L’Afrique s’est invitée dans le débat de la présidentielle française grâce à Marine Le Pen. Le mercredi 22 mars 2017, la candidate est reçue par Idriss Déby à Ndjaména: elle étrille la Françafrique, le CFA, visite la force française Barkhane. Aujourd’hui Emmanuel Macron préside la France. Quelles intentions avaient affichées le candidat d’En marche ! ? Quelle sera la politique africaine d’Emmanuel Macron ? Avec qui va-t-il la mener ? Eléments de réponse.
Macron l’Africain fera-t-il, dans ses relations avec les chefs d’Etat du continent, du Macron simple, sympathique, à l’écoute de l’autre ? D’aucuns évoquent une Françafrique dépoussiérée. Le « patron » d’En marche ! l’a dit : la politique de normalisation engagée par François Hollande doit aller à son terme.
Pas de retour en arrière dans la lutte contre le terrorisme, l’Afrique subsaharienne restera un théâtre d’opération en y associant plus l’Union africaine, le G5 Sahel et le partenaire algérien.
Sur le plan économique, Emmanuel Macron entend mettre l’entreprise et l’Union européenne au cœur de son dispositif. Pour l’aide au développement, le fameux 0,7% du PIB français n’est pas démenti. C’est un objectif. Le jeune énarque découvre le continent lors d’un stage au Nigeria. Entre 2014 et 2016, le ministre de l’Economie visite quelques pays de la zone CFA, rencontre Alassane Ouattara, Macky Sall.
Le candidat, lui, se rend à Alger où il évoque les crimes contre l’humanité commis par la France, avant d’adoucir, de retour à Paris, son propos. Très vite, le nouveau président doit visiter les forces françaises sur le terrain. Incontournable aussi, Rabat. Surtout après le voyage à Alger. Le pragmatisme est un crédo assumé. Macron, c’est un changement de style dans la continuité.
Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne voit dans son élection un signe positif pour les relations entre la France et l’Afrique :
Qui sont les hommes et les femmes qui seront à la manœuvre de la politique africaine d’Emmanuel Macron ?
Il y a ceux qui sont connus des Français et les amitiés lointaines. Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense de François Hollande, architecte des opérations militaires en Afrique, est l’homme incontournable dans la lutte contre le terrorisme. L’homme de la continuité. Cédric Lewandowski, très proche de Jean-Yves Le Drian, et qui a négocié dans l’ombre la libération des otages au Sahel, devrait occuper un poste clef. Plus connu des africanistes et des économistes, Jean-Michel Severino.
Ancien vice-président de la Banque mondiale, ancien patron de l’AFD, il a été à la manœuvre pour la dévaluation du CFA le 11 janvier 94. Severino est un proche du franco béninois Lionel Zinsou, finaliste malheureux de la présidentielle de 2016 au Bénin.
Entre Macron et Zinsou, deux ex-banquiers, le courant passe. La visite de Macron à Alger, le tête-à-tête Macron-Alpha Condé, c’est Aurélien Lechevallier, le chef d’orchestre de la politique internationale et africaine du nouveau locataire de l’Elysée. Macron, Lechevallier et Jules-Armand Aniambossou, franco-béninois comme Zinsou, ancien ambassadeur du Bénin à Paris, forment un vieux trio.
L’ENA a réuni les trois hommes au sein de la promotion Senghor. Citons aussi Renaud Dutreil, ex-ministre de droite, auteur d’un rapport critique sur la France et l’Afrique. Et Sibeth Ndiaye, d’origine sénégalaise, la clef de voûte des relations presse d’Emmanuel Macron.
Source:rfi.fr
08 Mai 2017