Billet
Le Burkina Faso, semble passer maître dans l’art de créer des structures sans y mettre les moyens adéquats de fonctionnement.La Haute Cour de justice qui prétendait être prète pour juger les membres du dernier gouvernement du régime du président déchu Blaise Compaoré, semble avoir mis la charrue avant les bœufs.Elle est allée solliciter l’appui du chef de l’Etat le 31 Août 2021 , dans l’optique de disposer de moyens nécessaires pour mener ses jugements.
La Haute Cour de Justice, instance habilitée à juger les personnalités de l’exécutif au Burkina Faso, n’a visiblement pas les moyens de sa politique.Elle se confond en jérémiades pour annoncer son manque de moyens logistiques et financiers, surtout pour la conduite des procès.Sans citer explicitement les procès concernés, l’opinion publique se souvient de l’effet d’annonce médiatique qu’elle a suscité , en insinuant que la tenue du procès du dernier gouvernement Compaoré est imminent.Le ministre en charge de la réconciliation, a distillé cette information comme par des trompettes de Jéricho.Mais voilà que les responsables de la Haute Cour, jouent ensuite aux talibés en tendant la sébile au président du Faso et au chef du Parlement, pour la recherche de solutions à son déficit de moyens matériels, financiers, infrastructurels et en ressources humaines.Avec tout ce qui fait ainsi défaut, ça se dit prête à juger.Le risque de jugements bâclés, politisés , n’est donc pas à écarter dans de telles conditions où les charrues sont mises avant les bœufs.L’argument selon lequel certaines personnalités souhaiteraient être jugées pour définitivement situer sur leur sort, ne saurait servir d’alibis pour des jugements au forceps.Logiquement, si le président du Faso,Roch Kaboré promet saisir le président Bala Sakandé de l’Assemblée nationale sur les moyens à mettre à la disposition de la Haute Cour, cette action devrait suivre la voie de budgétisation normale.Il faudrait attendre la session budgétaire du dernier trimestre 2021, pour voter un budget conséquent pour cette juridiction.Ce qui ne permettrait pas la tenue du fameux procès en 2021,car il faudrait attendre 2022 pour l’exécution du budget de cette année indiquée.A moins que les politiciens de l’exécutif et du législatif, ne fassent de l’alchimie pour trouver des ressources dans des caisses noires et autres cantines d’Aliba Baba, pour forcer la tenue du procès et accuser de rage , tous les chiens que l’on voudrait noyer politiquement.A l’heure de la transparence budgétaire devenue un refrain universel pour gouvernants et gouvernés ici au Faso, où l’on est vite enclin à juger autrui, sans montrer soi-même le bon exemple, il reste à voir comment et quand , les moyens déficitaires à la Haute Cour de justice, lui seront accordés.Si les membres de la Haute Cour de justice prêtent le flanc,ils pourraient être eux-mêmes jugés à l’avenir.Attendons de voir la suite d’un feuilleton, où des gouvernants qui ne sont pas eux-mêmes irréprochables , veulent jouer aux saints.Juger un gouvernement dans une affaire d’insurrection , sans juger des insurgés pyromanes qui ont aussi contribué à mettre le pays à feu et à sang, on verra bien de quel type de pont bascule , dispose la Haute Cour de justice pour rendre une justice partiale.Quand un procès est injuste, l’histoire le redresse tôt ou tard.Les faits sont historiques,probants et non falsifiables.
Oscar Félix Diakité
Laborpresse.net Samedi 04 Septembre 2021