L’Union africaine a annoncé le 29 janvier 2018 la création d’un marché unique et libéralisé pour le transport aérien sur le continent. L’objectif est d’améliorer la compétitivité entre compagnies, en leur facilitant la desserte de tous les aéroports. L’idée de ce marché aérien unique est née, il y a 30 ans à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.
La décision de l’Union africaine est historique, selon Mohamed Moussa, directeur général de l’Asecna, l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar. « Cela va certainement entraîner des économies d’échelle extraordinaires pour les compagnies aériennes et se traduire par des bénéfices pour les usagers. Une telle politique ne peut conduire qu’à la diminution des coûts de transport et à l’amélioration de la connectivité sur l’ensemble du continent. Les facilités qui sont accordées aux compagnies aériennes africaines, en libéralisant ce marché, forment une possibilité importante, qu’enfin nous soyons capables d’anticiper sur les besoins réels des usagers africains, parce que c’est le trafic qui, en perspective, est le plus important dans l’avenir. »
Une possibilité de sortir d’un endettement chronique
Mis à part des groupes comme Ethiopian Airlines, qui bénéficie d’une gestion particulière que lui accorde l’Etat, la plupart des compagnies aériennes africaines aujourd’hui sont endettées. La création du marché unique aérien sur le continent peut leur faciliter le retour à l’équilibre. Mais il y a une condition à cela, estime Mohamed Moussa. « La mise en commun des moyens. Il est évident qu’aujourd’hui, si chaque pays décide de faire sa compagnie aérienne, nous allons vers la catastrophe. Un marché unique signifie un marché organisé, avec de grands ensembles dans lesquels les intérêts des uns et des autres sont pris en compte. Il y a beaucoup de compagnies aujourd’hui autour desquelles l’Afrique peut se réorganiser. »
Un marché unique favorable aussi aux compagnies privées
La mise en commun des moyens entraînerait la diminution des charges pour les compagnies aériennes et donc la baisse des prix du billet d’avion. L’existence d’un marché unique aérien aurait pu éviter bien des tracasseries à une compagnie comme Asky Airlines, lancée il y a près de 15 ans en Afrique de l’Ouest et dont le premier vol commercial a eu lieu en 2010. Gervais Koffi Djondo, fondateur de ce groupe privé. « Lorsque Asky a commencé, Dakar a interdit qu’Asky vienne atterrir chez lui. Il a fallu que le président Macky Sall soit là et je suis allé le voir, il m’a réglé ce problème le même jour. Certains pays nous ont laissés traîner un an, d’autres nous ont laissés traîner 6 mois. Aujourd’hui ça va, même si on doit faire quelque chose, on ne le fait plus comme avant pour mettre l’autre en difficulté. »
Le marché unique aérien africain compte 23 pays à sa création, dont seulement l’Egypte pour la partie nord du continent. Autre défi pour les compagnies aériennes africaines : prendre leur part dans le trafic international. Le continent est encore aujourd’hui en marge du système aérien mondial.
Source:rfi.fr
13 Février 2018