Depuis 2011, la Côte d’Ivoire est revenue dans le giron de l’Agoa, l’accord de libre-échange qui permet aux pays africains d’exporter des produits vers les Etats-Unis sans taxe douanière, moyennant des engagements sur la bonne gouvernance et le respect des règles du droit international du travail. Une opportunité pour les entreprises ivoiriennes exportatrices, qui souffrent cependant d’un déficit de stratégie politique nationale.
Contribuer au développement par le commerce et, dans le même temps, insuffler les principes de la bonne gouvernance, de l’économie de marché et du respect des droits du travailleur. C’est le double objectif affiché par l’Agoa, l’African Growth and Opportunity Act, qui régit depuis 15 ans les rapports économiques entre les Etats-Unis et les pays africains, et dont le Forum 2015 se tient en ce moment au Gabon.
En Côte d’Ivoire, cette règle préférentielle d’exportation des produits ivoiriens vers le marché américain a repris récemment : Abidjan est redevenu éligible aux règles de l’Agoa en 2011, après la fin des troubles militaro-politiques, en même temps que le Niger et la Guinée. Lors de l’annonce de cette réintégration dans le dispositif de l’Agoa, l’ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, Philipp Carter, avait assuré que cela contribuerait à « remettre la Côte d’Ivoire sur les rails en vue de lui permettre de retrouver sa place de locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest. »
Exigence de compétitivité
Outre l’accès à un marché de près de 300 millions d’habitants, l’Agoa permet aux entreprises ivoiriennes d’améliorer la gamme et la qualité de leurs produits pour faire face à la concurrence internationale. Elle les y oblige, même.
« L’Agoa permet aux entreprises ivoiriennes exportatrices de gagner en compétitivité sur le marché, de répondre aux exigences de performances, de bénéficier de partenariats avec des structures américaines, et d’obtenir des exonérations de droits de douane et de quota auprès de 6 400 produits », résume Kouya Bertin Gomun, directeur de la promotion et de l’exportation au ministère ivoirien du Commerce.
« Si vous voulez conquérir d’autres marchés, il faut proposer des choses de qualité, qui répondent aux exigences du marché sur lequel vous voulez vous porter. Donc, cela permet aux entreprises ivoiriennes d’être très performantes », assure-t-il.
En Côte d’Ivoire, même si les recettes des produits exportés ont doublé entre 2011 et 2012, passant de 50 à 126 millions de dollars, les secteurs concernés sont encore limités à l’artisanat, au textile et à l’agro-alimentaire. Selon certains experts, il manque à la Côte d’Ivoire une stratégie nationale afin de mieux mettre à profit cette porte ouverte à l’exportation ivoirienne vers les Etats-Unis.