CHRONIQUE DU DEMI-FOU
Camarades, la patrie ou la mort, nous vaincrons. Merci camarades. Plus rien ne sera comme avant. Et pourtant, beaucoup de partis politiques burkinabè continuent de se comporter comme avant et n’aiment pas vraiment les règles de la transparence démocratique.
Tenez, la Commission nationale électorale indépendante(CENI) qui a fixé au 1er Août 2015, la date limite de dépôts des candidatures aux législatives du 11 octobre 2015, ne voit pas se bousculer à son portillon les partis politiques pour le dépôt de leurs listes de candidatures.( Les candidatures pour le scrutin législatif du 11 Octobre 2015, sont recevables du 24 juillet au 1er Août 2015).Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une stratégie de boycott massif ou mobilisateur du scrutin législatif mais plutôt d’une tactique machiavélique de piéger certains candidats malheureux qui, s’ils savent à l’avance qu’ils ne sont pas retenus sur la liste de leur parti, pourraient démissionner pour se présenter sur des listes d’autres partis concurrents ou de postuler en tant que candidats indépendants. C’est pourquoi beaucoup de partis ont opté de tenir secrètes leurs listes de candidatures et de les déposer à la CENI le dernier jour, parfois même à quelques minutes de la clôture des dépôts avant minuit. Cette tactique est politiquement nocive à des postulants compétents et populaires mais qui ne seraient pas en odeur de sainteté avec l’état major de leur parti qui voudrait les sanctionner et leur fermer les portes des candidatures par tous les moyens et partout. Il s’agit là d’un couteau à double tranchant car, vouloir étouffer politiquement quelqu’un qui dispose d’une base électorale peut se payer amèrement en termes de contre-campagne électorale par la victime de ce coup-bas.
Des candidatures seront-elles rejetées selon le code électoral controversé ?
Par ailleurs, c’est toujours le flou artistique en ce qui concerne les paramètres du code électoral du 7 avril 2015 qui fait un empêchement massif aux candidats qui avaient été dans le dernier gouvernement déchu du président Compaoré ainsi que les anciens députés et autres personnalités de l’ex-régime de participer aux prochaines élections(présidentielles et législatives couplées du 11 octobre 2015 et municipales du 31 janvier 2016).Le motif de cet embargo politique qui ressemble à une arme de destruction politique massive ,est le soutien incriminé de la modification de l’article 37 de la Constitution dans l’optique de permettre à l’ex président Blaise Compaoré de rester au pouvoir à souhait. Bien que la Cour de justice de la Communauté des états de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) ait fait injonction à l’Etat burkinabè de corriger cette discrimination sélective et massive qui rame à contre courant des principes démocratiques, la CENI annonce qu’elle examinera les dossiers de candidatures aux législatives selon les dispositions de ce code électoral contesté. Le gouvernement de la transition qui avait déclaré qu’il prenait acte du verdict sans appel de la Cour de justice de la CEDEAO, reste muet et n’a indiqué aucune position claire pour le moment à ce sujet. Pourtant, certains partis politiques accusés à tort ou à raison d’être les meneurs sous-marins de la transition avaient commencé à fléchir leur position rigide en disant qu’il serait mieux de laisser tous participer aux élections afin que ceux qui se croient forts et populaires soient démocratiquement battus pour qu’ils sachent qu’ils ne pèsent pas lourds. Ensuite, la mise en accusation massive devant la Haute Cour de justice des membres du dernier gouvernement du régime Compaoré est apparue pour une grande partie de l’opinion publique, comme une seconde alternative de la procédure de blocage des dignitaires récents du régime déchu, à défaut du barrage par le code électoral devenu très rapidement et tristement célèbre. Peu avant le verdict de la CEDEAO, l’ambassadeur des USA au Burkina avait exprimé sa position sur le principe idéal de la participation de tous aux élections afin que le peuple souverain soit le seul à sanctionner les uns et les autres dans les urnes.
La balle est encore dans le camp de ‘’Mba Michel’ ’le président du Faso qui saura peut-être éclairer le peuple burkinabè sur l’entendement qu’il faut avoir quand le gouvernement de la transition a dit qu’il prend acte de la décision de la Cour de justice de la CEDEAO. Sans doute qu’il travaille encore sagement sur la question comme il l’a fait pour la crise qui opposait le Régiment de la sécurité présidentielle(RSP) au Premier ministre ZIDA.En ma qualité de demi-fou qui a tout perdu sauf la raison, je pense qu’il faut mettre balle à terre sur la polémique d’avec le RSP. C’est parce que le RSP a été crée par Blaise Compaoré et qu’il lui est resté fidèle plus de deux décennies que les futurs présidents s’en méfient en pensant que si le RSP ne quitte pas le palais présidentiel, il pourrait un jour les prendre en otage en conseil des ministres pour ramener Blaise Compaoré par hélicoptère et le réinstaller sur le fauteuil présidentiel. Sinon, je reste convaincu que si les futurs chefs d’Etat du Burkina étaient rassurés que le RSP reste une armée républicaine pour protéger la présidence contre la folie de certains éléments de la grande muette qui peuvent prendre un camp militaire de Kati comme leur base pour des putschs, ils diront de garder intact le RSP pour leur permettre de bien finir leur mandat présidentiel de 5 ans renouvelables une seule fois même s’ils n’arrivaient pas à terminer certains chantiers qu’ils auraient promis aux populations dans leurs projets de société.
Possibilité de transformer le RSP en r.s.p !
A défaut donc de garder en l’état le RSP, je pense qu’on peut le transformer en un autre RSP plus proche de la sécurité publique. Ainsi, en lieu et place du Régiment de sécurité présidentielle(RSP), on pourrait le transformer en Régiment de sécurité publique (r.s.p).Ce r.s.p nouveau aura pour missions de sécuriser les frontières du Burkina, de lutter contre le terrorisme, les braquages sur les axes routiers, la cybercriminalité etc…La Compagnie républicaine de sécurité(CRS), elle reste dans les centres urbains pour sécuriser les troubles à l’ordre public avec ses grenades lacrymogènes, ces fameux parfums qui font larmoyer .
Il est souhaitable de savoir raison garder car, c’est un leurre pour les uns de croire qu’ils peuvent se mettre à l’abri d’ennuis politico-judiciaires éternellement en embastillant leurs adversaires. Ce système est un couteau à double tranchant qui finit tôt ou tard à décapiter les acteurs de la décapitation politique. Si l’on devrait mener une vaste opération de justice au Burkina, seuls des élèves du primaire pourraient être innocentés si certains d’entre eux ne sont déjà pas souillés par les péchés originels de leurs parents. Alors, faisons une justice basée sur la vérité pour que les mauvaises pratiques soient résolument corrigées et restons fidèles à notre tradition africaine de solidarité, de tolérance et de réconciliation. Le pardon viendra naturellement après la vérité et la réparation des torts. Car, le pardon a une portée divine et est accordé par ceux qui croient en Dieu.
Par DEMI-FOU
Agence de Presse Labor 31 Juillet 2015