La presse écrite fait partie des industries dévastées par la pandémie de coronavirus. Des dizaines de milliers d’emplois ont été supprimés et des centaines de titres sont menacés de disparition à travers le monde.
Jamais le public n’a été aussi avide d’information, en témoigne la hausse spectaculaire des audiences internet des rédactions et jamais les journaux n’ont autant souffert sur le plan économique. C’est le grand paradoxe de cette crise majeure que traverse en ce moment cette industrie. Car les lecteurs ne paient qu’une partie de ce qu’ils consomment en achetant un journal au kiosque, en payant en ligne ou en s’abonnant. La publicité est généralement une source de revenu indispensable, en moyenne c’est le tiers des recettes de la presse française. Or avec la mise sous cloche de l’économie la publicité s’est effondrée, en moyenne de 50% pour la France. Enfin certains journaux vivent en partie des événements qu’ils créent, des conférences par exemple, ou qu’ils couvrent, comme les manifestations sportives. Évidemment le confinement a condamné cette manne. C’est pourquoi l’Équipe, le grand quotidien sportif français est aujourd’hui en très mauvaise posture, la direction propose des baisses de salaires pour assurer la continuité du titre.
Beaucoup de rédactions sont condamnées ?
Depuis le premier avril une soixantaine de journaux australiens ne sont déjà plus imprimés. A la fin du mois ils seront une centaine dans ce cas. Un tiers d’entre eux va disparaître, les autres resteront disponibles en ligne. Ils font tous partie du groupe Newscorp du magnat Ruppert Murdoch. C’est le pays où l’extinction de la presse est la plus spectaculaire.
Ailleurs les titres déjà mal en point avant la crise ont mis la clé sous la porte, mais la plupart résistent encore à l’érosion des recettes publicitaires. Ce phénomène a commencé il y a plusieurs décennies. Il était perceptible dès les années 70 aux États-Unis. La télé a aspiré une part grandissante de ces revenus et internet a fait le reste, les géants du web, Google et Facebook siphonnent quasiment toute la ressource. La crise générée par le coronavirus n’a fait qu’accélérer le mouvement.
Les nouveaux titres 100% numérique comme Buzzfeed ou Vice Media souffrent aussi de cette concurrence déloyale et ils ont été rudement frappés par l’assèchement subit du marché publicitaire qui leur a ôté les dernières miettes du gâteau. Pour survivre ils se séparent d’une partie de leur personnel et doivent mettre au point un nouveau modèle économique. La solution passe aussi par la négociation avec les GAFA. Afin qu’ils rémunèrent au juste prix les contenus qu’ils reprennent gratuitement. Comme les y obligent maintenant certains pays comme l’Australie.
Certains titres ont plutôt bien traversé cette crise
Le New York Times, le prestigieux quotidien de la côte est des Etats-Unis a gagné un demi-million de nouveaux abonnés. Les titres qui ont choisi bien avant la pandémie de faire payer l’information via l’abonnement à l’édition papier, et plus souvent en ligne, sont ceux qui ont le mieux résisté à cette double contrainte : fournir toujours plus d’information avec toujours moins de moyens publicitaires. 60% des revenus du New York Times proviennent des abonnements. Le Wall Street Journal, le quotidien financier des Etats-Unis lui aussi traverse cette crise sans trop d’encombres. Ces journaux sont en mesure aujourd’hui de recruter de nouveaux journalistes.
Aux Etats-Unis Bank of America fait un don de un milliard de dollars en faveur de la lutte contre les inégalités raciales
Ce don étalé sur quatre ans sera investi dans la santé, des campagnes de vaccinations par exemple, dans le soutien aux petites entreprises dirigées par des afro américains et dans le soutien à l’emploi des minorités dans le secteur bancaire.
Source: rfi.fr
14 Juin 2020