Commentaire
Le conseil des ministres en sa séance du 22 mai 2024 a adopté un décret portant nationalisation de la Banque commerciale du Burkina (BCB). Une décision consécutive à la dénonciation de la convention initiale avec l’Etat libyen qui ne jouait plus sa partition dans la gestion de la banque.
Par convention signée le 06 février 1984, les Etats libyen et burkinabè (ex-voltaïque) actaient la création de la Banque arabe libyenne pour le commerce et le développement (BALIB) devenue plus tard Banque commerciale du Burkina (BCB), avec un capital social réparti à part égale entre les deux actionnaires.
Après 36 années de fonctionnement, précise le gouvernement burkinabè, la Banque commerciale du Burkina est toujours confrontée à des difficultés majeures qui ne lui permettent pas d’atteindre convenablement ses objectifs.
Au fil des années, il a été constaté une insuffisance de l’accompagnement de la Banque par la partie libyenne. Se contentant d’apporter sa part de capital social, la Libye a été absente dans le financement de la Banque. Cette absence s’est souvent muée en une opposition, voire un conflit entre actionnaires sur divers sujets tels que le choix du Directeur général et les réformes structurelles qui sont toujours bloqués par la Libye quand bien même cela s’avérait indispensable.
Toutes les initiatives engagées par la partie burkinabè (augmentation de capital, soutien en matière de mobilisation des ressources, ouverture du capital, mise à disposition de ressources sous forme de comptes courant actionnaires) ont été rejetées par la partie libyenne.
Face aux difficultés rencontrées, le Burkina Faso a décidé par note verbale en date du 12 décembre 2023, de la dénonciation de la Convention portant création de la Banque arabe-libyenne voltaïque pour le commerce et le développement signée le 06 février 1984 entre la Haute Volta et la Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste ainsi que ses modificatifs.
Cette dénonciation rend donc caduc l’ensemble des dispositions contenues dans ladite convention tout en demandant une relecture des statuts de la Banque pour les conformer aux exigences de la règlementation bancaire dans l’espace de l’Union monétaire Ouest africaine (UMOA).
Le Conseil des ministres a par conséquent décidé de la nationalisation de la Banque commerciale du Burkina dans le but de lui assurer une meilleure gouvernance.
Il reste à savoir, si après la nationalisation de la BCB l’Etat aura suffisamment de moyens pour une gestion optimale de la banque. Si cela s’avère nécessaire, il serait judicieux d’envisager l’ouverture du capital à d’autres investisseurs plus fiables et déterminés.
Bérenger Traoré
Laborpresse.net Mardi 28 Mai 2024