Simone Gbagbo, près de son domicile après sa libération, à Abidjan en Côte d'Ivoire, le 8 août 2018. © ISSOUF SANOGO / AFP

Simone GBAGBO libérée de prison le 8 Août 2018 suite l’amnistie du président Ouattara :décryptage de la réconciliation en Côte d’Ivoire

Commentaire

  Le 6 Août 2018,veille du 58è anniversaire de l’indépendance de la république de Côte d’Ivoire ,le président Alassane Dramane Ouattara, dans son message à la nation, a annoncé une amnistie par ordonnance pour 800 ivoiriens incarcérés ,dans le cadre de la crise post-électorale de 2011.Parmi ces détenus ,des figures emblématiques dont, Simone GBAGBO,l’épouse de l’ex-président Laurent GBAGBO(en détention à la C.P.I),Soul to Soul,un proche du président de l’Assemblée nationale,Guillaume Soro.Mme GBAGBO est sortie de la prison de gendarmerie le 8 Août 2018 et a regagné son domicile d’Abidjan sous les acclamations d’une foule de partisans. Décryptage de la fragile question de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.

Les vocables phares du discours présidentiel, ont été la paix et la réconciliation nationale pour la Côte d’Ivoire, afin que le pays ne revive plus de telles drames sociopolitiques.Un discours politiquement correct, dont la véritable concrétisation, reste à observer avec la présidentielle de 2020.Si le président Ouattara se taille sur mesure, des alibis de non rétroactivité de la nouvelle loi constitutionnelle, pour briguer un troisième mandat présidentiel,il risque d’attiser lui-même ,les braises encore incandescentes de la tension politique en Côte d’Ivoire.Par contre,s’il joint l’acte à la parole de sa promesse de passage de témoin à la jeune génération,il sortira par la grande porte et deviendra comme un poisson dans l’eau,libre de ses mouvements avec une cure de jouvence, à l’instar de l’ ex-président béninois Yayi Boni,observateur privilégié de la présidentielle 2018 au Mali.Il en est de même des anciens présidents Olésegun Obasanjo,Abdou Diouf,Alpha Omar Konaré etc..Comme quoi,il y a une vie après la présidence ,si l’on sait la préparer avec une souplesse démocratique,loin de l’arrogance et de la dictature dont, les actes dérivés de violence ,font de nombreux chefs d’Etat africains, des potentiels prisonniers.

Il est aussi temps, que le climat de froid qui a sournoisement prévalu entre le président Ouattara et son  ex-hypothétique dauphin constitutionnel Guillaume Soro,ne se consolide pas sous l’effet d’un froid sybérien ,mais se dégèle,afin que le peuple ivoirien, puisse choisir démocratiquement, le président qui continuera de guider la nation, à compter du scrutin de 2020.Guillaume Soro,l’ancien rebelle ,qui parle singulièrement maintenant de Dieu, qu’il remercie et le président Ouattara pour l’amnistie,a sans doute compris la nécessité de la paix.Par une analyse psychanalytique de ses propos,on sent en lui, un instinct d’auto-conservation ,qui l’amène à insister sur la réconciliation nationale comme la condition sine qua non du progrès de la Côte d’Ivoire.En effet,Guillaume Soro ,a fait savoir, que le pouvoir rend aveugle et quand on y est, on se croit très fort,tout en oubliant que tout peut basculer à un moment donné.Pour lui,si le pouvoir actuel ne concrétise pas la réconciliation,quand un autre lui succédera et exigera de sortir les anciens dossiers de conflit,ce sera une sorte de loi du Talion et un éternel recommencement de la crise.Cette philosophie de l’ex rebelle Soro,n’a sans doute pas laissé le président Ouattara impassible car,ils ont fait injustement la guerre ensemble contre Laurent GBAGBO.Il est donc légitimement temps, qu’ils fassent ensemble la paix et la réconciliation, pour une Côte d’Ivoire unie dans l’intérêt général.

Les sillons de la paix et de la réconciliation sont néanmoins tracés en Côte d’Ivoire.Pour leur consolidation,les acteurs politiques devraient comprendre ,que le père de la Nation Félix Houphouet Boigny ,fut un visionnaire avec sa célèbre maxime selon laquelle « la paix  n’est pas un mot mais un comportement ».Les uns et les autres devraient savoir dompter leur ego, pour privilégier le collectif,la cause nationale.On ne développe pas un pays à coups de vengeances cycliques.Après l’Afrique du Sud,le Bénin,la Côte d’Ivoire est en train d’administrer des leçons de paix et de réconciliation à d’autres pays africains, où les acteurs politiques de l’opposition et du pouvoir, sont toujours marqués par la folie des grandeurs, l’égocentrisme, le tribalisme, se croyant stupidement indispensables,toute chose qui constitue le terreau des crises sociopolitiques qui finissent par les emporter tôt ou tard,individuellement ou collectivement.Gouverner étant prévoir,il faut savoir penser à la fin du pouvoir pendant qu’on y est et mieux la préparer, pour avoir une vie paisible plus tard.

Jean KY

Laborpresse.net         08 Août

 

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