Billet
La junte militaire qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré le lundi 24 janvier 2022 par un putsch à ovation populaire, a décidé de suspendre la constitution jusqu’à nouvel ordre.
Décidément, l’abracadabrantesque Constitution de la 4è république continue d’être vulnérable aux attaques pronunciamientistes répétitives au Burkina Faso.Les multiples tripatouillages qu’elle a subis sous le régime du président Blaise Compaoré, sont assimilables à des putschs constitutionnels.Elle a été suspendue suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, synonyme de coup d’Etat par l’armée pour un régime de transition.Dans l’intervalle d’ année, elle fut éphémèrement suspendue par le putsch du 15 septembre 2015 du général Gilbert Diendéré avant d’être ressuscitée une semaine après (17 septembre au 23 septembre 2015). Elle n’a pas pu être ressuscitée au 3è jour comme Jésus.Pendant que se déroule la 33è édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Cameroun, le jour même où le Burkina Faso s’est qualifié pour les 1 /4 de finale en battant le Gabon par des tirs aux buts ,l’armée pour sa part a décidé de décerner un carton rouge à la Constitution pour l’exclure temporairement de la compétition politique comme si elle avait été testée positive à la covid 19.
Le lieutenant-colonel putschiste Paul-Henri Sandaogo DAMIBA et ses disciples d’Emmaüs ,pardon ses disciples des casernes aux tirs aux buts,non, tirs d’obus,annoncent de bonnes intentions au départ, à savoir restaurer la souveraineté du territoire en proie aux attaques terroristes et veiller à une gouvernance vertueuse, conformément à l’image d’intégrité jadis reconnue au peuple burkinabè.
C’est au pied du mur que l’on reconnait le bon maçon, a-t-on coutume de dire. Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR),l’organe politique de la junte militaire burkinabè promu le 24 janvier 2022, promet une concertation élargie avec les couches sociales du Burkina Faso pour mener à bon port une transition dans un délai raisonnable.Ce délai ne pouvant avoir une concordance avec les dispositions de 3 mois de la Constitution,cela justifie entre autres les motifs de sa suspension.La précédente transition de 2015 avait une durée d’un(01) an.Il reste à trouver un modus vivendi pour remettre le Burkina Faso sur les voies institutionnelles républicaines.L’impératif demeure l’éradication du terrorisme.En effet, aucun régime civil ou militaire ne saurait gouverner durablement le pays si les attaques terroristes meurtrières persistent.En réalité, c’est le terrorisme qui a fait chuter le président Kaboré.La population burkinabè, particulièrement sa frange jeune aux réflexes révolutionnaires, n’a peur ni d’obus , ni d’embastillements pour exiger la démission de tout président jugé incapable d’estomper le terrorisme sur le territoire.Les politiciens tombant facilement dans l’amnésie à la faveur des avantages financiers et matériels de la gestion du pouvoir, ne tirent pas judicieusement leçons de l’histoire des peuples.Les jeunes officiers du MPSR ne devraient pas commettre les mêmes des régimes déchus du pays par ces tares auxquelles s’ajoutent la gestion clanique du pouvoir au mépris des intérêts collectifs.
Oscar Félix Diakité
Laborpresse.net 27 Janvier 2022