Des accusés du putsch du 15 septembre 2015 avec au premier plan les généraux Diendéré et Bassolé condamnés respectivement à 20 ans et 10 ans de prison ferme suite au verdict du tribunal militaire prononcé le 2 septembre 2019 à Ouagadougou.

Procès du putsch de 2015 au Burkina Faso :un mécanisme de détection de la vérité

Commentaire

  Après plusieurs reports qui ont émaillé le démarrage du procès du putsch du 15 septembre 2015 au Burkina Faso pour des raisons d’ordre procédural,le jugement a finalement été enclenché à compter du 29 Juin 2018 à Ouagadougou.Des avocats de la partie civile avaient qualifié les multiples reports de stratégies dilatoires des accusés et de leur défense.Certains de ces avocats qui s’étaient déportés,laissant leurs clients sans défenseur,ont ensuite fait volte-face pour se reconstituer auprès d’eux ,en sachant que le jugement du putsch avait pris une tournure irréversible.Sur 83 accusés,5 sont passés à la barre pour la phase des auditions publiques.Les avocats de la partie civile ,se disent convaincus que des contradictions auront lieu dans les auditions tant au niveau des accusés ,des témoins que des plaignants.Ce mécanisme d’auditions contradictoires ,constituera selon la partie civile, des indices crédibles et concordants pour la manifestation de la vérité.Lors de la première semaine des auditions du 29 juin au 6 juillet 2018,quelques propos contradictoires ont été entendus par des accusés et certains ont refusé de répondre à des questions du juge.Pour des avocats de la partie civile,le silence sur des questions cruciales pourrait insinuer l’adage selon lequel qui ne dit mot,consent.Quant aux avocats de la défense,ils estiment que des contradictions peuvent survenir lors des auditions du jugement par rapport à celles des instructions,du fait qu’un accusé pourrait avoir subi des pressions pour des aveux ou qu’il n’était pas dans des conditions psychologiques pour relater des faits avec véracité.Par conséquent,les auditions et plaidoiries contradictoires seront un baromètre de détection de la vérité sur les circonstances et les actes probants du putsch du 15 septembre 2015, qui a failli mettre un terme anticipé au régime de la transition post –insurrectionnel ,investi d’ un mandat d’un an, pour fonder les bases d’une démocratie solide au Burkina.Visiblement,c’est un procès marathon qui a débuté pour le putsch 2015 et cela pourrait durer au minimum entre 3 ou 6 mois.Tous les juges commis à ce jugement ,devront dire le droit et rien que le droit, sans se laisser influencer par des considérations politiques quelconques.Ce procès devrait avoir une valeur thérapeutique pour le peuple burkinabè, afin que les coups d’Etat soient définitivement proscrits dans la conscience collective et individuelle des citoyens.La peine de mort étant à juste titre abolie au Burkina à compter de 2018,les peines devraient  être fonction du degré d’implication des accusés dans le putsch de minima à maxima.Tous ceux dont la culpabilité ne serait pas établie dans le putsch,devraient être acquittés et dédommagés pour le préjudice subi.Même en cas de condamnations à des peines lourdes d’emprisonnement,dans le temps,par esprit d’humanisme et de paix sociale,des mécanismes de remise progressive de peines, seraient aussi utiles.Il importe également que les conditions de détention respectent les principes cardinaux des droits humains.Que les victimes du putsch soient conséquemment dédommagés pour permettre aux veufs,veuves et orphelins d’avoir une vie  sociale digne,  à l’abri du dénuement.

Bérenger Traoré

09 Juillet 2018                                     Laborpresse.net

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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