Un traquenard, c’est un piège. Mais attention : pas n’importe lequel. Le mot est sinistre, il évoque un piège tout spécialement bas, vil, mesquin, Parce qu’il évoque à la fois la ruse et la perfidie ; le désir de nuire lié à la dissimulation, à la tromperie et au mensonge. Tout ça n’est pas très noble tout cela, pas vraiment joli joli ! Mais quand on parle de traquenard, on pense toujours à une préméditation pour faire du tort à quelqu’un. On aura mûrement réfléchi aux façons de le faire tomber.
On pense bien sûr que le mot est de la famille de « traquer ». C’est un mot de la chasse au départ : traquer, c’est suivre la piste d’un animal pour le rattraper, le coincer, lui couper toute retraite, le réduire à sa merci. Alors, on aurait pu penser que le traquenard était un genre de piège. En fait pas du tout ! Les deux mots n’ont rien à voir et le traquenard qui vient des langues du sud de la France, de la langue d’oc, du gascon, alors que traquer vient peut-être du néerlandais. Et le traquenard vient au départ du langage technique des spécialistes de chevaux : il désigne un pas inégal.
Et cette boiterie a fini par être associée à une image du diable. Au moyen âge, on parle du Traquenard saint Michel, étonnante association d’un saint vénéré qui peut servir de masque, d’inverse : inversé, il est aussi diabolique que saint Michel pouvait être saint. Et puis le mot est passé dans le vocabulaire de la chasse probablement en relation avec justement cette traque à laquelle il ressemble.
Si un traquenard est donc une situation organisée pour piéger quelqu’un. On parle parfois d’une machination, ou encore, de coup monté.
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Yvan Amar
Source:rfi.fr