Quelque 224 millions de personnes ont été sous-alimentées en Afrique en 2016, quatre millions de plus qu’en 2015. L’insécurité alimentaire s’est aggravée, c’est le constat de la conférence régionale de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, organisée à Khartoum dans la dernière semaine de février 2018. Les conflits et les aléas climatiques sont en cause, mais également l’absence d’un soutien public suffisant aux agriculteurs africains, estime la Fondation Farm.
Près d’une personne sur quatre est sous-alimentée en Afrique en 2016, la détérioration de la situation préoccupe la FAO réunie pour sa conférence régionale à Khartoum. Les guerres et le passage d’El Niño ont certes eu un impact négatif sur les productions et les circuits agricoles dans certains pays. Mais la question se pose tout de même de savoir si l’Afrique soutient suffisamment son agriculture. Et au vu des chiffres collectés par la Fondation Farm, c’est non.
Engagements de Malabo pas respectés
Les engagements pris à Malabo en juin 2014 sont loin d’être remplis. Seule une dizaine d’Etats africains alloue 10% de ses dépenses publiques à l’agriculture. La moyenne atteint péniblement 3%, on était à 7% dans les années 1980. De même l’Afrique a échoué à faire progresser la richesse agricole d’au moins 6% par an, c’était un autre engagement de Malabo. Quant au malheureux pour cent de PIB qu’il fallait consacrer à la recherche agricole, seuls sept pays africains l’atteignent, dont, en Afrique de l’Ouest, le Sénégal et le Burkina Faso.
Pouvoir d’achat urbain contre soutien des prix agricoles
Le manque de moyens financiers est en cause, mais pas seulement. C’est aussi un choix politique des Etats africains – et des bailleurs de fonds puisque la moitié des budgets agricoles africains est en fin de compte fournie par l’aide au développement. Un choix entre le pouvoir d’achat des consommateurs des zones urbaines et le prix de vente des agriculteurs. A l’arrivée pourtant, tout le monde est perdant, puisqu’en ne soutenant pas assez la production, on maintient des prix élevés pour les consommateurs.
Subventions aux assurances récoltes nécessaires
La forme de soutien apporté aux agriculteurs africains pourrait aussi évoluer, suggère Jean-Christophe Debar, directeur de la fondation Farm. Aujourd’hui c’est à 97% une aide aux intrants, prioritairement les engrais et les pesticides, mais aussi l’installation de l’irrigation à la ferme ou des conseils techniques. Mais l’aide aux assurances récoltes est quasi inexistante à l’échelle du continent, à part quelques expériences, du Kenya au Sénégal. Un paradoxe sur un continent comme l’Afrique aussi durement confronté aux aléas climatiques et qui dépend encore tellement de son agriculture.
Source:rfi.fr
01 Mars 2018