Des militaires dans les rues, des tirs en l’air, des habitants effrayés. Un scénario désormais connu en Côte d’Ivoire. Début janvier, Bouaké et d’autres villes de l’intérieur avaient vécu les mêmes scènes après une mutinerie de militaires. Mardi matin 7 février 2017, c’est la ville d’Adiaké, à 90 km à l’est d’Abidjan, qui a été le théâtre d’une nouvelle sortie des militaires dans les rues.
Selon un scénario devenu classique en Côte d’Ivoire, les habitants d’Adiaké se sont réveillés mardi matin au son des kalachnikovs et autres pistolets mitrailleurs. Des tirs en l’air de la part de plusieurs dizaines d’éléments des forces spéciales dans cette ville à la frontière ghanéenne, à l’est d’Abidjan.
« J’ai entendu les tirs et au bout de cinq minutes, ils sont arrivés là où j’étais, raconte à RFI un habitant d’Adiaké qui souhaite garder l’anonymat. Ils étaient à bord de deux véhicules. C’était des tirs en l’air, comme des tirs de sommation. »
Les tirs se sont ensuite arrêtés, poursuit le témoin. Selon lui, les forces spéciales sont ensuite revenues, « mais cette fois-ci avec de grands équipements. Ils étaient tous cagoulés, les armes à la main dans leurs véhicules ».
Très vite, à bord de pick-up de l’armée, ces militaires considérés comme l’un des corps d’élite du pays, se sont rendus dans les rues de la ville et dans les villages environnants pour intimer l’ordre à la population de rentrer chez elle. La population ne s’est pas fait prier, fermant commerces et administrations. Les enfants sont très vite rentrés des écoles chez eux.
« Toute la ville [est] paralysée, tout le monde est rentré, aucun service ne fonctionne, tous les commerces sont fermés », a encore rapporté cet habitant.
Puis les mutins ont installé des barrages filtrants à l’entrée de la ville. Les tirs se sont ensuite poursuivis, « mais de manière sporadique », poursuit l’habitant.
Revendications
RFI a pu se rendre à Adiaké pour interviewer des militaires en fin d’après-midi, avant d’être fermement reconduit à l’extérieur de la ville par des hommes encagoulés et fortement armés.
Ces éléments des forces spéciales réclament le paiement de primes comme pour les quelque 8 500 militaires qui ont bénéficié de ce rattrapage de 12 millions de francs CFA et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Les militaires que nous avons rencontrés expliquent qu’ils sont eux aussi éligibles à ces primes et surtout insistent sur le fait que c’est à eux et aux gendarmes auxquels ont fait appel en premier lieu lorsqu’il y a des menaces sur le pays comme lors de l’attentat de Grand-Bassam il y a presque un an. Et que, de ce fait, « l’élite de l’armée » peut légitimement demander une amélioration de son traitement.
Discussions avec l’état-major
A la mi-journée ce sont quasiment toutes les huiles de l’état-major ivoirien qui se sont rendus sur place pour discuter avec les mutins : le chef d’état-major des armées, le général Sékou Touré, le patron des forces spéciales Lassina Doumbia, le chef d’état-major particulier du président Ouattara, Diomandé Vagondo.
Impossible d’approcher des lieux de la réunion, mais en fin de journée les officiers supérieurs étaient déjà de retour à Abidjan pour rendre compte à leur hiérarchie de la situation.
Du côté de la présidence et du ministère de la Défense, on se borne à dire que la situation est redevenue calme. Peut-être aura-t-on plus d’informations ce mercredi à l’issue du conseil des ministres sur ce qui s’est dit et surtout sur ce qui s’est conclu avec cette nouvelle vague de mutins ivoiriens.
Source:rfi.fr
8 Février 2017