Vingt ans de prison et 329 milliards d’amendes pour avoir fait ouvrir les coffres de la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest en pleine crise post-électorale de 2010-2011. C’est le verdict prononcé vendredi 19 janvier 2018 par le président du tribunal qui jugeait notamment l’ex-président Laurent Gbagbo et trois de ses ministres. Compte-rendu d’audience.
Vingt ans de prison et 329 milliards d’amende CFA (500 millions d’euros) à payer à l’Etat ivoirien : la peine prononcée par le président du tribunal, Sombé Méïté, est lourde.
Quatre principaux accusés: l’ex-président Laurent Gbagbo et trois de ses ministres -l’ex-Premier ministre Gilbert Aké N’Gbo, l’ex-ministre des Finances Désiré Diallo et Koné Katinan ex-ministre du Budget- condamnés pour avoir au moment de la crise post-électorale de 2010-2011 donné l’ordre d’ouvrir les coffres des agences de la BCEAO, la Banque centrale ouest-africaine alors que l’institution sous-régionale avait pour consigne de bloquer les comptes de l’Etat ivoirien.
Pour maître Mathurin Dirabo, leur défenseur, cette condamnation n’est pas une surprise. « Pour moi, c’est le lot quotidien. Je ne suis même pas surpris parce que j’aurais beau plaider le droit, je sais que les condamnations à vingt ans ou à vie sont inscrites… C’est si on les avait acquitté que j’aurais été étonné ! »
Pour l’avocat de l’Etat ivoirien, « c’est une bonne décision. La casse de la BCEAO est un fait très grave ! Que des personnes aillent avec les forces de l’ordre ouvrir de force les caisses d’une banque aussi prestigieuse, c’est du banditisme en col blanc ! »
Les avocats de la défense ont annoncé qu’ils faisaient appel.
Etrangement, si Laurent Gbagbo est à la CPI (à La Haye) et Koné Katinan en exil au Ghana, les deux condamnés présents hier au palais de justice sont ressortis libres. Aucun mandat d’arrêt n’a été délivré à l’issue du jugement.
■ Une décision de justice peu commentée dans la presse ce vendredi
La presse ivoirienne du jour n’a pas l’air passionnée par le sujet outre mesure. Vingt ans de prison pour Laurent Gbagbo et ses ministres, une décision qui a jeté l’émoi chez les partisans de l’ex-président, venus nombreux au procès hier, souligne le quotidien L’Inter. Tandis que Notre voie, un journal d’opposition, n’en parle même pas dans ses colonnes. Sans doute pour des questions de délais de bouclage. L’autre quotidien de la presse bleue – Le Temps – indique pour sa part que les deux ministres présents, Gilbert Aké N’Gbo et Désiré Diallo, purgeront leur peine à la maison. Aucun mandat de dépôt n’ayant été délivré à l’issue du procès.
Cette condamnation n’a pas l’air de subjuguer le quotidien gouvernemental Fraternité Matin, qui ne l’évoque pas dans ses colonnes aujourd’hui, tout comme Le Nouveau Réveil, le journal du PDCI. Le Patriote, pour sa part, écrit, lui, que la lourde peine de vingt ans de prison contre les quatre accusés est conforme au réquisitoire du procureur. Enfin, L’Expression rapporte que l’avocat de l’Etat ivoirien estime qu’il s’agit d’une belle décision et que l’amende de 329 milliards de francs CFA permettra, espère maître Coulibaly, à l’Etat ivoirien de récupérer l’argent perdu. L’avocat qui conclut, en déclarant qu’une telle condamnation sanctionne ce qu’il qualifie « de banditisme à col blanc ».
Source:rfi.fr
22 janvier 2018