Conformément à l’article 252 du code électoral, les Haut-commissaires (à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso) et les préfets ont convoqué durant la période du 18 au 21 juin les membres des conseils municipaux élus le 22 mai 2016, pour la mise en place des bureaux des communes. Comme on le sait, les votes n’avaient pu avoir lieu dans trois (3) communes (Zogoré, Bèguédo et Bouroum-Bouroum), suite à des violences constatées avant ou durant la campagne.
Mais si l’élection des maires centraux et du reste des membres de l’organe exécutif communal s’est généralement déroulée sans heurt dans les communes à statut particulier (Ouagadougou et Bobo Dioulasso), le processus s’est révélé plus difficile et parfois carrément violent dans plusieurs communes du pays.
En effet, bien que les scrutins devant permettre d’élire les bourgmestres se soient déroulés sous la protection de la police, de la gendarmerie et parfois des CRS, dans plusieurs localités, les votes ont été émaillés d’incidents ou de violences plus ou moins graves. Ainsi :
- A Gomboro (Sourou) : des manifestants ont envahi la salle de réunion, brulé des motos, une voiture et une partie de la mairie, tabassé et blessé grièvement le maire,
- A Kantchari (Tapoa) : les partisans de candidats concurrents déclenchent une bagarre générale qui font au moins un mort et un blessé grave ;
- A Karankasso Vigué (Houet), les bagarres consécutives au vote font deux morts
- A Soudougui, la mairie a été attaquée et brulée en partie ;
- A Kougny (Nayala) : la majorité des conseillers, revenue dans la salle après l’avoir désertée, apprenant que les votes ont été poursuivis après leur sortie, s’empare des procès-verbaux et les déchire ;
- A Boussou (Zondoma), des manifestants qui exigent que le maire soit de la ville, ont tenté d’envahir la salle des votes et de déclencher des bagarres ;
- A Gorgadji (Seno), des conseillers mécontents du non-respect par d’autres des engagements acceptés par leurs partis, en viennent aux mains, obligeant à un report du scrutin ;
- A Loumbila (Oubritenga) et à l’arrondissement 4 de Ouagadougou, des conseillers tentent de bloquer les votes en quittant la salle.
Certes, il ne s’agit que d’une dizaine de communes sur les 365 où des conseillers ont pu être élus le 22 mai dernier. Mais il faut ajouter les autres cas où l’élection des maires ou des adjoints a ensuite été contestée par des conseillers ou par la population, même si elle n’a pu être remise en cause (Pouni et Ouri dans les Balé).
Ces comportements inacceptables, qu’ils proviennent des conseillers ou des populations partisanes, traduisent des insuffisances notoires de l’esprit démocratique chez leurs auteurs, qui sont souvent manipulés par des tiers ou poursuivent des intérêts égoïstes, au détriment de leurs communes, de leurs communautés et même de leurs partis. Ils risquent d’amener le gouvernement à priver leurs communes d’exécutifs locaux démocratiquement élus, pour les remplacer par des délégations spéciales désignées.
En outre, des mairies ont été saccagées voire incendiées, des conseillers ont été menacés de mort. Parfois, on a assisté à des affrontements entre conseillers d’un même parti ou entre conseillers de partis en compétition pour le contrôle des mairies. Le comble est que des pertes en vies humaines ont été enregistrées dans certaines communes. Dans toutes ces localités, ces comportements vont déchirer pour longtemps encore, le tissu social, installer la haine et la méfiance entre les populations, compromettre l’esprit de collaboration entre les élus locaux, pourtant indispensable pour assurer le développement des communes.
Le PDS/Metba rejette et condamne ces actes de violence perpétrés à l’occasion de la mise en place de ces exécutifs municipaux. Il présente ses condoléances les plus attristées aux familles des disparus, et apporte sa compassion et son soutien aux blessés. Ces pratiques totalement inacceptables, n’honorent pas notre pays et portent atteinte à l’image de notre démocratie, citée en exemple depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Pour éviter à l’avenir ces violences dont les commanditaires et les auteurs devraient être identifiés et punis conformément à la loi, le PDS/Metba considère qu’une réflexion devra rapidement être menée sur :
- le mode de désignation du maire et des membres de son équipe afin d’éviter les manipulations et les manœuvres qui ont actuellement cours ;
- la circonscription électorale pour les élections municipales, pour éviter la course permanente à la multiplication du nombre des villages ;
- la dimension des conseils municipaux des communes rurales ou urbaines, pour permettre une gestion saine et acceptable des conseils municipaux et des conseillers ;
- la qualité des candidats aux élections municipales afin qu’ils soient en capacité de contribuer effectivement au bon fonctionnement des conseils municipaux ;
- l’organisation et le renforcement de la sécurité dans les communes, et notamment dans les villages.
Ouagadougou le 26 juin 2016
Pour le Bureau Exécutif National du PDS/Metba
Le Président
Philippe OUEDRAOGO
Agence de Presse Labor 29 juin 2016