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CENI du Burkina : quelle solution au piège de blocage de l’opposition pour la mise en place du nouveau bureau de la commission électorale?

Commentaire

La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) du Burkina Faso,  devrait procéder le 15 juillet 2021, à la mise en place de son nouveau bureau.Le vote est reporté au 19 juillet , dans l’optique d’une solution au boycott opéré par l’Institution du Chef de File de l’Opposition Politique (CFOP) , qui récuse la désignation d’un chef coutumier presenti comme président de la CENI et supposé proche du parti au pouvoir , malgré son appartenance à la société civile.Un véritable défi lancé par l’opposition à la majorité présidentielle,  à résoudre avec tact,  pour éviter une crise politique,  qui pourrait compromettre la sérénité des élections municipales de 2022.

La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) du Burkina Faso, se compose de trois entités (Majorité, Opposition, Société civile). La rotation se fait entre ses composantes pour le choix du président de la CENI.Dès la désignation des 15 membres de l’instance électorale, l’Institution du Chef de File de l’Opposition Politique (CFOP) a crié au scandale, en suspectant un chef traditionnel membre de la société civile, d’être inféodé au parti au pouvoir.Pour cette raison, les représentants de l’opposition ont décidé de boycotter la CENI tant que ce chef

n’est pas remplacé.Bien que le quorum ait été atteint le 15 juillet 2021(9 /15 commissaires CENI) ,le ministère de tutelle,en l’occurrence celui de l’Administration territoriale, a préféré reporter le scrutin de la mise en place du bureau , pour le 19 juillet 2021.

Que faire ?

Plusieurs cas de figures sont possibles pour pallier le blocage de la CENI.

Primo, la majorité présidentielle peut accéder à la requette du CFOP pour le remplacement du chef coutumier contesté par une autre personne de la société civile non visiblement acquise à la cause du parti au pouvoir.

Secundo, le CFOP revient sur sa décision de boycott de la CENI en ne récusant plus le coutumier, mais compte sur la vigilance de ses commissaires pour dénoncer toute tentative éventuelle de manipulation des résultats électoraux par tout président de la CENI au profit d’un parti politique.Des actions de dénonciations avec des preuves irréfutables de fraudes, peuvent aboutir à l’invalidation des résultats d’élections pour une reprise partielle ou totale.

Tertio, le gouvernement décide de faire fi des doléances du CFOP et désigne des représentants de partis d’opposition non affilés au CFOP pour siéger à la CENI.

La troisième option sera source d’une crise politique profonde , au regard de la force de mobilisation du CFOP,  qui a suscité des insomnies chez des acteurs du pouvoir lors des mots d’ordre de marches-meetings contre la gouvernance sécuritaire du pays les 3 et 4 juillet 2021.La forte mobilisation des populations à cet appel de l’opposition , devrait servir de baromètre pour le pouvoir,  afin d’éviter des actions de passage en force , qui risquent de mettre le front social dans une ébullition, dont l’issue ne saurait être maitrisable.

Dans le contexte sécuritaire délicat du Burkina et aux conséquences de la crise sanitaire de la covid 19 , avec des effets de renchérissement des prix des produits de grande consommation,les populations éprouvent un sentiment général d’un ras-le-bol.Aussi,les moindres actions de protestations de l’opposition ou des syndicats,  sont susceptibles de mobiliser des foules.Cela ne veut pas dire  systématiquement,  que l’opposition a plus de militants ou de sympathisants que la majorité présidentielle.Mais ce sont des crises socio-économiques en défaveur du pouvoir, qui a intérêt à les gérer avec tact,  sans arrogance aucune, au risque de ne pouvoir maitriser le développement exponentiel éventuel de la crise.

Collusion entre chefs traditionnels et politiciens

Les partis politiques burkinabè de la majorité et de l’opposition , ont souvent négativement instrumentalisé les chefs coutumiers,  en les impliquant dans leurs actions partisanes de compétitions électorales.Ce fait,  a beaucoup contribué à la perte de crédibilité de nombreux coutumiers , qui ont dévié de leurs rôles de sages,garants de la cohésion sociale dans leurs communautés.Quant le chef traditionnel est du pouvoir ou de l’opposition, il est tenté d’influencer ses administrés pour la cause de son parti , dont il tire des avantages économiques et parfois électifs.Lors des campagnes électorales, partis de la majorité et de l’opposition , rivalisent dans la démonstration du nombre de chefs traditionnels militants ou sympathisants de leurs partis,  en les plaçant aux premières places assises dans des salles de conférence et de tribune publique.Dans l’esprit et la lettre de loi portant composition de la CENI, les religieux,coutumiers,OSC sont classés dans la société civile.Mais dans la réalité des faits, quand les partis politiques en arrivent à coopter des coutumiers,ces derniers perdent légitimement leur statut de société civile au profit de parti politique.

La nécessité s’impose de délimiter clairement les frontières pour éviter les cas de collusion dommageable.Tous les chefs traditionnels engagés politiquement de façon ostentatoire, ne méritent pas de revendiquer une appartenance à la société civile.Le fameux statut en souffrance de la chefferie traditionnelle, visait à mettre ces garants de la tradition en dehors du jeu politique partisan.Les réticences tant au niveau interne des coutumiers,  que des acteurs politiques, empêchent l’adoption de ce statut.

Dans la conquête des adhésions de chefs coutumiers aux partis, majorité et opposition jouent au chien et au chat.Voulez-vous savoir qui des deux tendances est chien ou chat ? Question digne d’intérêt.C’est tantôt l’une  et l’autre des deux entités.C’est bonnet blanc, blanc bonnet.

Jean KY

Laborpresse.net          16 Juillet 2021

 

 

 

 

 

 

 

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