La 70e Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte à New York le lundi 28 septembre 2015. Parmi les chefs d’Etat à se succéder à la tribune, les présidents Barack Obama, Vladimir Poutine, Hassan Rohani et François Hollande. La Syrie et la lutte contre le groupe Etat islamique étaient au coeur de leurs interventions. Obama se dit prêt à travailler avec les Iraniens et les Russes, lesquels plaident pour former une vaste coalition anti-terroriste. Mais entre les deux puissances, l’obstacle majeur reste le même : le départ ou le maintien de Bachar el-Assad.
Sourires figés, poignée de main crispée. C’était le tête à tête le plus attendu de la semaine. Vladimir Poutine et Barack Obama se sont retrouvés, en marge de l’assemblée générale de l’ONU, pour la première fois depuis deux ans, pour évoquer une issue de la crise en Syrie. L’entretien a duré une heure et demie et s’il a été décrit comme « ouvert et constructif » par le président russe, il n’a pas permis d’avancer : le désaccord persiste entre Barack Obama et Vladimir Poutine sur le maintien au pouvoir du président syrien.
A la tribune, quelques heures plus tôt, le président américain avait d’ailleurs bien pris soin de poser ses conditions à une solution négociée pour la Syrie : pas question d’envisager le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad, rapporte notre envoyée spéciale, Anne Corpet. Washington est « prêt à travailler avec la Russie et l’Iran » mais pas question de soutien au « tyran » Bachar el-Assad, que Moscou et Téhéran veulent maintenir au pouvoir. « Les Etats-Unis sont prêts à travailler avec tous les pays, y compris la Russie et l’Iran, pour résoudre le conflit » en Syrie, a lancé Barack Obama à la tribune des Nations unies. « Mais nous devons reconnaître qu’après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d’avant la guerre », a-t-il ajouté.
Le président russe Vladimir Poutine a ensuite pris la parole devant l’assemblée pour sa première intervention à l’ONU en dix ans. Abordant sans surprise à son tour le complexe dossier syrien, il a plaidé pour la formation d’une « large coalitionanti-terroriste », « semblable à celle contre Hitler » lors de la Seconde Guerre mondiale. Les pays arabes devraient « jouer un rôle clé » dans cette alliance, a ajouté le chef du Kremlin.
La Russie, qui reprend l’initiative sur ce dossier depuis plusieurs semaines, propose l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution pour combattre le groupe jihadiste. Vladimir Poutine aurait déjà proposé cette résolution.
Mais concernant l’avenir de Bachar el-Assad, Vladimir Poutine ne bouge pas d’un iota : « Nous pensons que c’est une énorme erreur de refuser de coopérer avec le gouvernement syrien et ses forces armées, qui tiennent courageusement tête au terrorisme », a-t-il affirmé.
La position française reste inchangée
Alors que ce sont la COP 21 et les questions climatiques qui devaient être le fil directeur de l’intervention de François Hollande, la Syrie s’est imposée dans une mise en scène savamment orchestrée avec, dimanche matin, les premières frappes françaises en Syrie, contre un camp d’entraînement de jihadistes et ensuite les nombreux tête-à-tête du président français avec les dirigeants des pays impliqués dans la crise : Iran, Turquie, Liban et l’opposition syrienne. En effet, au moment où Vladimir Poutine s’exprimait devant l’Assemblée générale, François Hollande recevait la Coalition nationale syrienne, rapporte notre envoyé spécial, Florent Guignard. Tout un symbole.
A la tribune de l’ONU, François Hollande a répondu point par point aux arguments développés par la Russie, mais sans jamais nommer Vladimir Poutine. Il a d’abord rappelé que Bachar el-Assad n’est pas la solution, mais le problème. Pendant que Vladimir Poutine explique que le président syrien est un allié contre l’organisation Etat islamique, François Hollande au contraire, s’emploie à dénoncer « l’alliance du terrorisme et de la dictature ».
Le président français a répété son souhait de voir partir Bachar el-Assad dans le cadre d’un gouvernement de transition : « On ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau. » « Nous devons tout faire pour qu’une transition politique puisse être trouvée en Syrie. Elle passe nécessairement par le départ de Bachar el-Assad. Rien n’a changé, et aucune initiative, d’où qu’elle vienne, ne pourra nous faire croire qu’il faudrait revenir au régime antérieur, celui qui a justement provoqué les drames que l’on sait, pour trouver un avenir à la Syrie. »
Dernier coup de griffe à la Russie, toujours en creux, le président français s’est engagé à ce que la France n’utilise jamais son droit de veto lorsque sont commises des atrocités de masse.
Source:rfi.fr