Point de presse du mardi 10 mars 2020 de l'opposition burkinabè . Animateurs : Carlos TOE, Président du MCR(à droite) ; Amadou Diemdioda DICKO, Vice-Président de l’UPC

Le prochain gouvernement ne sera pas celui du MPP,prédit l’opposition burkinabè

Déclaration liminaire

Mesdames et Messieurs les journalistes,
Bonjour et bienvenue au siège du CFOP pour ce rendez-vous hebdomadaire !
Nous sommes au 435ème jour du massacre de Yirgou. Non seulement justice n’a pas été rendue au Chef et aux 210 citoyens de la communauté peuhle tués, mais des mesures fortes en termes de prévention de telles abominations n’ont pas été prises.
Ce matin, nous souhaitons aborder les sujets ci-après avec vous :
– le massacre de 43 citoyens à Barga, dans la province administrative du Yatenga ;
– la commémoration de la Journée internationale de la Femme, édition 2020;
– la marche-meeting des syndicats contre l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités des agents publics ;
– l’arrêt de travail illimité dans les médias d’Etat ;
– l’appel du MPP à un dialogue avec les terroristes sous l’égide des Nations Unies ;
– et l’apparition de cas de coronavirus dans notre pays.
Mesdames et Messieurs,
C’est avec une grande consternation et une profonde indignation que l’Opposition politique a appris que 43 civils burkinabè ont été massacrés et 06 autres blessés dans la commune de Barga, province du Yatenga, ce dimanche 08 mars 2020.
L’Opposition politique condamne cet acte odieux. Elle présente ses vives condoléances aux familles éplorées, et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
Pour le Gouvernement burkinabè, ce crime de masse a été perpétré par des individus armés non identifiés. Mais pour certains médias, dont Radio Oméga, il s’agit d’une attaque perpétrée contre les Peulhs par un groupe Kogl-Wéogo.
Au regard de la gravité de ce drame et de la confusion qui l’entoure, l’Opposition politique exige une enquête indépendante, de même que la poursuite diligente des différents coupables, conformément aux lois en vigueur au Burkina Faso.
Pour l’Opposition politique, c’est le mauvais traitement de l’affaire Yirgou par le pouvoir de Roch KABORE qui a fait le lit d’autres massacres, dont le dernier en date est celui de Barga. Le Gouvernement est coupable d’avoir laissé faire, d’avoir assuré l’impunité des différents auteurs, et d’avoir abandonné les populations burkinabè aux mains des terroristes.
L’Opposition politique rappelle qu’il est du devoir du Président du Faso et de son Gouvernement de veiller à la défense de l’intégrité du territoire nationale, et à la protection des personnes et de leurs biens. Mais sur ce plan, le Président du Faso ne respecte pas son serment.
La mort est devenue un fait banal, et on ne compte plus le nombre de jours de deuils nationaux décrétés. Que vivement, cela cesse !

Chers journalistes,
Avant-hier, le Burkina Faso, à l’instar des autres pays, a commémoré la Journée internationale de la Femme. L’Opposition politique souhaite à nouveau une bonne commémoration à nos mères, épouses, sœurs et filles. Nous formulons le vœu que les femmes burkinabè célèbrent le prochain 8 mars sans deuil, dans la paix et la stabilité.
Ceci dit, lors de la rencontre avec les femmes, le Président du Faso a renouvelé sa promesse de 30 pour cent de femmes au Gouvernement. C’est une vielle promesse que le Chef de l’Etat réchauffe à cause des élections. Sinon, pourquoi depuis 4 ans, il ne l’a pas fait ? Et puis, nous vous l’assurons, le prochain gouvernement ne sera pas celui du MPP puisque ce régime porte-malheur va perdre le pouvoir en novembre.

Chers amis de la presse,
A l’appel de plusieurs syndicats, des milliers de travailleurs ont marché à Ouagadougou et dans les autres villes du Burkina le 07 mars 2020, pour dénoncer l’extension de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) aux primes et indemnités des travailleurs du Public, du Parapublic et du Privé.
Les différentes manifestations ont été un franc succès au regard, non seulement de la mobilisation des travailleurs, mais aussi de l’esprit citoyen et de la discipline dont ils ont fait preuve.
L’Opposition politique félicite les syndicats pour cette manifestation réussie et pacifique. Elle réaffirme que la revendication phare de la marche-meeting est juste et légitime. En effet, il est inopportun d’étendre l’IUTS aux maigres primes et indemnités des agents publics, pendant que nos Gouvernants s’adonnent à cœur joie au pillage des deniers publics, et qu’il y a des niches fiscales où l’Etat pouvait puiser suffisamment de ressources pour son fonctionnement.
L’Opposition politique n’est pas contre le civisme fiscal. Mais elle note que l’extension de l’IUTS est vraiment inopportune et dangereuse. Aussi, demandons-nous solennellement au Gouvernement de suspendre l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités des travailleurs du Public et du Privé ; et de retourner à la table de négociations avec les syndicats.
En ces heures où l’ennemi est dans la maison Burkina, le Gouvernement devrait travailler à rassembler toutes les forces au lieu de diviser de manière cynique les citoyens en sous-zones comme il sait bien le faire.
L’Opposition estime qu’il est encore temps pour le régime du MPP de savoir raison garder et, d’éviter un blocage généralisé de l’Administration publique et tout ce qui peut s’en suivre.

Mesdames et Messieurs les journalistes,
Dans le même registre de fronde sociale, permettez-nous d’aborder un sujet qui vous touche d’une certaine façon. Il s’agit de la crise qui secoue les médias d’Etat.
En effet, suite à la décision du Gouvernement d’affecter plus de 350 agents des médias publics, le 04 mars dernier, le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) a décidé d’un arrêt définitif de travail jusqu’à nouvel ordre.
Le SYNATIC affirme que cette décision est arbitraire, et constitue une sanction collective contre les travailleurs. Le syndicat a même révélé que dans la liste des personnes à affecter figurent des travailleurs morts et d’autres à la retraite. Ce qui donne une idée du manque de sérieux qui entoure cette décision.
En clair, le MPP veut chasser les journalistes professionnels et neutres, pour les remplacer par des griots acquis à sa cause. C’est un net recul !
Le comble, c’est lorsque le Directeur général de la RTB affiche fièrement son appartenance au MPP, en s’installant aux premières loges du Congrès de ce parti.
Tout ceci n’augure pas d’un traitement équitable, professionnel et impartial de l’information par les médias d’Etat en cette année électorale.
De tout ce qui précède, l’Opposition politique témoigne de sa pleine solidarité au SYNATIC et à l’ensemble des travailleurs de la RTB et de Sidwaya.
L’Opposition condamne l’attitude du Gouvernement, et l’invite à renouer un dialogue sincère avec les travailleurs des médias d’Etat.
L’Opposition politique prévient qu’elle suit la situation de très près, et qu’elle ne permettra pas que les médias d’Etat, créés et entretenus par l’argent de tous les Burkinabè, soient transformés en agence de communication du MPP.

Chers amis de la presse,
Parlant du MPP, ce parti a tenu son troisième Congrès ordinaire le 07 mars 2020.
Lors de ce grand rassemblement, le Président du MPP a invité les Nations Unies à utiliser leur influence politique pour amener les parties en conflit au Sahel à entamer des dialogues pour mettre fin, je cite, « à cette situation chaotique et à instaurer la paix ».
De cette déclaration, l’Opposition fait trois observations :
– d’abord, le MPP reconnait que nous sommes dans une situation chaotique, une impasse dont il faut sortir ;
– ensuite, le MPP fait un aveu d’échec et d’impuissance, en appelant solennellement à l’intervention des Nations Unies ;
– enfin, le MPP ayant échoué à négocier avec les terroristes dans l’ombre (confère les révélations de La Lettre du Continent), veut désormais négocier au grand jour avec les terroristes, en utilisant les Nations Unis pour se protéger.
Nous avons simplement affaire à un régime sans vision, qui a passé son temps à accuser son prédécesseur d’avoir négocié avec les terroristes, pour lui-même recourir finalement aux mêmes recettes.
Qu’à cela ne tienne ! Pour l’Opposition politique, toute initiative pouvant arrêter les massacres des pauvres Burkinabè et ramener la paix et la quiétude, est la bienvenue.

Chers journalistes,
Nous avons appris comme tous les citoyens qu’un couple burkinabè a été contrôlé positif au Coronavirus, et interné à l’hôpital de Tingandogo.
L’Opposition demande au Gouvernement de démarrer dès maintenant une vaste campagne de sensibilisation des citoyens, pour prévenir et prendre en charge rapidement les éventuels autres cas.
Mesdames et Messieurs les journalistes, c’était là, notre déclaration liminaire. Merci pour votre attention soutenue. Nous sommes disposés à répondre à vos différentes questions.

11 mars 2020

 

Share This:

Check Also

Burkina Faso : 1984, l’année du nom de baptême du pays

  Brève Le régime du défunt président Thomas Sankara a changé le nom du pays Haute-Volta …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Image CAPTCHA

*

× Comment puis-je vous aider ?