Plus de 4 700 délégués démocrates étaient de nouveau réunis, mardi 26 juillet 2016 à Philadelphie, dans l’ambiance électrique d’une convention. Lors de cette deuxième journée, Hillary Clinton a officiellement été investie candidate à l’élection présidentielle. Du haut de ses 68 ans, l’ancienne secrétaire d’Etat devient la première femme à s’approcher si près de la Maison Blanche. Retour sur une journée qui restera dans l’histoire des Etats-Unis.
C’est désormais officiel : Hillary Clinton, ancienne Première dame, ancienne sénatrice de New York et ancienne secrétaire d’Etat, est désormais la candidate du Parti démocrate pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. A la Wells Fargo Arena, le vote des délégués s’est déroulé dans une ambiance digne d’une victoire lors d’une grande élection nationale. Hillary Clinton restera à jamais comme la première femme candidate d’un grand parti pour la Maison Blanche, après sa défaite à la primaire de 2008 face à Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis. Elle a mis dix ans pour en arriver là.
Lors de cette seconde journée de la convention démocrate 2016 en Pennsylvanie, le vote des délégués a été ponctué de grands moments, notamment lorsque Bernie Sanders, l’adversaire malheureux d’Hillary Clinton dans la primaire (qui avait rejoint la délégation de son Etat d’élection, le Vermont, dans cette convention), a interrompu le décompte symbolique des voix dans chacune des 57 délégations représentées pour annoncer lui-même la victoire de l’ancienne secrétaire d’Etat. « Je demande la suspension de la procédure de la convention, et je propose qu’Hillary Clinton soit investie par le Parti démocrate comme candidate à la présidence des Etats-Unis ! », a-t-il lancé sous les vivats.
Par ce geste, Bernie Sanders a reconnu sa défaite avec élégance. Mais certains de ses délégués ne se remettront pas de leur aventure, de cette « révolution manquée » qu’ils ont vécue. Un peu plus d’une centaine d’entre eux ont alors préféré quitter la salle après l’interruption du décompte. « J’ai choisi de quitter la convention, pour protester contre la manière injuste dont cette élection a été menée contre le sénateur Bernie Sanders. Et pour protester contre le parti et les dirigeants démocrates, qui se sont mal comportés à l’égard des supporters de Sanders », confiait Theresa, déléguée pro-Sanders du Texas.
Une manifestation spontanée des partisans de M. Sanders s’est finalement déroulée en salle de presse, mais sans incident. Une manière de se faire entendre une dernière fois plus qu’autre chose. Quelque 15 % des électeurs de Bernie Sanders affirment actuellement qu’ils ne voteront pas pour Hillary Clinton en novembre prochain, et pourtant leur amertume n’inquiète pas outre mesure les démocrates. En 2008, certains sondages affirmaient que la moitié des électeurs de Mme Clinton ne voteraient jamais pour Barack Obama, pour le résultat que l’on sait. Après cette parenthèse, la convention a d’ailleurs repris son cours tout à fait normalement.
Trois présidents l’assurent : la fusée « Hillary » est lancée
Deux anciens présidents ont ainsi pris la parole pour lancer « Hillary ». Jimmy Carter est d’abord apparu sur les écrans dans la salle, puis Bill Clinton est arrivé. En effet, la valeur historique de cette candidature féminine ferait presque passer au second plan le fait que celle qui entend devenir la 45e présidente des Etats-Unis est mariée depuis 1975 au 42e président des Etats-Unis. « Au printemps 1971, j’ai rencontré une fille », a lancé ce dernier à Philadelphie, en introduction d’un discours retraçant leur rencontre à l’université, puis la naissance de leur fille, les engagements de la première heure de sa compagne, ou encore les campagnes électorales qu’ils ont menées ensemble.
« La vie dans le monde réel est complexe, mais le vrai changement est une chose difficile à accomplir », a déclaré Bill Clinton. « Cette femme n’a jamais été satisfaite du statu quo, dans quoi que ce soit. Elle a toujours voulu faire progresser les choses. Elle est comme ça. » Une manière habile de préparer le terrain à la principale intéressée, qui a eu tout le loisir, dans la foulée, d’intervenir en duplex depuis ses terres de New York. Une mise en scène particulièrement soignée, la candidate apparaissant à l’écran entourée d’enfants. « Quelle journée et quelle soirée extraordinaires ! », a lancé Hillary Clinton.
« Je n’arrive pas à croire que nous venons d’asséner un coup sans précédent au plafond de verre », a-t-elle ajouté, utilisant une image récurrente aux Etats-Unis, qui désigne les barrières invisibles entravant la carrière des femmes. Et de lancer ce message à l’adresse des plus jeunes : « Si des petites filles ont veillé ce soir pour regarder, je voudrais leur dire que je deviendrai peut-être la première femme présidente, mais que l’une d’entre vous sera la prochaine ! » Comme un symbole, la victoire finale de l’ex-secrétaire d’Etat avait été au préalable entérinée par Nancy Pelosi, véritable figure du Parti démocrate, qui fut entre 2008 et 2011 présidente de la Chambre des représentants.
Mme Clinton doit maintenant rejoindre Philadelphie pour s’exprimer devant les délégués et accepter formellement sa nomination, jeudi soir en clôture de la convention. Le plus dur commencera ensuite pour elle et son colistier Tim Kaine, avec la campagne contre le candidat des républicains, Donald Trump. Le magnat de l’immobilier compte une légère avance dans les derniers sondages publiés. Une rude bataille s’annonce entre ces deux figures, avant la tenue du scrutin le 8 novembre. En attendant, ce mercredi 27 juillet, tout le monde attend la prestation de Barack Obama à Philadelphie. Pour le président, ce discours devant les militants du Parti démocrate sonnera comme une sorte de premier adieu.