Sans discontinuer, Donald Trump est accusé par ses adversaires de collusion avec la Russie. Cette semaine, on a appris que le ministre de la Justice avait caché deux entretiens récents avec l’ambassadeur russe, Sergueï Kisliak, accusé d’avoir rencontré plusieurs autres proches du président américain avant et après son élection. Jeff Sessions a dû se récuser dans l’enquête sur l’ingérence de Moscou dans la campagne électorale et le commandant en chef est furieux.
Quatre jours, c’est le temps qu’aura tenu Donald Trump sans insulter qui que ce soit. La sixième semaine du milliardaire à la tête des Etats-Unis s’est d’abord annoncée comme la moins polémique depuis son entrée en fonctions, avec son passage devant le Congrès. Mais elle se finit une fois de plus dans la confusion.
Il faut dire que le secrétaire américain à la Justice, Jeff Sessions, est à son tour sur la sellette. C’est ensuite le vice-président Mike Pence qui a été mis sur le gril, pour avoir utilisé une messagerie privée lorsqu’il était gouverneur de l’Indiana.
Après plusieurs jours de calme, Donald Trump a ressorti les crocs. Jeudi soir, pour défendre son ministre, il a finalement publié, en quatre tweets, un texte acrimonieux pour dénoncer une « chasse aux sorcières » orchestrée selon lui par les démocrates.
Dans le contexte délétère de Washington, sans mot écrit en gras et avec des phrases complètes, cela a presque paru de bonne guerre. Mais la machine à tweets était ainsi relancée. Si le magnat met du temps à endosser le costume présidentiel, il est toujours à l’aise comme troll sur Internet.
Donald Trump contre-attaque au bazooka
Vendredi matin, première salve présidentielle contre les démocrates, jusgées « pathétiques » pour n’avoir toujours pas approuvé totalement son cabinet. Puis le président s’est emballé, réclamant une enquête immédiate sur les relations avec la Russie d’un sénateur démocrate.
En guise de piste, une photo tout sourire dit sénateur en question, Chuck Schumer, en compagnie de Vladimir Poutine, cafés et donuts à la main. Louche ? Il s’agit de l’inauguration d’une station-essence russe à New York en 2003.
Quelques heures plus tard, deuxième demande d’investigations, concernant cette fois Nancy Pelosi, autre leader démocrate. Là encore, une photo pour aiguiller les enquêteurs : Mme Pelosi en présence de l’ambassadeur russe à Washington.
L’intéressée a dit ne l’avoir jamais rencontré. Un scandale ? Le cliché date de 2010, et ils sont une quinzaine à table, dont les deux protagonistes, autour du président de la Fédération russe de l’époque, Dmitri Medvedev. Le climat est clairement pourri.
A Moscou, on se gausse un peu. Vendredi, à son ministère, la porte-parole de la diplomatie russe a croisé John Tefft, ambassadeur des Etats-Unis. « Vous prenez des risques en discutant avec des diplomates russes. Et si CNN l’apprenait ? », lui a-t-elle glissé. Et Maria Zakharova de partager sa remarque caustique sur sa page Facebook.
D’une manière générale, les officiels russes ne se sont pas répandus sur ces accusations de liens officieux entre plusieurs proches de Donald Trump et l’ambassadeur de Russie à Washington. Mais ’expression de « chasse aux sorcières » a été reprise par Sergueï Lavrov.
Selon le ministre russe des Affaires étrangères, en effet, tout cela « ressemble fort à l’époque du maccarthysme ; une époque que nous pensions révolue depuis longtemps dans un pays civilisé comme les Etats-Unis ».
La teneur des échanges signalés n’est pas encore connue. Le journal Komsomolskaïa Pravda, lui, ironise : « Les traîtres à la nation ont discuté l’idée de rendre à l’Alaska à la Russie pour une bouchée de pain d’épices. Mais c’était sans compter les intrépides journalistes américains et l’honnête Parti démocrate qui n’ont pas permis au mal de triompher. »
Source:rfi.fr
07 mars 2017