Animateurs : Mamadou KABRE, Président du PRIT-Lannaya ; et Amadou Diemdioda DICKO, Vice-Président de l’UPC(à droite)

COVID 19″le plan de riposte révisé et chiffré à 177 milliards de FCFA, est juste une nouvelle caverne d’Ali Baba pour le régime du MPP » déclare l’opposition burkinabè

Point de presse CFOP du mardi 07 avril 2020

Déclaration liminaire

Bonjour Mesdames et Messieurs les journalistes, et bienvenue au siège du CFOP.
Nous sommes au 462ème jour du massacre de Yirgou. L’Opposition politique exige toujours justice pour le Chef, ses proches et les 210 citoyens de la communauté peule massacrés.
Avant l’entame des échanges, nous vous demandons d’observer une minute de silence en la mémoire de Moustapha Laabli Thiombiano, grand homme de médias et de culture arraché à notre affection hier lundi 06 avril.

MINUTE DE SILENCE

Le présent point de presse porte sur les sujets suivants :
– la gestion de la crise du Coronavirus au Burkina Faso,
– la crise sécuritaire
– et la suspension de salaires de fonctionnaires.
Chers journalistes,
Depuis début mars, notre cher pays fait face à la crise du coronavirus, à l’instar de plusieurs autres pays d’Afrique et du monde.
Hier lundi, nous étions à 364 cas confirmés, avec 108 guérisons et malheureusement 18 décès. L’Opposition politique souhaite prompt rétablissement à l’ensemble des malades, et présente ses vives condoléances aux familles dont des membres ont été arrachés par ce mal pernicieux.
L’Opposition politique félicite et encourage l’ensemble des agents de santé qui, malgré les conditions difficiles de travail et le manque criard de matériel, font vaillamment face au coronavirus, et permettent que des Burkinabè infectés en guérissent.
L’Opposition félicite particulièrement le Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (CORUS), structure qui pilote la gestion de la crise dans notre pays.
Pour mieux contrer la progression du Covid 19 au Burkina Faso, le Chef de l’Etat a pris des mesures, notamment la fermeture des frontières, le couvre-feu, la fermeture des marchés et des débits de boisson, etc. Plus tard, il a pris des mesures d’accompagnement des entreprises et des couches sociales vulnérables, à travers son adresse à la nation du 02 avril 2020.
L’Opposition politique a pris acte de ces décisions restrictives prises par le Président du Faso. Elle note, du reste, que notre Gouvernement qui annonçait qu’elle était prête à affronter le coronavirus, n’était pas du tout préparée. Les décisions reflétaient plus e tâtonnement, l’improvisation et la contradiction.
Concernant les mesures d’accompagnement prises par le Président Roch Marc Christian KABORE, l’Opposition politique formule ces observations :
-l’écrasante majorité des Burkinabè, c’est-à-dire les paysans, a été royalement ignorée.
-Le Président a passé sous silence la brulante question de l’IUTS sur les primes et indemnités.
-Rien n’a été dit concernant les salaires suspendus suite à la dernière grève générale de la Fonction publique.
-Les mesures s’étendent à fin juin, alors que rien ne nous garantit que la lutte ne serait pas plus longue.
-Aucune décision d’accompagnement ou d’encouragement n’a été prise concernant les agents de santé, intrépides soldats qui luttent contre le COVID 19.
-Rien n’a été dit sur l’avenir des élèves, des étudiants et des stagiaires, à l’approche des dates habituelles des examens scolaires. Idem pour les enseignants et les fondateurs d’établissements d’enseignement privés qui souffrent de cette fermeture anticipée.
-Aucune vision ne se dégage du discours présidentiel, tendant à éviter la crise économique qui se profile à l’horizon, avec son corollaire de chômage et d’instabilité.
De façon globale, les mesures annoncées par le Président du Faso vont soulager certaines couches sociales juste pour 3 mois, mais n’éviteront ni à beaucoup d’entreprises de tomber en faillite, ni au Burkina Faso de connaitre de graves tensions de trésorerie.
Pire, le plan de riposte révisé et chiffré à 177 milliards de Francs CFA, est juste une nouvelle caverne d’Ali Baba pour le régime du MPP. Dans ce document rendu public, plus de 121 milliards de Francs CFA sont prévus pour l’hébergement de 133.000 malades du coronavirus dans des hôtels pendant 14 jours. Soit 50.000 Francs de frais d’hôtel et 15.000 Francs de frais de restauration par malade et par jour.
Les vrais hôteliers emploient beaucoup de Burkinabè, payent l’impôt convenablement, et participent immensément à la construction et au rayonnement du Burkina Faso. Le nœud du problème avec ce budget de riposte du MPP, c’est que les vrais hôteliers n’auront pas les marchés.
Tout comme les marchés d’infrastructures PPP que les caciques du MPP ont distribué à leurs copains et parents, ces milliards seront distribués dans le cercle restreint des gourous du MPP.
Il ne restera plus que 56,97 milliards pour les autres dépenses. Là encore, plus de 18 milliards de francs seront affectés à la coordination, contre seulement 250 millions à la recherche. La communication, quant à elle, engloutit plus d’un milliard de francs, pendant que l’équipement est pratiquement à l’oubli.
Piller au maximum un pays au bord du gouffre, s’enrichir dans la maladie et le deuil: tel semble être le crédo de ce régime de la désolation.
Au regard de la mauvaise foi évidente qui entoure ce budget, l’Opposition politique demande son annulation, et l’élaboration d’un budget tenant réellement compte des préoccupations des citoyens.
Le meilleur remède contre le coronavirus à ce jour demeure le confinement. Mais, comment voulons-nous confiner une population qui vit au jour le jour ? Pour nous, il faut commencer par subventionner massivement les denrées de grande consommation: céréales, huiles, sucre, savon, dont le prix a connu d’ailleurs une augmentation significative ces derniers jours.
En ce qui concerne l’hôtellerie qui est en souffrance actuellement, l’Opposition demande qu’un véritable plan Marshall soit mis en place pour sauver l’ensemble des établissements hôteliers, y compris ceux dont les propriétaires ne font pas la politique, ou ne sont pas proches du Pouvoir en place.
L’Opposition politique demande aux Burkinabè, à l’ASCE, et aux OSC de lutte contre la corruption, de se mobiliser pour empêcher que le régime du MPP ne se serve pas du Coronavirus pour piller encore les maigres ressources qui restent à notre pays. Il y va de la survie du Burina Faso, et de ce que nous souhaitons laisser à nos enfants comme héritage.
Pour sa part, en plus des dénonciations et de la sensibilisation citoyenne, l’Opposition politique a collecté une somme d’argent qui servira à faire un don très bientôt pour contribuer à la lutte contre le coronavirus dans notre pays.
Mesdames et Messieurs,
Alors que le Burkina Faso est concentré sur la lutte contre la maladie à coronavirus, nous craignons que les terroristes n’en profitent pour causer plus de dégâts. Les nouvelles du front font état de ce que nos braves FDS infligent de lourdes pertes à l’ennemi. Mais, nous apprenons aussi, hélas, que des FDS, des volontaires de sécurité et des civils tombent. Que leurs âmes reposent en paix !
Dans ces conditions, les populations attaquées sont obligées de fuir. Le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) dénombre ainsi, à la date du 25 mars 2020, plus de 838.000 déplacés internes. Le risque de famine, d’épidémies et d’autres drames devient plus élevé.
C’est le lieu pour l’Opposition d’interpeler le Gouvernement et l’ensemble des forces vives de la Nation, sur la nécessité de consacrer une bonne partie de notre énergie à la lutte contre l’insécurité, et à la défense de l’intégrité territoriale du Burkina Faso. En outre, l’élan de solidarité à l’endroit de nos frères et sœurs déplacés ne doit pas faiblir, malgré les nouvelles épreuves qui émergent.

Chers amis de la presse,
Au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée le 31 mars dernier, une coalition de syndicats œuvrant contre la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs, a dénoncé des retenues et suspensions illégales de salaires de fonctionnaires.
Ces sanctions abusives ont eu lieu à la suite de la grève générale du 16 au 20 mars dernier, contre l’application de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur les primes et indemnités des agents publics.
Ainsi, selon la Coalition, 675 agents, essentiellement de l’Education nationale, ont vu leurs salaires suspendus en violation des textes.
L’Opposition politique condamne cette attitude jusqu’au-boutiste du Gouvernement. En effet, pendant que le Coronavirus et l’insécurité secouent le pays, un Gouvernement responsable devrait plutôt œuvrer à aplanir les divergences, à obtenir l’union sacrée de tous. C’est ce qui s’est fait dans d’autres pays, avec des résultats probants.
Nous demandons solennellement au Gouvernement de renouer le Dialogue avec les syndicats, de supprimer purement et simplement l’IUTS sur les primes et indemnités, et de rembourser avec diligence les salaires retenus. C’est à ce prix qu’il y aura un retour à la sérénité dans l’Administration.
Mesdames et messieurs, c’est tout pour notre déclaration liminaire. Merci pour votre constante attention. Nous sommes disponibles pour apporter des réponses à vos questions.

08 avril 2020

 

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