Discours
Je voudrais tout d’abord vous féliciter pour le succès du présent Forum national des Jeunes. Par votre mobilisation, par votre contribution aux débats, car je sais que pendant quelques jours, vous avez eu des exposés qui ont été faits, vous avez apporté vos contributions et je sais que vous repartez la tête bien remplie. Je sais que nous n’avons pas encore fini, puisque je vais écouter les préoccupations par région, donc je vais essayer d’être relativement bref.
D’abord il faut saluer le Forum national de Jeunes, parce que c’est un forum qui a été initié depuis 2005. Ce forum se veut un cadre de contact et d’échanges entre le gouvernement et les jeunes du Burkina Faso. Ce cadre de dialogue qui s’est tenu plusieurs fois, a été interrompu en 2011, et n’a repris qu’en 2019. Ce que je souhaite, c’est que le Forum national des Jeunes ne soit pas q’une répétition d’actes. Nous devons, à partir de ce forum, assurer la rupture qui permet que chaque fois que nous terminons, nous prenions des engagements, et qu’au prochain forum, le comité de suivi fasse le point de ce qui a été fait et de ce qui n’a pas été fait.
Si nous ne mettons pas en place un mécanisme de suivi, nous aurons des réunions, on va se retrouver mais on n’avancera pas sur le plan de l’insertion des jeunes, au développement économique et social du Burkina Faso.
Je voudrais également saluer les thèmes qui ont été abordés au cours de ce présent forum, et dire que ce qui doit nous guider, c’est le développement de notre pays. Ce qui doit nous guider, c’est le vivre-ensemble. Ce qui doit nous guider, c’est que la jeunesse est notre énergie et notre force. Pas pour demain, mais dès maintenant, et pour demain.
Permettez-moi de saluer le secrétaire général de la CONFEJES et les présidents du Conseil national de la jeunesse, qui sont venus du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. C’est un signe de solidarité, et nous devons travailler pour qu’entre la jeunesse africaine, cette solidarité se poursuive, qu’il y ait des échanges d’expériences qui permettent d’instruire les uns et les autres sur les avancées que chacun a pu réaliser dans son pays. Cela me semble important, et je vous encourage à poursuivre dans ce sens.
Egalement, je voudrais saluer le fait que pour la première fois, des jeunes en politique ou des jeunes qui sont venus représenter les partis politiques de l’opposition et de la majorité, aient été associés à ce forum. Cela montre qu’au-delà des différences de points de vues que nous pouvons avoir, la seule base de notre unité d’action, c’est la défense du Burkina Faso et de son développement. C’est ça qui doit être notre base. Tout le reste, c’est comme je le dis souvent, ce sont des thèses libres. Notre intérêt, c’est de sauvegarder le Burkina Faso. Notre intérêt c’est de consolider la démocratie. Notre intérêt c’est de tout faire pour que notre jeunesse soit active et participe consciemment au développement de notre pays. Sur tout ce qui concerne la participation de la jeunesse, nous en parlons régulièrement. Il est évident que les attentes sont fortes et que parfois, on a l’impression que ça n’avance pas au rythme que nous voulons. Mais je tiens à préciser que pour participer à l’édification d’un Burkina Faso fort et unifié, il faut une jeunesse qui est consciente, qui est responsable et qui est formée. Sans ces conditions, nous allons participer, mais à tâtons. Il n’y aura pas de continuité dans l’action que nous menons. C’est pourquoi nous devons cultiver en cette jeunesse des valeurs. Des valeurs du respect réciproque, des valeurs de l’écoute, des valeurs de la tolérance, des valeurs de la citoyenneté, des valeurs du respect de l’Etat de droit, et la volonté de se cultiver et de se battre, pour obtenir une vie décente, où on peut s’assumer soi même.
Ces valeurs sont essentielles parce qu’aujourd’hui nous voulons avancer mais nous voulons démarrer à 150 à l’heure. Chaque jeune qui veut contribuer à l’édification du pays veut avoir tout, tout de suite et maintenant. Il nous faut savoir que la vie est un cheminement avec des succès, des échecs, des réflexions. Et c’est l’ensemble des leçons que nous y tirons qui font de nous une jeunesse consciente qui permet d’avancer dans la participation au développement économique de notre pays. Nous devons cesser de faire en sorte que la jeunesse ne soit que l’appendice. On n’a pas d’activité, on réfléchit à là où on peut avoir 50 000 ou 100 000 (FCFA, Ndlr). Et on pense que la vie va continuer comme ça. On ne peut pas vivre aux crochets des autres, il faut soi-même se construire. Il faut être clair, et nous devons travailler dans ce sens.
C’est pour dire que nous devons travailler à l’entreprenariat des jeunes. Mais là encore, il faut de la méthode. Lorsqu’on entend qu’il ya des fonds qui sont donnés pour aider les jeunes dans l’entreprenariat, la première des choses, nous devons réfléchir, monter des dossiers, faire quelque chose sur lequel nous savons que cela va apporter quelque chose dans notre activité. Nous devons être conscient qu’on n’est pas obligé de travailler tout seul. On peut se réunir pour avoir les bénéfices d’un projet consistant, qui nous permette également de recruter d’autres jeunes dans cette activité. La plupart du temps, l’expérience a montré, depuis des années, que les fonds qui sont mis à la disposition des jeunes, très peu se sont émancipés à partir de ces fonds. Parce que les gens ont pris l’argent et ils ont fait autre chose. Certains ont acheté des mobylettes, d’autres sont partis au Etats-unis. Finalement les fonds qui devraient générer des bénéfices deviennent comme des subventions politiques. Je pense qu’il faut mettre fin à cette façon de faire. On doit apprendre aux jeunes qu’ils doivent travailler avec l’argent qu’on leur donne, et rembourser afin qu’on puisse aider d’autres jeunes.
Il faut qu’au niveau des ministères on renforce l’information à l’endroit des jeunes sur les différents moyens de financement des activités, parce que l’expérience montre que les jeunes ont parfois des projets, mais ils ne savent même pas où aller négocier ou demander des prêts. Cette information est nécessaire. Le Fonds de Développement économique et social a 12 milliards pour financer les startups, dont 2 milliards par an. Il faut que les jeunes soient informés sur le contenu, et voir comment, à partir des projets innovants, ils peuvent bénéficier du soutien de ce fonds.
Ce fonds dispose également de 2 milliards pour des prêts, pour des projets, qui vont jusqu’à 50 millions de FCFA. Il faut que les jeunes aient les informations, les types de dossier à préparer, parce que c’est un travail qui doit être sérieux.
Et nous devons voir quels sont les mécanismes que nous devons mettre en place pour accompagner les jeunes dans l’établissement de leurs projets.
Par ailleurs nous avons l’Agence de financement et de promotion des PMI/PME qui, elle, fait dans la micro-finance et finance des projets entre 5 et 60 millions de FCFA. Si les jeunes ne sont pas informés sur ces différentes possibilités pour pouvoir être encadrés et pouvoir bénéficier de fonds, en ce moment là, on marche à l’aveuglette, on se plaint chaque jour alors qu’il ya des possibilités sur lesquelles, on peut déjà travailler. Et je crois si nous décidons tous, -en tant que jeunes, vous avez tous pris l’engagement d’être sérieux- de travailler à avancer, je pense que même avec le système bancaire classique, on peut mener des discussions pour bénéficier de fonds de garantie, qui permettent effectivement de bénéficier d’un accompagnement. Je crois que tout ça, ce sont des initiatives que nous devons consolider, que nous devons renforcer. Ce qui est clair, la fonction publique, elle a beau être généreuse, elle ne pourra pas recruter tous les jeunes du Burkina Faso. Nous l’avons déjà dit, il ya des projets que nous devons analyser et développer, aussi bien dans le secteur agricole, aussi bien dans le secteur de l’élevage, que le secteur des nouvelles technologies. A ce titre, nous avons un engagement que nous avons déjà discuté sur l’entreprenariat dans le domaine agricole, de 2019 à 2020, qui portera sur un montant de 158 milliards de FCFA, dans lequel le ministre de l’Agriculture devra travailler, en lien avec le ministre de la jeunesse, pour que ceux qui veulent investir dans le domaine agricole puissent le faire dans les conditions appropriées, avec le soutien qu’il faut. C’est pour dire que les possibilités d’accompagnement existent. Il faut que nous voyions comment accompagner les jeunes dans l’établissement de leurs projets, dans le suivi de leurs engagements pour que véritablement ils puissent contribuer à l’émancipation et au développement de notre pays.
Je voudrais enfin dire que jeunes que nous sommes, que vous êtes, -comme on l’a dit, la jeunesse ce n’est pas l’âge, c’est l’état d’esprit, nous aussi, on est jeune comme vous- nous devons être partout où nous sommes, dans nos provinces, des leaders. Il y a des choses simples que nous pouvons initier, mobiliser les gens. Des questions de propreté, de salubrité des villes, des questions de santé et des conseils divers, ce sont des activités, c’est vrai que ça ne donne pas de l’argent, mais c’est important pour la société, parce que nous y contribuons. Nous contribuons à renforcer la conscience des gens et c’est important.
Je voudrais également noter toutes les questions qui concernent la sécurité dans notre pays. Nous devons en être conscients, que ce soit au Burkina Faso ou dans le G5 Sahel, nous faisons face à une activité intense des terroristes, qui porte un lourd tribut humain, économique et social sur nos différents pays. Nous devons saluer et encourager nos forces de défense et de sécurité qui, chaque jour, se battent dans l’adversité, contre un ennemi qui est invisible, parce qu’il vit même au sein de la société. C’est pour cela que notre rôle est essentiel, et j’ai écouté avec beaucoup d’attention, l’engagement des jeunes à vouloir aider les forces de défense et de sécurité, tout en veillant à ce que leur sécurité soit également respectée.
Je salue cet engagement que vous prenez, et je voudrais dire que la lutte contre le terrorisme est un travail collectif. Il y a les FDS, et nous, en tant que citoyens, par tout le travail de sensibilisation, tout le travail de vigilance que nous devons développer. C’est vrai, nous sommes dans l’adversité mais je demeure conscient que, comme hier quelqu’un l’a dit, ce que nos ancêtres n’ont pas accepté que le Burkina soit, ce n’est pas avec nous que ça sera.
Malgré l’adversité que nous traversons, nous avons foi que nous vaincrons ce démon, nous avons foi que nous reprendrons la main et que nous ferons en sorte que dans la paix, le peuple burkinabè puisse travailler à son développement.
Je voudrais m’arrêter là pour vous laisser avancer vos préoccupations par région, et comme je suis assisté du Premier ministre et des ministres compétents, nous pourrons apporter des réponses à vos différentes préoccupations.
Soyez de retour dans vos différentes provinces, des vecteurs de conscientisation et de mobilisation de la jeunesse. On compte sur vous aujourd’hui et demain. Demain c’est pour vous, mais il faut poser dès aujourd’hui, les bases qui nous permettent de vous assurer un avenir meilleur.
Je vous remercie.
Retranscription: Direction de la Communication de la Présidence du Faso.
27 septembre 2019