurait être assimilé à des insuffisances techniques.
L’Opposition politique interpelle vivement et met en garde le Directeur général de l’ONI, Monsieur Aristide BERE, sur la grave menace que son attitude partisane fait peser sur le processus électoral.

Le doute est d’autant plus fort que le Directeur général actuel de l’ONI est celui-là même qui, en tant que Directeur général des libertés publiques, avait remis illégalement les nouveaux statuts de l’UPC aux frondeurs de ce parti d’opposition pour relecture.

L’ONI ne saurait être une officine partisane. Il doit assumer pleinement son rôle républicain s’il ne veut pas que les citoyens lui retirent leur confiance avec toutes les conséquences qui pourraient en découler.
Si rien n’est fait dans les plus brefs délais, l’Opposition se donnera d’autres moyens de faire cesser cette distribution sélective de CNIB. Cela y va de la crédibilité et de la transparence des élections couplées du 22 novembre, dont les enjeux sont vitaux pour notre pays.

D’ores et déjà, l’Opposition politique appelle ses militants et sympathisants à rester vigilants et à l’écoute de tout mot d’ordre pour combattre ces déviations.
Chers amis de la presse,
Le Conseil des ministres du 27 mai 2020 a validé l’année scolaire des classes intermédiaires, et fixé la date de reprise des cours et d’administration des preuves pour les classes d’examen.

Après cette décision prise sans concertation sincère avec les acteurs concernés, le Gouvernement a entrepris un dialogue avec les syndicats sur un certain nombre de préalables et la mise en œuvre desdites décisions.

Quatre grands syndicats ont claqué la porte à ce qu’ils considèrent comme un simulacre de dialogue.
Cela peut se comprendre dans la mesure où le Gouvernement a coupé et suspendu illégalement des salaires d’enseignants tout en refusant de respecter les accords qu’il a conclus avec ces mêmes syndicats.

De toute évidence, le régime KABORE navigue à vue et gouverne sans logique.
D’autres questions importantes liées à la reprise des cours se posent avec acuité. Il s’agit notamment du cas des élèves des zones attaquées, et ceux en situation de déplacés internes.
Nous demandons au Gouvernement de situer l’opinion publique sur ce qu’il prévoit pour ces groupes vulnérables.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Le 22 mai dernier, le ministre en charge de l’Agriculture, Monsieur Salifou OUEDRAOGO, a procédé au lancement de la campagne agricole humide 2020-2021, dans la commune de Koubri.
A cette occasion, le ministre a exhorté les agriculteurs à se mobiliser autour de l’objectif que son département s’est fixés pour cette campagne, à savoir une production de 5 670 000 tonnes de céréales, 1 585 000 tonnes de cultures de rente et 941 000 tonnes d’autres cultures vivrières.

L’Opposition politique est sceptique au sujet de ces objectifs fixés par le Gouvernement, au regard des faits suivants :

– dans le tiers du territoire national, nos braves paysans sont tués, expulsés de leurs sols ou dépouillés de leurs maigres biens, sans réponse conséquente du pouvoir en place ;
– cela fera deux saisons d’affilés que des agriculteurs, surtout ceux du Centre-Nord, ne cultivent pas, car ayant été interdits d’activités par les groupes terroristes ;
– le monde agricole est le grand oublié de la politique du Président Roch Marc Christian KABORE. Durant ses 4 ans au pouvoir, le Président KABORE n’a posé aucun acte d’envergure en faveur du monde rural.

C’est le lieu pour l’Opposition politique d’attirer l’attention des autorités nationales et des amis du Burkina sur les risques de famine qui pèsent sur notre pays. Dès à présent, une chaîne de solidarité doit être mise en place pour parer à toute éventualité.

Source: CFOP

03 Juin 2020

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