Billet
Le Premier ministre burkinabè,Paul Kaba THIEBA,lors d’une conférence de presse le 10 janvier 2018 ,s’est prononcé sur les grèves et revendications du personnel de l’enseignement. Le chef du gouvernement a fait savoir, que les capacités du budget national ne permettent pas d’honorer la requête d’un statut autonome de l’éducation dont, l’incidence financière est estimée à au moins 50 milliards de FCFA par an. En 2012, la masse salariale des fonctionnaires burkinabè se situait autour de 340 milliards de FCFA. Ce montant a quasiment doublé en 5 ans, pour atteindre près de 630 milliards de FCFA en 2018. Une inflation salariale, qui crée des difficultés au Burkina à sortir de l’irrégularité vis -à -vis de la norme de l’Union économique et monétaire ouest-africaine(UEMOA).Cette norme, stipule que les salaires des agents publics ne doivent pas dépasser 35% des recettes fiscales. Malgré les politiques de pression fiscale, les services des impôts ne sauraient parvenir , d’un coup de baguette magique, à collecter des recettes miraculeuses, pour composer ce gap, en raison des difficultés économiques des entreprises, qui sont dans un marasme général depuis 2013.Les conséquences du non-respect de la norme communautaire, peuvent se traduire par des difficultés pour la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest(BCEAO), à approvisionner conséquemment le Burkina en devises .De même, cette situation peut aussi susciter des réticences auprès de certains bailleurs de fonds du Burkina, dont les aides et appuis budgétaires, sont décaissés en fonction des efforts réalisés par le Burkina ,en matière de bonne gouvernance .Ce qui induit une mobilisation de recettes fiscales .Pendant ce temps, les revendications syndicales tous azimuts pour des hausses salariales, ne permettent pas d’établir ces grands équilibres macro-économiques. A force de contraindre les services des impôts à élargir de façon exponentielle l’assiette fiscale, le risque encouru de la casser est indéniable. Conséquences, il n’y aurait plus de recettes fiscales suffisantes, faute d’entreprises contribuables viables .La faute d’une telle impasse, incombera à la minorité bruyante de moins de 200.000 fonctionnaires, qui veut tout accaparer au détriment de plus de 18 millions de Burkinabè. Une telle situation, pourrait entrainer des difficultés pour le trésor public, à payer les salaires de fonctionnaires gourmands, qui en voulant trop, auront tout perdu et accuseront des arriérés de salaires, comme ce fut le cas dans certains pays.
Il faudrait savoir raison garder, pour éviter des revendications maximalistes séances tenantes et privilégier des dialogues et négociations sur le moyen et long terme, avec des résultats réalistes. La qualité des leaders syndicats, ne se mesure pas à leur capacité subversive et à l’agitation fébrile dans les médias, pour donner la fausse impression, d’être les seuls patriotes détenteurs de la vérité. La crise de l’éducation est très sensible et les enseignants, même en ayant raison sur certains points, doivent tout mettre en œuvre pour que les cours reprennent dans la sérénité. Les acquis et progrès syndicaux, se mesurent sur le long terme et non dans l’improvisation digne d’élèves fainéants et turbulents. Les fonctionnaires doivent revenir à de meilleurs sentiments, pour s’inscrire dans le statut général de la Fonction publique, avec des améliorations de rémunérations et abandonner la gangrène des statuts particuliers, qui risquent d’entraîner des difficultés pour l’Etat à assurer le paiement régulier des salaires des agents publics.
Par contre, il est du devoir pour le gouvernement de régulariser le mandatement de près de 20.000 agents nouvellement recrutés en souffrance depuis 2016, ainsi que l’avancement d’environ 25.000 autres fonctionnaires.
Bérenger Traoré
12 janvier 2018 Laborpresse.net