Commentaire
L’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature(E.N.A.M) du Burkina Faso a décidé d’apporter des réformes à ses activités pédagogiques, afin d’inculquer aux étudiants, la culture du pragmatisme professionnel. Il s’agit pour les apprenants, d’aller au-delà des théories rhétoriciennes stériles, pour une application parfaite de leurs connaissances sur le terrain.
Le concept de professeurs associés, a été conféré à des chefs d’entreprises pour forger l’aptitude des étudiants, à travers l’expérience et les conseils de ces entrepreneurs modèles de succès. Etre responsable et leader, c’est savoir concevoir des programmes, les exécuter et éviter de tourner en rond, comme un mouton de Panurge. Cet esprit de pragmatisme, fait grandement défaut dans l’administration publique burkinabè. La résultante, ce sont des dossiers non traités avec célérité et qualité, ce qui crée souvent, une fronde sociale pour des avancements et indemnités administratives, qui accusent des retards de concrétisation. Le Premier ministre Christophe Dabiré, avait effleuré ce laxisme, en disant que l’on assiste à une situation, où personne ne semble responsable de rien. A titre illustratif, il a pris l’exemple de véhicules de l’administration publique, qui restent sous cale, juste pour une panne de batterie, sans qu’on ne prenne la décision de procéder à des réparations aussi simples. Ce point de vue du premier ministre est pertinent. Cependant, il doit comprendre, que la faute incombe aussi aux tares du circuit des dépenses publiques, avec les fameuses notions de lignes budgétaires. Si un responsable administratif prend le risque de faire des dépenses urgentes et nécessaires, pour des réparations et autres besoins, sans que cela ne soit prévu par une ligne budgétaire, les organes de contrôle financiers, l’accuseront de détournement et de dépenses irrégulières. Tant que les lourdeurs administratives ne seront pas corrigées sur ces questions, personne n’osera prendre des risques d’être un chien que l’on veut abattre en l’accusant de rage.
Dans le contexte sécuritaire de nos jours, où des administrateurs civils du Burkina, en l’occurrence des gouverneurs de régions et haut-commissaires de provinces, sont appelés à appliquer des mesures de sécurité publique liées à l’état d’urgence dans certaines localités du pays, il importe que les administrateurs, qui n’ont tous pas un profil militaire, soient outillés aux tactiques sécuritaires, pour mieux faire face à d’éventuelles attaques terroristes. C’est pourquoi, la direction de l’E.N.A.M, a opté désormais, de soumettre les élèves-administrateurs, à la formation militaire obligatoire de 45 jours, qui débutera par le camp militaire de la ville de Bobo-Dioulasso.
Bérenger Traoré
Laborpresse.net 19 juillet 2020