Roch Marc Christian Kaboré(2è à partir de la gauche),président du Faso à la tribune de l'Union Africaine (U.A) le 9 Février 2020:"Au nom de mes pairs du G5 Sahel, je lance un appel à l’Union africaine, pour qu’au-delà du soutien politique, elle étende sa solidarité au Sahel, en participant activement aux efforts en cours. Les pays membres du G5 Sahel attendent de l’Union africaine, qu’elle endosse les engagements pris au cours du sommet de PAU. La Coalition internationale pour le Sahel étant ouverte à tous les partenaires, un plaidoyer de notre Union en sa faveur est plus que déterminante."

Conseil de Paix et de Sécurité de l’U.A sur l’état de la paix et de la sécurité en Afrique: discours du président du Faso Roch Kaboré

33è SESSION ORDINAIRE DE LA CONFÉRENCE DES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE L’UNION AFRICAINE – Addis-Abeba, 09 février 2020

Discours de Son Excellence Monsieur le Président du Faso sur le rapport du Conseil de Paix et de Sécurité sur l’état de la paix et de la sécurité en Afrique.

« Monsieur le Président
Distingués invités
Mesdames et Messieurs

A l’entame de mon propos, je voudrais féliciter le Commissaire à la Paix et à la Sécurité (CPS) pour la qualité de son rapport qui donne une photographie de l’état de la paix et de la sécurité sur le continent, au cours de l’année 2019, ainsi que des activités menées par cet organe stratégique.
Le thème de ce sommet qui est « Faire taire les armes : créer les conditions propices de développement de l’Afrique » est évocateur de l’activité que mène le Conseil de Paix et de Sécurité au quotidien.
Je voudrais donc saluer la qualité de son rapport assorti d’observations et de recommandations pertinentes. Nous en prenons bonne note.

Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations

Le rapport évoque également la situation sécuritaire dans la région du Sahel. Tout en remerciant le CPS pour l’intérêt qu’il porte à la situation au Sahel, je voudrais, en ma qualité de Président en exercice du G5 Sahel, m’exprimer sur ce sujet de grande préoccupation pour cette région.
L’année 2019 a été particulièrement éprouvante pour l’ensemble de la région du Sahel. En effet, on a noté, non seulement une intensification des attaques terroristes, mais aussi une expansion grandissante du phénomène terroriste dans les pays du G5 Sahel.
Les attaques d’envergure menées par les Groupes armés terroristes ont causé de nombreuses victimes militaires et civiles, des dégâts matériels importants, et la fermeture de services sociaux de base, avec pour conséquence une crise humanitaire sans précédent, du fait des déplacés internes et des réfugiés.
Ces forces obscurantistes sont déterminées à attaquer les fondements de nos Etats, installer la psychose au sein de nos populations, et saper notre communauté de destin et notre vivre-ensemble.
Aussi, la cartographie récente de ces attaques ignobles dans le Sahel nous renseigne-t-elle que la zone des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, constitue l’épicentre de cette guerre asymétrique qui nous est imposée.
Convaincus que l’un des principaux défis reste la mobilisation de nos efforts, pour une montée en puissance des forces engagées sur le théâtre des opérations, nous avons décidé, lors du sommet extraordinaire du G5 Sahel, tenu le 15 décembre 2019 à Niamey, de déployer plus de forces dans cette zone des trois frontières.
Lors de cette même réunion, nous avons souligné la nécessité d’assurer la présence effective de l’Etat dans les zones fragilisées, la réouverture des services sociaux de base, en veillant à la consolidation du triptyque Peuple-Gouvernement-Forces de Défense et de Sécurité.

Monsieur le Président,

Depuis l’apparition du phénomène terroriste au Sahel, l’Union africaine a toujours exprimé son soutien et sa solidarité aux peuples et aux gouvernants de la région.
C’est le lieu de rappeler et de souligner l’endossement du concept d’opérations stratégiques de la Force Conjointe du G5 Sahel, par le Conseil de Paix et de Sécurité, dès avril 2017. Le Conseil de paix et de Sécurité a poursuivi son appui au G5 Sahel en renouvelant, à deux reprises, le mandat de cette force.

La Force Conjointe du G5 Sahel est dans un processus de relecture de son concept d’opérations stratégiques. Dans cette perspective, l’appui de l’Union africaine sera à nouveau sollicité, afin de permettre à cette force d’être encore plus efficace sur le terrain.
De même, la présence remarquée de l’Union africaine au Sahel, à travers travers la mission de l’UA pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), la tenue régulière des réunions des chefs des services de renseignements et de sécurité, dans le cadre du processus de Nouakchott, témoignent, si besoin en était, de l’engagement de l’Union africaine aux côtés du Sahel.
C’est pourquoi, le soutien politique de notre organisation commune aux pays du G5 Sahel a, fort justement, été bien apprécié, lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO, tenu à Ouagadougou le 14 septembre 2019, et lors de la 74ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies. Je saisis cette occasion pour lui réitérer, au nom de mes pairs du G5 Sahel et au mien propre, notre profonde gratitude.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,
Distingués délégués

La complexité du phénomène terroriste, son expansion dans le Sahel, ainsi que son caractère transnational, nous interpellent sur la nécessité de recourir à une coopération très étroite, tant aux niveaux sous-régional, régional qu’international.
Sur le plan sous-régional, le sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, tenu le 21 décembre 2019 à Abuja, a adopté un ambitieux plan d’actions quinquennal (2020-2024), destiné à éradiquer le terrorisme.

L’adoption de ce plan d’actions, d’un coût de deux milliards trois cent millions de dollars US, traduit la détermination des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, à lutter contre ce fléau, qui ne cesse d’endeuiller nos familles et de saper nos efforts de développement.
Sur le plan international, un sommet sur la situation sécuritaire au Sahel s’est tenu à PAU, le 13 janvier 2020, et a constitué une occasion pour les chefs d’Etat du G5 Sahel et le chef de l’Etat français, dont les forces sont engagées au Sahel, de redynamiser notre partenariat militaire opérationnel.
Lors de ce sommet, il a été convenu de la mise en place d’un nouveau mécanisme de partenariat dénommé « Coalition internationale pour le Sahel », qui rassemblera la Force conjointe du G5 Sahel, la Force Barkhane, les partenaires déjà engagés, ainsi que tous les pays et organisations qui voudront y contribuer.
Outre la décision de concentrer les efforts militaires sur le fuseau Centre, ou Zone des trois frontières, cette réunion de haut niveau a identifié les quatre piliers sur lesquels reposent une solution efficace pour éradiquer le terrorisme au Sahel. En résumé, nous avons convenu, en plus de la poursuite des opérations de combat contre le terrorisme (1er pilier), de renforcer les capacités militaires des Etats du G5 Sahel (2ème pilier), d’apporter un appui pour assurer le retour de l’Etat et des administrations dans les zones fragilisées (3ème pilier), et de renforcer enfin l’aide au développement (4ème pilier).

Au nom de mes pairs du G5 Sahel, je lance un appel à l’Union africaine, pour qu’au-delà du soutien politique, elle étende sa solidarité au Sahel, en participant activement aux efforts en cours. Les pays membres du G5 Sahel attendent de l’Union africaine, qu’elle endosse les engagements pris au cours du sommet de PAU. La Coalition internationale pour le Sahel étant ouverte à tous les partenaires, un plaidoyer de notre Union en sa faveur est plus que déterminante.

Monsieur le Président,

La question de la Libye continue de nous préoccuper, car la sécurité et la stabilité de l’espace G5 Sahel en dépendent énormément.
A cet égard, je voudrais relever la tenue, le 19 janvier 2020, du sommet de Berlin sur la Libye.
Mais je voudrais, surtout, saluer la réunion du Comité de haut Niveau sur la Libye qui, sous le leadership du Président Denis Sassou Nguesso, a réaffirmé la nécessité de mettre l’Afrique au cœur de tout processus de recherche de solutions à cette crise.
Les nouveaux défis sécuritaires auxquels nos Etats font face sont pernicieux, complexes, et n’épargnent aucun pays ou continent. La réponse devrait donc être globale et concertée, si nous voulons vaincre ces forces du mal qui tentent, par tous les moyens, de saper nos efforts de développement et de cohésion sociale.
C’est ensemble, à travers nos organisations sous-régionales, régionales et internationales, ainsi que le précieux soutien de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, que nous pourrons triompher de ce fléau.

Je vous remercie de votre aimable attention ».

09 Février 2020        

 

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