Edouard Philippe a fixé des orientations sur la politique migratoire, n’excluant pas l’idée de quotas, lors d’un débat à l’Assemblée voulu par Emmanuel Macron qui a hérissé à gauche et laissé la droite sur sa faim.
Un an après la promulgation de la loi asile-immigration-intégration, le Premier ministre a admis que le gouvernement n’avait « pas atteint tous (ses) objectifs » en matière migratoire, soulignant l’augmentation de 22% entre 2017 et 2018 du nombre de demandes d’asile. « Le système français d’asile est aujourd’hui saturé », a-t-il déploré, estimant que l’idée de « quotas » n’était pas « taboue ».
Le locataire de Matignon a développé « six orientations », dont une réflexion sur les prestations sociales accordées aux demandeurs d’asile. « La France (…) ne doit être ni plus ni moins attractive que ses voisins », a plaidé Edouard Philippe en appelant à « regarder les choses en face (…) sans rien renier de nos principes », notamment sur les conditions d’accès aux soins.
Edouard Philippe veut également redéfinir la stratégie de l’aide publique au développement, qui doit atteindre 0,55% du PIB en 2022, en mettant « enfin la question migratoire au cœur de nos relations diplomatiques avec ces États ». Il entend aussi « faire plus et mieux en matière d’intégration ».
Les oppositions critiquent
Le Premier ministre a par ailleurs décoché quelques flèches contre les pourvoyeurs de « fausses solutions », fustigeant les « mythes et fantasmes » de « l’immigration zéro », de « l’immigration de remplacement » ou encore de « la fin du droit du sol ».
Avant le coup d’envoi des échanges, la présidente du Rassemblement national a fait le lien entre la tuerie de la préfecture de Paris, perpétrée par un Français converti à l’islam, et une « immigration anarchique » laissant se développer le « fondamentalisme islamiste ». Marine Le Pen, qui défend un « moratoire » sur l’immigration, a appelé l’exécutif a « avoir le courage d’organiser enfin un grand référendum » sur l’immigration.
À droite, Guillaume Larrivé (LR) a souhaité la mise en place d’une « charte de l’immigration » adossée à la Constitution et soumise à « référendum ».
« Bouc émissaire »
À gauche, les préventions sont vives : le numéro un du PS Olivier Faure a alerté contre la tentation d’un « populisme d’État ». « Vous avez choisi de faire de l’immigré le bouc émissaire des problèmes du pays plutôt que le financier qui pille notre pays ou le fraudeur du fisc », a tonné le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon.
En conclusion, Edouard Philippe a relevé un « dissensus » tel « qu’il est délicat d’avoir un échange nuancé » sur l’immigration. S’il n’est pas question de nouvelle loi, il a néanmoins confirmé que l’exécutif entendait « utiliser les textes à venir » pour « traduire, mesure par mesure, ces décisions en actes ».
Source:rfi.fr
20 Octobre 2019