Commentaire
Le régime de la transition au Burkina Faso continue de démasquer les actes de gestion opaque du bien public par les pouvoirs politiques passés. Une preuve supplémentaire que la gouvernance vertueuse n’était pas une préoccupation de ces régimes dits élus de l’ordre constitutionnel normal. Cet ordre qui s’avère celui des brigands politiques éhontés.
L’égalité des chances dans les recrutements dans la Fonction publique était loin d’être un principe respecté sous des régimes élus passés dans les deux dernières décennies au Burkina Faso. Le népotisme, le clanisme politique avaient une forte prédominance dans les recrutements de l’administration publique au détriment du mérite des compétences. En effet, comment comprendre qu’il y ait des centaines de personnes qui occupent illégalement des postes administratifs avec des paiements de salaires sans avoir été officiellement recrutés ? Le conseil des ministres du 24 janvier 2024, a démasqué plus de 500 agents fictifs qui émargeaient au budget de l’Etat.
Une caverne d’Ali Baba ?
C’est ce que révèlent des résultats de l’opération de contrôle de présence, de service fait et des éléments de rémunération des agents publics de l’Etat émargeant au budget de l’Agence nationale de gestion des soins de santé primaires (AGSP). Il ressort de cette opération, que sur une cible de 20 450 agents, l’effectif des agents payés enrôlés s’élève à 19 771 agents, soit un taux d’enrôlement de 96,68%, tandis que celui des agents payés non enrôlés s’établit à 679, représentant 3,32% de l’effectif cible.
Il ressort également de ce rapport qu’aucune entité n’a documenté l’absence de 582 agents payés non enrôlés en situation jugée irrégulière. La charge salariale de ces agents s’établit à 198 503 336 F CFA par mois et à 2 382 040 032 F CFA par an. Le rapport relève également que parmi les agents payés enrôlés y compris ceux dont la situation a été documentée, il a été identifié 1982 agents exerçant hors de l’AGSP dont la rémunération brute mensuelle s’élève à 556 876 659 F CFA, soit une charge annuelle de 6 682 519 908 F CFA
Le Gouvernement décide d’arrêter l’hémorragie financière
L’impact conjugué des arrêts de salaire requis à titre conservatoire des agents non enrôlés en situation d’absence non justifiée et de l’atténuation de la charge salariale induite par l’ajustement effectué sur la solde des agents publics enrôlés, engendrerait un gain mensuel de 335 315 478 F CFA, soit une économie annuelle estimée à 4 023 785 736 F CFA.
Il ressort également une situation de double mandatement de salaire concernant 17 agents ayant perçu indûment à la date du 31 décembre 2023, une somme cumulée de 14 514 719 F CFA.
Le Conseil a ordonné le remboursement intégral des sommes indûment perçues et marqué son accord pour la suspension à titre conservatoire des salaires des agents payés non enrôlés dont l’absence n’a pas été justifiée ainsi qu’au transfert des salaires des agents exerçant hors de l’Agence nationale de gestion des soins de santé primaires sur le budget de leurs structures de rattachement.
Oscar Félix Diakité
Laborpresse.net Mercredi 31 Janvier 2024