Le 17 septembre 2018, la presse nationale burkinabè annonçait le dénouement de la crise dans le secteur du transport routier, opposant l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) à l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB). Réunis autour du Premier ministre Paul Kaba THIEBA, les protagonistes se sont félicités d’avoir trouvé un accord sous les auspices du Haut conseil du dialogue social (HCDS). L’organe tripartite consacré à la promotion du dialogue social et la prévention des conflits sociaux a conduit, de bout à bout, les négociations. Retour sur la démarche de négociation du HCDS avec à sa tête son Président, le Pr Domba Jean Marc PALM.
Le Burkina Faso a fait face au dernier trimestre de l’année 2018 à une crise dans le secteur des transports, un secteur vital de l’économie nationale. Cette crise est née de la revendication d’un groupe de chauffeurs routiers réclamant la démission du président de l’OTRAF et une meilleure gestion du fret routier précisément celui du port de Lomé au Togo. La revendication avait été appuyée par un blocus du transport des marchandises et des hydrocarbures, menaçant ainsi d’asphyxier l’économie du pays.
Pour résoudre la crise, le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Monsieur Vincent T. DABILGOU a engagé le samedi 24 août 2018, des échanges avec les représentants de l’UCRB en vue de la libération des locaux de l’OTRAF, qui étaient occupés par les instigateurs du mouvement d’humeur. En outre, des concertations ont été initiées pour la reprise du travail avec une levée du blocus.
Haut conseil du dialogue social (HCDS), laissait envisager :
- Des risques réels de désordre dans le service de dépotage de la SONABHY, ce qui occasionnera des altercations entre chauffeurs avec pour finalité inéluctable, la suspension de cette opération qui aura pour conséquence une pénurie de combustible ;
- La mise au chômage du personnel de l’OTRAF au nombre de 50 ;
- Le blocage des opérations entamées avec des conséquences incalculables sur le plan social et financier ;
- Le risque de la prise de contrôle des opérations d’enlèvement du fret dans les ports par des démarcheurs ;
- Les pertes financières énormes pour les transporteurs ;
- Le développement de la spéculation dans les coûts de transport ;
- Une absence d’assistance sociale aux chauffeurs nationaux ;
- Une remise en cause des acquis au port de Tema en matière de gestion du fret, car les démarcheurs reprendront leurs activités avec pour conséquence un chaos dans le transport du fret ;
- Une aggravation de la situation de la gestion du fret à Lomé, cette gestion qui est à l’origine de la crise actuelle
- Une baisse de la collaboration entre les chauffeurs routiers et les FDS dans la lutte contre le terrorisme.
C’est au regard de ces conséquences néfastes pour le Burkina Faso que le Haut conseil du dialogue social (HCDS) s’est saisi du dossier afin de concilier les deux organisations, d’une part et, d’autre part, de prospecter, avec tous les acteurs du transport routier, des solutions pérennes aux problèmes du secteur du transport routier qui est stratégique pour la nation.
L’intervention du Haut conseil du dialogue social
Le jeudi 30 août 2018, le bureau du HCDS conduit par le Pr Domba Jean Marc PALM a entrepris des négociations avec les bureaux de l’OTRAF et de l’UCRB. Les conseillers du HCDS ont pu écouter les deux protagonistes avant d’entrevoir la suite à donner à la crise.
Après avoir entendu séparément les organisations, le Pr PALM les a félicité d’avoir bien voulu participé aux rencontres d’échanges ; toute chose qui prouve qu’elles se préoccupent de la situation actuelle et des intérêts supérieurs du pays.
Il a ensuite, promis qu’à l’issue d’une analyse de tous les éléments de la situation, le HCDS interpellera le gouvernement sur la question. Monsieur PALM les a invités à observer une attitude de réserve dans la mesure où le dialogue est engagé.
Après donc, cette étude approfondie des documents d’informations mis à sa disposition, le HCDS a recommandé au gouvernement de :
- Lever la suspension des deux organisations afin de juguler les conséquences sur le secteur du transport ;
- Mettre en œuvre les différentes lois prises dans le secteur afin de clarifier les différentes situations notamment les statuts de chauffeur-routier, de transporteur-routier et celui de chauffeur-transporteur ;
- Obtenir l’application de la convention collective sectorielle du secteur routier ;
- Mettre en application l’accord signé le 27 août 2018 ;
- Mettre en place une structure de concertation de tous les acteurs qui doit se réunir périodiquement ;
- Mettre en œuvre la réforme du secteur des transports ;
- Avoir une cellule de veille chargée de prévenir et de gérer les crises dans le cas échéant.
Le 13 septembre 2018, le HCDS a obtenu une conciliation des deux parties dont le procès-verbal a été signé au Premier ministère le 17 septembre 2018. Les conclusions de cet accord stipulent que l’OTRAF et l’UCRB s’engagent à :
- Respecter désormais scrupuleusement la convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et d’association en renonçant à demander le départ de leur poste d’un ou des dirigeants de l’organisation syndicale ;
- Mettre en œuvre les engagements signés à la rencontre du 17 août 2018 sur la gestion du fret et l’amélioration des conditions de vie de chauffeurs routiers ;
- Respecter tous les protocoles et convention sectoriels qui lient les deux associations ;
- Sensibiliser leurs militants sur le respect mutuel sur le principe d’autonomie de chaque association ;
- Développer la communication entre les deux organisations afin d’éviter les situations de conflits ;
- Privilégier le dialogue entre les deux organisations ;
- Préserver les intérêts économiques et sociaux du Burkina Faso.
DEPARTEMENT DE LA COMMUNICATION/HCDS
,07 Février 2019