Billet
Le gouvernement burkinabè fut vivement paniqué par la fronde syndicale en février et mars 2020, contre l’application de l’Impôt Unique sur les Traitements et Salaires (I.U.T.S).Un bras de fer pointait à l’horizon, à cause de l’intransigeance de part et d’autre du gouvernement et des syndicats. Avec l’entrée en scène de la question de la pandémie du coronavirus au Burkina le 9 mars, le combat fut suspendu, faute de combattants, la préoccupation du moment étant au confinement et restrictions des rassemblements à 50 personnes au maximum.
L’Unité d’Action Syndicale (U.A.S) ,qui envisageait une marche-meeting en mars 2020, a finalement annulé cette manifestation en insinuant, que les officines politiques qui voudraient profiter du covid 19 pour culpabiliser les syndicats d’avoir enfreint aux restrictions, n’hésiteraient pas à inventer des cas de contamination massive au coronavirus, si la manifestation avait eu lieu. Le terme coronapolitique a même été usité par les syndicats. Le Président du Faso Roch Kaboré,dans un discours annonçant et justifiant les mesures de lutte contre le covid 19, avait subtilement rétorqué aux syndicats, en affirmant que les dispositions prises ne visaient à apeurer personne et qu’en temps opportun, ceux qui envisagent des marches et meetings pourraient le faire. La cacophonie au niveau des structures en charge de la gestion de la crise du covid 19, les faux cas positifs au covid 19 déclarés par erreur ou pour des raisons inavouées, le gonflement non bien argumenté pour le budget de riposte au covid 19 de 10 milliards à 178 milliards de FCFA, ont suscité un doute légitime sur l’objectif réel recherché par le gouvernement dans l’excès d’agitation sur la question de la pandémie au Burkina Faso. Est-ce pour engranger le maximum de financement et par ricochet bloquer les manifestations syndicales ? Des questions qui taraudent beaucoup d’esprits surchauffés au Faso.
Le gouvernement a fait acte de nombreuses maladresses dans la prise des mesures dites de prévention du covid 19.Comment comprendre la décision de fermer les commerces privés pendant que les services publics fonctionnent ?Cette situation entraîne des difficultés économiques pour le secteur privé et s’avérait une bombe à retardement, qui a fini par se préciser , avec la fronde sociale des commerçants. Ils ont défié les mesures de restrictions des regroupements, pour exiger la réouverture des marchés. Les commerçants que des autorités tentaient d’instrumentaliser pour dénoncer et briser les revendications syndicales, se retrouvent à présent à couteaux tirés avec ces autorités. Une volte-face qui pourrait coûter cher éventuellement au gouvernement. Les commerçants qui ne parviendront pas à relancer leurs activités après les réouvertures des commerces, pourraient se joindre aux manifestations de protestation contre le gouvernement. Si comme si en voulant fuir un loup aux dents longues, le gouvernement croise un lion affamé.
Le gouvernement cacophonique qui manque de tact pour la prévention et la gestion des crises, devrait tirer leçon de la fronde des commerçants, en levant la suspension des activités des compagnies de transport, avant que ce secteur ne fasse aussi son tollé.
Oscar Félix Diakité
Laborpresse.net 29 avril 2020