La chloroquine suscite de nombreux espoirs pour traiter le coronavirus. Des essais cliniques doivent être étendus à d’autres hôpitaux.
La chloroquine est dans tous les esprits. Ce médicament, commercialisé depuis les années 30, s’utilise actuellement comme traitement contre le paludisme. En France, cette molécule est commercialisée sous le nom de Nivaquine. Selon les résultats d’une récente étude, la chloroquine permettrait de soigner le coronavirus.
En tout cas, c’est ce qu’affirme le professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille (Bouches-du-Rhône). Comme le rappelle Le Parisien, le Pr Raoult assure que 24 patients ont été soulagés grâce au Plaquenil. Après six jours de traitement, seulement 25% d’entre eux étaient encore porteurs du virus contre 90% chez ceux qui n’ont reçu aucun traitement. Une étude saluée par le ministre de la Santé. “J’ai pris connaissance des résultats et j’ai donné l’autorisation pour qu’un essai plus vaste par d’autres équipes puisse être initié dans les plus brefs délais sur un plus grand nombre de patients”, a indiqué Olivier Véran. Des essais ont déjà débuté à Lille.
La prudence des médecins
Le mercredi 18 mars 2020, le laboratoire français Sanofi s’est dit prêt à offrir aux autorités françaises des millions de doses de l’anti-paludique Plaquenil, pouvant traiter potentiellement 300 000 malades. Le groupe se tient prêt à travailler avec les autorités de santé françaises “pour confirmer” les résultats prometteurs de cette étude. Le gouvernement s’intéresse également à cette piste : “Le ministère a souhaité étendre ces essais cliniques, qui seront dupliqués sur un plus grand nombre de patients. Ces nouveaux essais seront réalisés avec une équipe indépendante du professeur Raoult”, a souligné la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye à l’issue du Conseil des ministres. Elle a toutefois précisé qu’à ce stade, il n’existait pas de preuve scientifique sur l’efficacité de ce traitement.
Même son de cloches parmi les scientifiques. De nombreux médecins restent prudents sur ce médicament. “Ce ne sont que des effets d’annonce pour l’instant, et n’en faisons surtout pas le médicament miracle. Respectons les règles scientifiques : d’autres essais sont en cours sur d’autres molécules et il est exaspérant que des scientifiques fassent de grandes déclarations sur les effets d’un médicament sans même que l’on ait vu leurs résultats ou qu’ils aient été validés par leurs pairs”, souhaite tempérer le professeur Jean-Daniel Lelièvre, infectiologue à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil (Val-de-Marne) cité par Le Parisien. Les experts alertent sur les nombreux effets indésirables de ce médicament en cas de surdosage. Interrogé également par le quotidien, François Bricaire, ancien chef du service d’infectiologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, recommande lui la prudence en raison du petit nombre de patients sur lesquels ont été réalisés ces tests. Si l’efficacité antivirale de l’antipaludéen est connue en laboratoire “jusqu’à maintenant, cela n’a jamais donné de résultats sur l’homme en pratique”, rappelle François Bricaire.
Source: Yahoo Actualités
19 mars 2020