Billet
Franchement, le gouvernement burkinabè sous le régime Kaboré, cherche inutilement des problèmes là où il y a en ! La persistance du gouvernement à maintenir le couvre-feu, suite à la levée de certaines restrictions comme la reprise des transports sur le territoire burkinabè, l’ouverture des marchés, restaurants et bars, ne répondait plus à une logique valable. L’allègement des restrictions avec les fortes recommandations de mesures de protection individuelle et collective des citoyens contre le coronavirus, s’avère une option raisonnable pour permettre aux populations de mener leurs activités vitales pour éviter une paralysie économique très néfaste du pays.
Près d’un mois durant, les citoyens ont attiré l’attention du gouvernement sur la nécessité de lever le couvre-feu (21h à 4h) , pour permettre l’exercice des activités commerciales de nuit. Le gouvernement continuait de faire la politique de l’autruche. Le ras –le bol des populations montait crescendo face à l’obstination des autorités. L’on se demandait finalement si le maintien mordicus du couvre-feu sur l’ensemble du territoire, n’était pas pour des raisons inavouées d’ordre sécuritaire lié à la lutte contre le terrorisme. Pour d’aucuns, le gouvernement ne veut pas lever toutes les restrictions afin de pouvoir continuer de récolter des financements covid19.
Les gens sont d’accord pour le couvre-feu dans des régions confrontées à des attaques terroristes récurrentes. Mais l’état d’urgence permanent sur toute l’étendue du territoire se justifie difficilement. Le succès contre le terrorisme, repose essentiellement sur des renseignements bien organisés et fiables, afin de me mener des traques à succès contre ces acteurs anarchiques de la guerre asymétrique. L’attaque contre l’Etat-major des armées en 2018 à Ouagadougou , s’est menée en pleine journée où il n’y avait pas de couvre-feu. Un indice, qui démontre, que ces terroristes agissent à tout moment. Les autorités, ont souvent demandé la collaboration de la population en matière de renseignement, dans la lutte anti-terroriste. Cela nécessite, un climat de confiance entre gouvernés et gouvernants. Cependant, quand le gouvernement lui-même pose souvent des actes impopulaires, qui créent plutôt la défiance, il est alors mal placé, pour parler du respect de l’autorité de l’Etat.
Depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014, il s’est instauré au Burkina Faso, une gouvernance de la rue. Le gouvernement attend toujours, qu’il y ait des protestations de rue, avant de trouver des solutions à des problèmes, qu’ils auraient pu résoudre par anticipation ou un agenda clair de traitements des dossiers administratifs ou sociaux. Les faits sont là, éloquents à titre illustratif.
La grogne des commerçants, qui a donné suite à l’ouverture des marchés, une protestation de groupes de musulmans pour la réouverture des mosquées. Des marches de protestation dispersées à coups de gaz lacrymogène à Bobo-Dioulasso , pour la levée du couvre-feu et toute la vague de réprobation populaire contre ce couvre-feu, avec même une menace d’ester en justice contre le gouvernement.
Il a fallu toutes ces pressions, pour que les autorités descendent des nuages et mieux voir la réalité des faits. Le Président du Faso, a finalement signé un décret levant le couvre-feu à compter du 3 Juin 2020.Evidemment, le couvre-feu reste en vigueur dans quelques régions pour des raisons sécuritaires. Si cette tendance de gouvernance de la rue continue, il ne reste qu’à créer un ministère d’Etat en charge de la rue, pour mieux comprendre les préoccupations populaires et prendre les décisions appropriées.
Par ailleurs, il conviendrait une concertation sous régionale soit en zone UEMOA ou CEDEAO, pour l’ouverture des frontières des pays africains de ces espaces avec un renforcement des dispositifs de contrôles sanitaires des symptômes du covid 19 aux frontières. Les pays africains qui n’ont pas connu les mêmes degrés du taux d’épidémie du covid 19 que les continents européens, américains et asiatiques ne doivent pas toujours imiter benoîtement les décisions de dé confinement de ces continents .
Oscar Félix Diakité
Laborpresse.net 02 Juin 2020