EDITORIAL
L’attente des scrutins présidentiel et législatif couplés pour le 29 novembre 2015 au Burkina Faso se fait dans une ambiance de moult questionnements sur le climat qui pourrait prévaloir à la proclamation des résultats provisoires escomptés par la Commission électorale nationale indépendante(CENI) le 30 novembre 2015.Le principal enjeu se situe au niveau de l’élection présidentielle censée apporter une alternance démocratique au peuple burkinabè après 27 ans de règne absolu du président Blaise Compaoré.Sur les 14 candidats en lice,chacun prétend être l’heureux élu le 29 novembre pour s’installer à Kossiam,le palais présidentiel burkinabè.Pendant la campagne présidentielle(8 au 27 novembre 2015),beaucoup de candidats se rendus compte de leur audience réelle auprès des populations.Pour d’aucuns,c’est la confirmation de leur côte de popularité.Pour d’autres,la désillusion est totale de constater que les propos flatteurs de leurs amis et larbins sur leur poids électoral s’avèrent plus comme des mirages.La panique et la confusion ont commencé à se manifester dans les états majors de plusieurs partis et la question qui traumatise certains ,porte sur le sort qui leur serait réservé si l’ échec se confirmait au scrutin présidentiel.Cette psychose ne devrait pas exister si les acteurs de la classe politique étaient réellement animés par un esprit démocratique.Car,tous devraient reconnaître la victoire du président élu si le scrutin s’avère transparent sans aucune manipulation des suffrages réels.L’alternance démocratique du Sénégal devrait pouvoir servir de modèle pour le Burkina.En effet,en l’année 2000,le président Abdou DIOUF ayant constaté sa défaite face à Abdoulaye WADE ,a téléphoné à ce dernier dès le lendemain des votes et l’a félicité pour sa victoire éclatante.Les résultats étaient progressivement annoncés par les médias(radios,journaux,télévisions) sénégalais à tel point que les citoyens constataient au ryhme des dépouillements que le PDS de Me Abdoulaye Wade avait de l’ascendant sur ses rivaux dans la course à la présidentielle.Avec le développement exponentiel de la presse burkinabè,ce scénario de publications instantanées des résultats provisoires au fur et à mesure des dépouillements, se fera à travers les médias à tel point que l’opinion publique aura une idée approximative sur le candidat favori de la présidentielle du 29 novembre 2015, dans l’attente des résultats provisoires de la CENI le lendemain.Tous ceux qui seraient tentés par des manœuvres pour tricher en leur faveur ou utiliser la foule pour des contestations injustes et partisanes devront comprendre qu’ils n’échapperont pas aux conséquences de leurs sales besognes car ,le peuple burkinabè en a ras –le- bol du système des fraudes électorales.Dans le climat des élections couplées du 29 novembre 2015,la scène politique nationale se trouve essentiellement bipolarisée avec des alliances officielles et latentes qui se tissent autour de ces deux pôles.Cette logique des alliances qui se renforce dès le premier tour du scrutin présidentiel pourrait même écarter la perspective d’un second tour.Le poids de la balance électorale serait ainsi susceptible de permettre à un candidat de franchir la barre de la majorité absolue(51%) dès le premier tour .
L’erreur monumentale que l’heureux président du Faso élu le 29 novembre 2015 devrait éviter, c’est la folie des grandeurs et la myopie politique en croyant qu’il peut gouverner seul le Burkina Faso post insurrectionnel avec son parti ,ses amis et courtisans.La sagesse et la clairvoyance voudraient que le président élu forme un gouvernement d’union nationale où siégeront au moins les principaux partis signataires de la charte de transition,ceux de l’ex majorité et certains acteurs de la société civile.Par contre,si le président élu veut gouverner avec une autarcie dictatoriale,il risque de ne pas avoir une période de grâce de 6 mois car, les revendications politiciennes et corporatistes animeront la rue et l’empêcheront de dormir à points fermés.
Le peuple burkinabè dans sa quête de démocratie et de justice sociale ne vise pas des règlements de compte et des vengeances aveugles comme certains politiciens qui véhiculent cette culture de haine viscérale et de violence.La preuve,durant la campagne électorale ,les populations du Burkina ne se sont pas laisser influencer par les politiciens mal inspirés qui tentaient de se faire un électorat sur la base religieuse et ethnique.Le vaillant peuple du Faso a continué de démonter qu’il n’existe pas de conflit,ni de discrimination entre les religions et la soixantaine d’ethnies qui cohabitent harmonieusement dans des liens de mariages mixtes au Burkina.Honte donc aux politiciens ségrégationnistes qui feraient mieux de revenir à de meilleurs sentiments.
Pour les victimes des violences politiques dont l’état des lieux a été fait par la commission de la réconciliation nationale,il convient de savoir que le besoin de justice ne saurait se confiner essentiellement à des peines capitales .Les blessées et familles endeuillées méritent non seulement la vérité mais aussi et surtout des dédommagements conséquents dont le seuil ne doit pas se situer en dessous de 10 millions de FCFA par victime.Le gouvernement de la transition en décidant de la prise en charge de la scolarité des orphelins de l’insurrection populaires a trouvé une bonne option.Mais,c’est du côté des dédommagements qu’il convient de revoir les choses car, les aides de 200.000 F CFA et micros crédits de 150.000 F CFA ne peuvent pas permettre à une famille qui a perdu un membre qui était son pilier et son espoir de pouvoir combler symboliquement le gap ainsi crée dramatiquement.
Le profil idéal pour le président du Faso du 29 novembre 2015 se décline autour des valeurs de la modestie,de la tolérance,de l’écoute, du consensus,du sens du partage du pouvoir et des fruits de la croissance pour le peuple burkinabè dans son ensemble.Cette tache n’est pas au delà des facultés des 14 candidats à la présidentielle 2015 qui ont tous magnifié ces vertus cardinales tout le long de la campagne électorale.Il reste donc à joindre l’acte à la parole(res non verba).
Agence de Presse Labor 24 novembre 2015