Commentaire
La tournée du ministre burkinabè de la sécurité, Simon Compaoré dans les régions du centre-ouest et sud-ouest du pays les 8 et 9 décembre 2017, a permis de constater une bonne collaboration entre les forces de sécurité (policiers, gendarmes) et des groupes d’auto-défense (Dozos) dans la province du Poni dont le chef-lieu est Gaoua. En effet, face au ministre de la sécurité, des dozos ont affirmé qu’ils considèrent les policiers et gendarmes comme leurs chefs dans leur rapport de collaboration dans la lutte contre le banditisme. Ainsi, quand des chasseurs dozos appréhendent des voleurs, ils les conduisent dans des commissariats de police ou dans des brigades de gendarmerie pour la suite des enquêtes et actions judiciaires. Le ministre de la sécurité a salué ce bel exemple de coopération entre groupes d’auto-défense et forces de sécurité. Il a rappelé la nécessité pour les acteurs des initiatives locales de sécurité, d’inscrire leurs actions dans les principes républicains d’un Etat de droit, où les sévices corporels et vindictes populaires sont à proscrire strictement.
L’importance des groupes d’auto-défense dans la lutte contre le banditisme au Burkina Faso, n’est plus à démontrer. Le constat est éloquent, avec la diminution des vols et attaques à main armée, sur les axes routiers et dans de nombreux villages et villes de 2016 à 2017.Cet état de fait, est dû à la grande psychose qu’éprouvent les bandits vis-à-vis des groupes d’auto-défense (Koglwéogos,Dozos) ,qui au début, les violentaient. Malgré la tendance qui est à l’abandon des châtiments corporels par de nombreux Koglwéogos et Dozos,la peur du bandit ne faiblit pas pour ces civils expérimentés dans la traque de la délinquance. Indéniablement, la force des groupes d’auto-défense réside aussi dans leurs approches, qui consistent à présenter des voleurs sur la place publique, à alerter leurs parents et proches, à exiger le remboursement des biens volés. Souvent, pour éviter la honte publique pour toute une famille, des parents s’engagent à rembourser les objets volés par l’un des leurs .Cela permet de corriger certains délinquants, qui se reconvertissent dans d’autres métiers plus honorables. Tout en gardant ces acquis des groupes d’auto-défense, qui inspirent peur et respect par les voleurs, il faudrait sensibiliser davantage certains éléments Koglwéogos, qui se délectent dans des actions de bourreaux. La peur des bandits pour les groupes d’auto-défense est plus remarquable que celle des forces de sécurité dont, les commissariats de police et brigades de gendarmerie, servent parfois de lieux de refuge et de reddition par des bandits, par peur d’un lynchage, face à des populations en furie. Mais jusqu’à preuve du contraire, il n’est pas fait cas de voleurs, qui cherchent asile auprès de Koglwéogos ou dozos. Par conséquent, il faut savoir allier les acquis des groupes d’auto-défense avec ceux des forces de sécurité, pour des succès qui iront crescendo, dans la lutte contre le banditisme au Burkina. Ce, dans l’intérêt de tous.
Bérenger Traoré
17 décembre 2017 Laborpresse.net
Le ministre de la sécurité,Simon Compaoré(à droite) face à des policiers et dozos du sud-ouest dont il salue le bel exemple de collaboration dans la lute contre le banditisme.