Commentaire
Des financiers africains expriment un optimisme pour la relance de l’économie sur le continent.Afrique économie se penche sur la santé du secteur financier africain. Les banques, les compagnies d’assurance et les fintechs ont connu une année 2020 difficile en raison de la pandémie. Cependant, la crise va accélérer la transformation numérique du secteur financier, c’est du moins ce qui ressort du premier baromètre sur l’industrie financière africaine, réalisé conjointement par l’Africa CEO Forum et le cabinet de conseil Deloitte.
La crise de 2020 et la récession ont secoué l’industrie financière africaine. Mais cette secousse fut aussi l’occasion de tester les forces et de repérer les faiblesses. « Cette industrie a démontré une certaine résilience et une capacité d’adaptation et de transformation », affirme Aristide Ouattara, responsable Risk Advisory au cabinet de conseil et d’audit Deloitte.
Le cabinet a interrogé 60 dirigeants d’institutions financières à travers 25 pays africains. La majorité d’entre eux ont conscience qu’il faut davantage investir dans la digitalisation du secteur. 56% des sondés ont déjà entrepris la démarche. « Digitaliser, ce n’est pas seulement donner des possibilités aux clients d’avoir des comptes en ligne, explique Aristide Ouattara. C’est intégrer complètement la capacité à mener des opérations bancaires ou assurantielles à distance, avec de la valeur ajoutée. Par exemple ouvrir un compte en ligne, ou signer des contrats en ligne. »
Cette course à la digitalisation accélère le rapprochement entre les banques et les assurances, d’un côté, et les fintechs de l’autre. 42% ont déjà noué un partenariat avec des fintechs. Celles-ci inventent les produits technologiques de paiement ou de crédits numérisés rapporte RFI, et elles peuvent permettre au secteur d’améliorer sa rentabilité. Pour Omar Cissé le PDG d’In-Touch, l’une des plus grosses fintechs d’Afrique, ce rapprochement est même inévitable.
« Pour les banques, il n’y a pas d’autre issue que de s’associer avec les fintechs, si elles veulent faire partie du jeu, selon Omar Cissé. Nous sommes tous obligés de collaborer si nous voulons survivre. Je pense que ce n’est pas une question uniquement de marges et de profits, parce que les clients des banques vont être demandeurs de nos services et si la banque les propose pas, elle va juste perdre ses clients. »
Après la crise de 2008, le secteur financier africain a vu partir un certain nombre de réseaux bancaires étrangers. Mais d’autres sont restés, comme la Société générale qui s’en félicite aujourd’hui. « Dans cette nouvelle carte qui se constitue, il va y avoir d’une part quelques banques internationales qui resteront avec un dispositif assez large et à nos côtés, je ne vois guère aujourd’hui que Standard Chartered qui a la même logique de développement que le groupe Société générale, explique Laurent Goutard, responsable de la région Afrique, Méditerranée et Outre-Mer de la Société Générale. Et puis des banques panafricaines qui ont beaucoup investi, qui ont la connaissance de leurs marchés, qui souvent accompagnent de grands clients régionaux et qui pour nous deviennent des concurrents de plus en plus compétitifs ».
À 59%, les financiers africains sont convaincus que le secteur présente une attractivité croissante.En réalité, l’attractivité seule ne suffit pas à créer les conditions de la relance économique.Il faudrait que les investisseurs acceptent de prendre des risques pour des financements structurants, en dépit du contexte sécuritaire préoccupant dans certaines parties du continent.
Oscar Félix Diakité
Laborpresse.net Jeudi 29 avril 2021