La Côte d’Ivoire se dote d’un nouveau gouvernement après la dissolution du précédent le 4 juillet dernier. Une équipe gouvernementale élargie, passant de 35 postes de ministre et de secrétaires d’Etat à 41. Cependant, pas de grand changement par rapport au gouvernement précédent, il s’est simplement ouvert à des personnalités favorables au parti unifié, cher au président Ouattara. Ce projet est source de tensions entre le RDR du président Ouattara et son allié au sein de la coalition au pouvoir, le PDCI d’Henri Konan Bédié. Malgré les tensions, tous les ministres du PDCI ont été reconduits. Dix nouvelles personnalités favorables au parti unifié font leur entrée.
Comme attendu, ce nouveau gouvernement fait entrer des personnalités issues des petites formations politiques de la coalition au pouvoir qui ont accepté le projet de parti unifié en vue de la présidentielle. Elles sont au nombre de 4, parmi lesquelles Albert Toikeusse Mabri, le président de l’UDPCI, qui est nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Mais le véritable enjeu était de savoir quelle place serait réservée aux membres du PDCI, le parti d’Henri Konan Bédié. Malgré les tensions, la totalité des 10 ministres du PDCI a été reconduite, même s’ils ont parfois changé de portefeuille.
Cela n’est pas tellement surprenant : le 3 juillet, à la veille de la dissolution du gouvernement la quasi-totalité d’entre eux s’était désolidarisée de la ligne de leur parti et avaient appelé à une mise en place rapide du PU comme le souhaite le chef de l’Etat ivoirien. Trois nouvelles personnalités du parti d’HKB, réputées pro-parti unifié font aussi leur entrée.
À noter qu’un proche de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale, qui entretient des relations compliquées avec le chef de l’Etat ivoirien, fait son entrée dans le nouveau gouvernement. Il s’agit de Sidiki Konate nommé ministre de l’Artisanat.
2020 dans l’objectif
Avec ce nouveau gouvernement très politique et dont le nombre de portefeuilles passe de 35 à 41, le président Ouattara tente d’élargir ses soutiens à deux ans de la présidentielle.
Pour le politologue ivoirien Sylvain N’Guessan, Alassane Ouattara opère un « passage en force » dans le but de faire plier son allié sur la question du parti unifié.
Dans cette « guerre des nerfs », « il ne semble pas qu’un coup fatal ait été porté dans un sens comme dans un autre », nuance l’analyste politique Jean Alabro. « Reste à voir dans les jours ou semaines à venir quelle sera la réaction du PDCI ».
Source:rfi.fr
13 Juillet 2018